Nous sommes arrivés hier en fin d’après-midi à Aix-la-Chapelle. Malgré la pluie, nous avons fait un petit tour au centre-ville et visité la célèbre cathédrale où repose Charlemagne.
Ce matin, Logan était visiblement perturbée car elle a refusé de manger, mais nous sommes néanmoins partis de bonne heure. Nous avons choisi de marcher depuis notre hôtel vers la gare d’Aix-la-Chapelle plutôt que de rejoindre en bus Kornelimünster où commence officiellement l’Eifelsteig. Nous n’avons pas compris pourquoi le chemin débute là-bas plutôt qu’à Aix-la-Chapelle, qui est symboliquement bien plus importante et dont la traversée s’est révélée tout à fait plaisante.
Après avoir bu un café à la gare, nous avons rapidement atteint le bas de la ville et ses sources thermales, avant de nous retrouver en quelques minutes sur un sentier en campagne. Pas de zone industrielle ou de banlieue sans fin qui auraient justifié qu’on les ignore…
Nous avons marché dans une très jolie forêt en bordure du cimetière bucolique d’Aix-la-Chapelle, avant de plonger plus profondément dans les bois où se croisaient des dizaines d’itinéraires appréciés des joggeurs, des cyclistes ou des promeneurs. Au sortir du couvert des arbres, nous avons assisté à un majestueux lâcher de chevaux. C’est un peu comme un lâcher de colombes, sauf que l’éleveur lâche des chevaux. Certes, ils restent un peu plus près du sol, mais leur enthousiasme à retrouver leur pré était communicatif, surtout pour Logan.
Il a commencé à pleuvoir un léger crachin, ce genre de bruine agaçante qui ne mouille pas mais salit les lunettes. A Kornelimünster, nous avons bu un café au sec dans un petit établissement sympathique. La serveuse a donné à Logan une belle tranche de jambon qu’elle n’a pas rechigné à manger, contrairement à ses croquettes ce matin.
Kornelimünster est une petite bourgade aussi choue que son nom. La petite place centrale devant l’église est bordée de belles bâtisses en colombages. Pour les photos, c’est juste dommage qu’elle serve également de parking. Il n’y a cependant pas grand-chose à y faire et nous ne nous sommes pas attardés, comprenant encore moins les raisons qui ont motivé les concepteurs de l’Eifelsteig à le faire débuter ici.
La météo est restée changeante jusqu’à midi, entre pluie fine, brumisateur et temps sec. Nous avons dû suivre une déviation à un moment car le chemin était annoncé impraticable, mais parvenus à l’orée d’une forêt il n’y avait plus de balisage. A chaque embranchement, nous avons dès lors décidé de partir à gauche, cela correspondant mieux à la direction souhaitée. Au moment de ressortir des bois, nous avons retrouvé les balises de l’Eifelsteig et avons compris que nous venions de rater les fours à chaux. Puisqu’il s’agissait plus ou moins du seul site historique d’intérêt de la journée, nous étions un peu déçus. Pas suffisamment cependant pour rebrousser chemin et partir à leur recherche, surtout s’ils n’étaient pas indiqués.
Nous commencions à ressentir l’envie de faire une pause pour dîner et notre guide mentionnait une place de pique-nique quelques centaines de mètres plus loin. Il y avait effectivement un joli couvert avec un banc, mais celui-ci était déjà occupé par une dizaine de marcheurs. Plus la moindre petite place pour nos humbles séants. A contrecœur, nous avons poursuivi notre route. Un autre abri similaire figurait sur la carte un kilomètre plus loin et nous avons décidé de poursuivre jusque là. Si celui-ci s’avérait également complet, nous mangerions assis sur nos sacs par terre.
Fort heureusement, ledit abri était désert et nous avons profité de son couvert pour faire une longue pause et terminer les restes du repas thaï emporté hier soir au restaurant. Trois marcheuses se sont jointes à nous quelques minutes et nous ont abreuvés de croustillantes anecdotes sur les poules et les chevaux qu’ils mangeaient à la ferme dans leur tendre mais lointaine enfance.
Le soleil s’est levé peu avant que nous décidions de repartir. Nous devions alors atteindre le point culminant du jour, un sommet peu impressionnant situé à environ 450 mètres d’altitude dans des tourbières. Nous avons longé la crête sur des sentiers aménagés avec de petits tasseaux de bois, comme un long pont au-dessus du marécage pas très marécageux.
Nous sommes ensuite descendus jusqu’à un barrage, puis il a plu des trombes d’eau pour nous rappeler que nous n’étions pas partis en vacances dans le Midi. Nous avons progressé d’un bon pas, résignés face aux éléments, et la pluie a cessé aussi rapidement qu’elle était arrivée comme pour nous montrer qu’elle plaisantait, la comique.
Juste avant Roetgen, nous avons marché quelques kilomètres sur une petite voie verte aménagée sur une ancienne voie ferrée. Celle-ci avait été donnée à la Belgique après la Première Guerre mondiale lors du Traité de Versailles. Le chemin de fer sinuant à travers cette région d’Allemagne représente ainsi un petit bout de Belgique de cinq mètres de large. Ayant été désaffecté il y a quelques décennies, il est aujourd’hui transformé en piste cyclable mais appartient toujours à la Belgique.
A Roetgen, nous avons couru avec une allure d’idiots en raison de nos K-ways et nos sacs pour forcer le chauffeur de bus à nous attendre. Il l’a fait à contrecœur et principalement car il était arrêté à un feu rouge pendant que je tambourinais à la porte, mais il nous a tout de même déposés à Monschau où nous dormirons deux nuits, faute d’avoir trouvé un hébergement à Roetgen.
La ville de Monschau est semblable à un décor de film. Tout y est ravissant, parfait et soigné, mais nous avons l’impression de nous promener dans un village de Playmobil. C’est tellement propret et touristique que ça manque d’authenticité à notre goût. Les prix des restaurants et cafés sont d’ailleurs exorbitants et les boutiques d’artisanat et de souvenirs semblent tous être des pièges à touristes.
Désireux malgré tout de découvrir les spécialités locales, nous nous sommes laissés tenter par la soupe à la moutarde de Monschau. Il serait injuste de dire que c’était mauvais et nous n’avons pas été réellement surpris par le résultat, car c’était effectivement de la soupe à la moutarde. Nous comprenons néanmoins que cette recette n’ait pas traversé les frontières et il ne nous semble pas nécessaire de manger à nouveau cette spécialité dans notre vie.
Pour conclure, cette première journée sur l’Eifelsteig s’est révélée plaisante, même si une météo plus sèche ne nous aurait pas déplu. Le balisage est précis et bien placé et nous n’avons marché que sur des chemins de randonnée ou de toutes petites routes sans trafic. La région semble belle, les villages traversés sont mignons et la nature tient le rôle principal. Et puis il y a des curiosités culinaires dignes de ce qu’on peut attendre des Allemands !