Nous nous sommes rencontrés en 2010 durant nos études. Quelques mois plus tard, au cours d'une discussion anodine (et après quelques bières), nous avons décidé de partir marcher une fois notre diplôme en poche.
Il est maintenant grand temps pour vous d'en apprendre un peu plus sur nous, afin de comprendre pourquoi ce voyage pouvait paraître surprenant.
Alors qu'elle n'était qu'une enfant naïve et un peu renfrognée, Joëlle décida pour des raisons incompréhensibles qu'elle ferait un jour le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Les années passèrent, mais cette idée resta bien présente dans son esprit, quand bien même elle n'avait jamais fait la moindre randonnée et ne ressentait aucun besoin de se retrouver au grand air.
Pascal fut quant à lui élevé au grand air dans les pittoresques Alpes vaudoises. Membre du Club Alpin, skieur redoutable, bercé par les promenades du dimanche, les sorties en raquettes et les pique-nique dans les alpages, il savait enfiler un baudrier, l'utilité d'un sac à viande et possédait tout l'attirail du petit randonneur intrépide.
Deux ans plus tard, en mai 2013, nous étions en couple et nous partions sacs au dos vers l'Espagne.
Les seules remarques que nous obtenions de notre entourage étaient "Joëlle, tu vas aller marcher trois mois ?!" et "Mais ça va pas être compliqué d'être ensemble tout le temps ? Vous allez vous séparer non ? Enfin, c'est un bon test pour votre couple..."
Pour notre part, ces interrogations ne nous ont jamais traversé l'esprit et nous étions convaincus d'atteindre notre destination. Et ensemble, oui. Nous avions par contre plus de doutes sur l'itinéraire à suivre, les endroits où loger et notre matériel, puisque nous ne nous étions pas vraiment préparés ni renseignés.
Nous sommes partis de Selkingen, dans la Vallée de Conches, pas loin de la source du Rhône, là où se trouve le chalet de la famille de Pascal. Nous avons traversé le Valais, longé le sud du Lac Léman jusqu'à Genève, rejoint Le Puy-en-Velay, Saint-Jean-Pied-de-Port, Compostelle et avons finalement atteint le Finistère en août. Une expérience fabuleuse, enrichie par les nombreuses amitiés tissées sur le chemin, marquée par un mois de pluie presque ininterrompue qui nous a amenés à patauger gaiement dans la boue. Une aventure qui nous a permis de traverser des paysages magnifiques mais aussi de marcher pendant des jours dans ces saletés de champs de blé.
Et ce sentiment juste incroyable quand, posés au bord de l'Océan Atlantique, nous nous disions : "Tu te rends compte, on est venus à pied depuis le chalet !" Ouais, nous étions venus à pied. Depuis la Suisse. Eh bé...
C'est ainsi qu'après trois mois de marche et plus de 2200 kilomètres, nous étions très heureux et un peu fiers, mais aussi en piteux état et incapables de faire un pas de plus. Nous n'avions alors qu'une envie : ne jamais recommencer ! En tout cas, pas tout de suite, pas aussi long, pas aussi loin, pas à pied, plus jamais quoi... Les gens qui nous traitaient de fous avant notre départ trouvaient alors que nous avions retrouvé la raison et que nous étions à nouveau des êtres tout à fait respectables, et ils étaient très impressionnés que nous soyons toujours en couple.
Nous sommes donc repartis pour trois mois de marche.
La raison a visiblement ses limites et l'envie d'arpenter le monde nous a vite repris une fois les bobos réparés et les kilos repris... Ce petit pincement au cœur à chaque fois que nous voyions une cloque a finalement eu gain de cause ; il était temps pour nous de ressortir nos chaussures et sacs-à-dos !
En 2019, nous avons décidé d'aller à Rome en suivant la Via Francigena. Au départ, nous avions prévu de débuter l'aventure à Londres, mais avons changé d'idée après avoir lu sur plusieurs sites (peut-être un seul en fait, nous n'étions toujours pas très adeptes de la grande préparation) que la partie française n'est que très peu aménagée. Nous avons alors pris une carte de l'Europe, avons fait une sorte de compas avec nos petits doigts boudinés et en avons conclu que Nuremberg était un lieu de départ idéal et merveilleux. Voilà donc pour la symbolique du départ : ça semblait assez bien placé. C'est tout.
Entre-temps, nous avions décidé sur un coup de tête de prendre un chien, la belle et insouciante Logan. Nous étions ainsi trois au départ de cette nouvelle aventure. Nous craignions que notre petit compagnon ne nous complique sensiblement ce voyage, car la liste des hébergements se réduirait drastiquement et il faudrait acheter et porter ses croquettes. En réalité, cela s'est révélé bien plus aisé que prévu, malgré quelques blessures qui ont parfois modifié nos plans et certains grands tronçons où nous l'avions confiée à nos familles. Maman, Papa, merci encore ! ♥
Départ donc de Nuremberg en Allemagne début août 2019, arrivée à Rome 80 jours et 1700 km plus tard. En pleine forme cette fois-ci et requinqués comme jamais. Les soucis de santé nous ayant en effet complètement épargnés et avec l'expérience acquise trois ans plus tôt, nous avions en effet su profiter de chaque étape et n'avions alors qu'une envie : repartir au plus tôt !
Malgré les nombreux chemins qui nous tendent les bras partout en Europe, nous n'avons pas encore réussi à organiser un autre long voyage. Nous avons alors décidé de consacrer nos vacances à parcourir quelques sentiers, même si ce ne serait que pour quelques jours et non des mois.
En 2019, nous avons effectué deux tronçons du GR42 qui relie Saint-Étienne au Grau-du-Roi, avec en point d'orgue la traversée du village de "Les Crottes". Nous avons toutefois réalisé qu'il s'avérait extrêmement compliqué de voyager avec un chien en France, puisque la plupart des compagnies de bus et de nombreux hébergements ne les acceptent pas.
Durant le Covid, nous avons arpenté la Suisse et ses belles montagnes. Nous gardons comme objectif de parcourir tous les chemins nationaux et continuons d'effectuer quelques étapes quand le temps nous le permet.
En 2022, nous avons découvert l'Autriche et une toute petite mais sublime partie de la Slovénie avant de rejoindre l'Italie. Ces dernières étapes nous ont rappelé à quel point il était aisé de marcher avec un chien en Italie et c'est pourquoi nous avons choisi de retourner dans ce pays lors de nos vacances suivantes.
Nous sommes peu adeptes des nouvelles technologies et apprécions le fait de voyager déconnectés. Pas de GPS, de smartphone ou de chargeur solaire... Un soupçon d'aventure et la joie d'être perdus, même si les deux demeurent heureusement très rares.
Lors de notre premier voyage, nous tenions un journal de bord que nous envoyions au fur et à mesure par poste à nos proches. Toutefois, cela s'est révélé assez fastidieux et nous prenait énormément de temps chaque jour (pas question d'omettre la moindre péripétie !). Nous avons alors choisi de nous équiper d'une tablette et d'un minuscule clavier pour les voyages suivants, afin de pouvoir taper les articles plus rapidement et les publier sur ce site dès qu'une connexion Wi-Fi s'offrait à nous. Cela nous permettait également de partager quelques photos de nos rencontres et des paysages traversés. Cependant, il nous tient toujours à cœur de rester aussi déconnectés que possible et nous n'utilisons la tablette que pour le blog et comme liseuse électronique, sauf à quelques exceptions où nous avons dû nous renseigner sur les étapes futures (hébergements, distances...).