Etape éclair

Nous avons décidé de laisser Logan au repos aujourd’hui pour voir comment évoluait sa blessure. Nous l’avons rapidement sortie ce matin et elle boitait bien moins qu’hier, ce qui s’avère plutôt encourageant. Nous avons ensuite avalé un rapide déjeuner avant de prendre la route. La donne était simple : nous avions un train à 13h09 à Spello ou 13h03 à Foligno pour revenir à Assise. Le suivant était environ deux heures plus tard, joie des transports publics italiens, ce qui aurait signifié une attente trop longue pour Logan. C’est donc d’un pas leste et délestés de nos sacs que nous avons quitté la ville à 8h15.

Nous avions choisi d’emprunter la voie à mi-hauteur par les champs d’oliviers, plus directe que celle qui conduisait à un Eremo 500 mètres plus haut. Toutefois, très rapidement nous avons remarqué qu’il n’y avait plus de balises et que cela faisait un bon moment que nous étions sur la route alors que nous aurions dû y rester quelques centaines de mètres uniquement. Trop absorbés par nos palpitantes conversations qui traîtaient sans doute de Plutarque ou de l’haltérophilie en terres berbères, nous n’avions absolument pas prêté attention aux panneaux et voilà que nous nous retrouvions presque en plaine sur une route de plus en plus fréquentée. Quand nous avons réalisé notre erreur, nous nous trouvions en dehors de la carte de notre guide. Nous avons essayé de déduire notre emplacement et avons pu rejoindre le tracé en remontant une petite route parmi les oliviers sur 500 mètres environ.

Nous avons ensuite suivi des routes identiques entre bosquets, oliveraies et champs jusqu’à Spello. De nombreux points de vue nous permettaient de découvrir la vaste étendue plane en contrebas, parsemée d’usines, d’églises et de champs. Les paysages nous paraissent moins pittoresques depuis deux jours, avec moins de relief et de diversité. Cela inspire une sensation de chaleur plombante, étouffante, et les larges industries contrastent tristement avec des constructions pluricentenaires.

Spello

Spello est une petite ville médiévale perchée au sommet d’une colline. Elle compte plus d’une vingtaine d’églises, au cas où les habitants voudraient aller à la messe chaque jour dans un lieu différent à moins de 100 pas de la maison. Ses ruelles étroites sont joliment fleuries et bordées de boutiques d’artisanat et de souvenirs. Nous avions progressé suffisamment vite pour prendre le temps de boire un cappuccino hors de prix sur une belle terrasse arborée et visiter quelques églises.

Foligno

A 11 heures, nous sommes repartis en direction de Foligno. Ce dernier tronçon s’est révélé plutôt monotone et ennuyeux, avec une première partie dans une zone résidentielle tranquille puis l’entrée dans Foligno le long d’une route passante. Cette ville a été largement détruite par les Alliés lors de la Deuxième Guerre mondiale et reconstruite dans les années suivantes avec l’objectif de restituer son aspect médiéval. Je dois avouer que cela ne saute pas aux yeux de prime abord. Le centre est certes agréable, mais il ne possède absolument pas le cachet des dernières villes que nous avons traversées. La ville semble plus sale, plus pauvre, peut-être simplement moins touristique et plus authentique, mais elle ne vaut à nos yeux pas le détour. Nous étions arrivés peu après midi, soit quatre heures après notre départ d’Assise. Pour une vingtaine de kilomètres et une pause café, c’était honorable. Cela nous laissait même le temps de boire un verre dans un bar miteux en attendant le train.

Nous sommes rentrés à Assise et avons profité de l’après-midi pour visiter à nouveau la cathédrale, munis cette fois-ci de plus d’informations afin de mieux en apprécier les trésors. Nous avons croisé Katia et Girolamo en ville, affalés contre une fontaine en train de refaire le monde en riant. Nous avons discuté un moment avant de retourner à l’hôtel.

Fin de l’aventure

Ce soir, Logan boite toujours un peu. Nous estimons qu’elle ira certainement mieux demain mais en analysant les étapes à venir nous avons remarqué qu’il n’y aurait presque plus que des petites routes blanches et très peu d’ombre. Les prévisions météo annoncent de plus des températures supérieures à 30 degrés toute la semaine. Nous avons jugé qu’il était préférable de rentrer plutôt que traîner Logan sur des chemins dont les graviers risquent de lui faire mal et sous une chaleur accablante.

Cela nous frustre de terminer ainsi ce voyage alors qu’il nous restait encore une pleine semaine de marche. Toutefois, nous avons l’impression que les plus belles étapes sont derrière nous et qu’en ayant atteint La Verna et Assise nous avons accompli deux tronçons complets. La prochaine ville d’importance aurait été Rome mais nous n’avons jamais envisagé de marcher aussi loin. Nous nous serions ainsi arrêtés dans un village ou une ville quelconque et nous n’avons ainsi pas la sensation de rater un objectif en terminant ici notre voyage. De plus, nous sommes contents d’avoir marché cette étape supplémentaire pour ne pas l’avoir conclu à Assise, ville à connotation bien trop religieuse à notre avis. Même si cette fin dans un bar miteux de Foligno n’est pas des plus remarquables, il faut bien l’admettre…