Umbria, nous revoilà !

Un an après, nous revoilà sur les pas de ce brave François. En cherchant des idées d’itinéraires, nous avons été attirés par le Cammino di San Benedetto qui débute à Norcia, non loin de là où nous nous étions arrêtés l’année dernière. Nous avons toutefois réalisé qu’il croisait la Via di Francesco à Poggio Bustone et nous avons alors décidé de poursuivre cette voie jusque là et de continuer ensuite sur le chemin de Benoît, sans doute très brave lui aussi.

Pascal estimait que “faire un long trait” sur la carte de l’Italie était fort réjouissant et je n’allais pas lui donner tort. C’est pourquoi nous sommes retournés à Foligno, ville que nous qualifiions dans le dernier article de l’année passée de “sale, pauvre et qui ne vaut à nos yeux pas le détour”. Tout à fait réjouissant, en effet. 

Nous sommes donc arrivés hier en train et avons pu assister au départ des meilleurs cyclistes du Giro qui s’élançaient pour un contre-la-montre jusqu’à Perugia. Notre position stratégique nous a même permis de passer à la télé avec le maillot rose et quelques autres coureurs, même si la production n’a pas fait de grands efforts pour nous mettre en valeur. Nous avons ensuite déambulé dans la ville, qui nous a paru bien plus attrayante que dans nos souvenirs.

C’est reparti !

Ce matin, nous avons quitté Foligno par une longue route plutôt passante jusqu’à Sant’Eraclio. Le minuscule bourg médiéval avec sa muraille et son donjon est plutôt ravissant, mais il faut moins de 30 secondes pour en faire le tour, peut-être 40 si on s’égare (ce qui relèverait de l’exploit). Depuis là, la route quittait la plaine pour gagner un peu de hauteur à travers des oliveraies tapissées de coquelicots flamboyants. Quelques bosquets offraient de temps à autre un peu de fraîcheur, puis nous retournions parmi les oliviers.

De façon tout à fait inattendue, alors que nous commencions à ressentir le besoin d’une pause, nous avons aperçu un bar dans un hameau (le terme est exagéré). Depuis la route, il nous semblait fermé mais nous nous sommes approchés néanmoins. Sur la terrasse, les chaises étaient empilées et face à la porte, le bar nous paraissait toujours fermé puisque toutes les lumières étaient éteintes mais nous avons malgré tout poussé la porte. Celle-ci n’était pas verrouillée. Depuis l’intérieur du bar, il nous semblait encore fermé même s’il y avait une serveuse derrière le comptoir, tapie dans l’obscurité. Nous lui avons demandé si nous pouvions boire un café et elle nous a toisés curieusement avant de nous répondre sèchement par l’affirmative. Nous avons regardé encore un bref instant l’intérieur aussi obscur qu’inhospitalier et avons ajouté que par ce beau temps, nous allions rester dehors pour savourer nos amers cappuccini au goût de brûlé.

Trevi

Nous avons continué à marcher sur des collines tapissées d’oliviers jusqu’à Trevi, petit joyau médiéval perché au sommet d’une colline. Ses ruelles pavées, ses murailles et ses façades en pierres teintées de rose sont parfaitement conservées. Après avoir arpenté le centre, nous avons fait quelques courses et mangé une crescia farcita dans un petit établissement charmant. De nombreux marcheurs sont passés devant notre table, des couples pour la plupart et aucun à l’air allemand. Nous n’avons pas échangé avec eux plus qu’un salut mais nous les recroiserons certainement ces prochains jours.

En début d’après-midi, nous avons repris la route. Une dizaine de kilomètres nous séparaient de notre destination. Nous les avons parcourus avec plaisir, toujours sur des sentiers ou de petites routes sans trafic à flanc de côteau. Les collines étaient alors plus hautes, presque des montagnes, et plus sauvages, avec des forêts qui recouvraient intégralement leurs petits sommets arrondis. Nous avons croisé une vipère peu téméraire et cueilli des mikados oubliés par un porc-épique.

Sur un des sommets la forêt abritait un monastère encore habité par des sœurs. Un mur long de plusieurs kilomètres en protège l’entrée et marque le périmètre du territoire monacal, formant une couronne dont nous n’avons pas saisi l’utilité, puisque seule la forêt l’entoure. Il y a donc une immense muraille qui sépare les arbres saints des arbres sauvages.

Nous avons longé cette enceinte jusqu’à apercevoir notre destination au loin mais à la même altitude. Sottement, nous avons pensé qu’il y aurait sans doute un chemin plus ou moins plat entre ces deux lieux mais nous avons rapidement déchanté en entamant une longue descente dans un pierrier avant de remonter par une piste que Pascal a qualifiée de “marrante” et que je ne saurais mieux définir. Il s’agissait d’un sentier sinueux qui tournait dans tous les sens, montait, redescendait, tournait encore et nous a donné l’impression de rejoindre en un kilomètre un point situé à 100 mètres à vol d’oiseau. Je ne suis d’ailleurs pas sûre qu’il s’agisse uniquement d’une impression.

Campello Alto

La fin de l’étape s’est révélée plutôt tranquille, sur une large route de terre. Nous avons atteint Campello Alto en milieu d’après-midi. Il s’agit d’un tout petit bourg fortifié très mignon, situé bien sûr au sommet d’une collinette. Nous dormons dans l’ancien couvent au pied du bourg. Il date du 12e siècle et a été converti en hôtel tout en conservant l’esprit originel du bâtiment : les cellules des sœurs sont devenues les chambres, très sobres mais confortables. Nous profitons actuellement de la superbe terrasse pour nous reposer au soleil, boire un cocktail et admirer la vue sur toute la vallée en contrebas.