Virée en Belgique

Nous avons repris le bus ce matin pour Roetgen et avons réalisé grâce à la dame qui annonce les arrêts que ça se prononce “Roetschen” et que les gens autour de nous ne parlaient en fait pas sans cesse de petits pains (Brötchen).

Face à l’arrêt de bus se trouve un magasin d’animaux et nous y avons fait un tour pour acheter de quoi prendre soin des pattes de Logan ainsi que quelques os qui lui feront plaisir en fin d’étapes. J’en ai profité pour demander à la vendeuse où nous nous trouvions sur le plan de la ville, car nous avions quitté le chemin hier pour aller prendre le bus et n’avions pas songé à regarder l’itinéraire depuis. Pascal s’est moqué de moi quand j’ai dit “Ich habe eine Lage Frage” mais je trouvais que ça sonnait très juste et très bien.

Nous avons à nouveau traversé la piste cyclable belge, avant de quitter la petite ville par une longue rue bordée de villas. Nous avons alors pénétré dans une forêt et par la même occasion en Belgique, cette fois pour plus de cinq mètres. Pour de curieuses raisons, le balisage du chemin est différent sur les quelques kilomètres belges. Ils ont opté pour un trait jaune sur un trait vert, ce qui constitue une idée lumineuse pour marquer un sentier en forêt.

Les bois étaient beaux et agréables. Nous avons trouvé amusant de passer en quelques secondes d’une forêt de sapins blancs à la verticalité parfaite à une forêt plus dense de chênes, avant de traverser un groupe de bouleaux, de retrouver fougères et sapins puis de découvrir une succession de pins. Les arbres sont regroupés et organisés par espèces, chaque dix minutes la forêt change et l’ambiance varie.

Nous avons fait une pause au lieu-dit Reinartzhof, qui était un hameau d’importance dès le Moyen-Âge car situé au carrefour de deux chemins de pèlerinage. Il existait jusqu’à la fin des années 1950 avant que les habitants ne doivent le quitter. Quelques panneaux illustrés précisent l’emplacement des différentes fermes et demeures et relatent les événements qui ont conduit à la désertion du lieu (avalanche, protection de la source d’eau, etc.). C’est assez bizarre car il ne reste absolument rien de ce patelin. Pas le moindre bout de ruine, chemin pavé ou muret. Juste quelques photos de personnes devant leurs maisons évaporées et un panneau qui annonce cyniquement le nom du lieu.

Nous avons ensuite parcouru quelques kilomètres sur une longue route droite qui montait doucement entre forêts et tourbières jusqu’au point culminant de l’Eifelsteig, à 658 mètres d’altitude. En réalité, nous n’avons remarqué cela que plus tard lorsque nous avons lu le détail de l’étape dans le guide durant la pause de midi. Autant dire que ce n’est pas le sommet le plus marquant que nous ayons atteint dans notre morne existence ! Enfin, j’ignore même si on peut réellement parler de sommet…

Comme hier, nous avons pique-niqué dans un joli abri conçu pour les marcheurs. Il était à nouveau occupé par la dizaine de messieurs hollandais quand nous sommes arrivés et nous avons été soulagés de voir qu’ils étaient sur le départ. Nous leur avons dit bonjour, mais la plupart ne nous ont même pas répondu et personne n’a fait de commentaire comme “Nous vous laissons la place” ou “Nous vous avons chauffé les bancs”. D’autres personnes sont passées tandis que nous mangions, et beaucoup ne nous ont pas salués non plus. C’est assez surprenant.

Juste derrière le petit couvert se trouvait une très grosse pierre sur laquelle Charlemagne aurait dormi. Elle était en tout cas occupée par une dizaine de gamins bruyants qui avaient à coeur de saccager la forêt et nous ne nous y sommes pas attardés, à grand regret car nous avions déjà vu la pierre sur laquelle dormait François d’Assise et nous aurions bien voulu comparer ces deux sommaires mais solides couchettes.

De retour dans la forêt, nous avons gardé l’oeil vigilant pour ne surtout pas manquer la tour d’observation dont le guide vantait l’importance. D’après ses explications, la vue depuis le sommet de ladite tour représentait un point marquant du parcours, à ne rater sous aucun prétexte. Soit. Sauf que nous n’avons jamais vu la tour. Nous avons prêté attention à tous les panneaux et gardé le menton levé pour scruter avec assiduité les arbres alentour, mais rien. Après les fours à chaux d’hier, voilà déjà le deuxième raté du voyage !

Nous avons continué la descente jusqu’à un village avant de grimper au château de Monschau et de redescendre dans les vieilles rues menant à notre hôtel.

Nous avons bu un thé sur une terrasse avec un strudel aux pommes tout en écrivant quelques cartes postales et cet article. Dès 18 heures, nous sommes partis en quête d’un restaurant. Après un seul repas dans un restaurant allemand, nous sommes déjà dépités à l’idée de manger dehors. Nous avons lu les cartes identiques de tous les restaurants ouverts et n’avons pas pu nous résoudre à manger un schnitzel ou une nouvelle soupe à la moutarde. Nous avons donc opté pour le restaurant italien qui proposait des pâtes et des pizzas, pensant qu’il était compliqué de rendre cela mauvais et que nous aurions encore bien l’occasion de subir la cuisine locale. Et bien les restaurants italiens tenus par des Allemands avec des cuisiniers espagnols ne sont pas gages de qualité. Nous sommes même consternés de réaliser que des pâtes aux champignons puissent être aussi mauvaises et avoir un goût de poussière, puisqu’il suffit de trois ingrédients et demi pour réaliser ce plat !