Warriors

Hier soir, nous avons été au lit vers 22 heures. Nous venions de poser nos livres et éteindre nos lampes frontales quand les deux tocsonnes sont revenues. Elles n’ont pas hésité la moindre seconde et ont allumé les lumières ...de notre côté de la grange. Un néon juste en dessus de la tronche, merci. Il y avait trois interrupteurs, donc logiquement elles auraient pu voir qu’il faisait toujours nuit de leur côté et vite changer pour ne pas trop déranger. Mais non. Sans doute se sont-elles dit que de cette manière les moustiques resteraient chez nous… J’ai attendu 30 secondes avant de demander bien fort d’allumer les autres lumières, en prenant une voix à la fois endormie et très agacée. En réalité, cela ne nous a pas du tout gênés car nous ne dormions pas encore, mais j’ai protesté par principe. Un minimum de respect et de savoir-vivre ne font jamais de mal !

Ce matin, les deux tosconnes se sont levées un peu avant nous et ont quitté la grange sans doute pour faire leur toilette en laissant toutes leurs affaires. Y compris un téléphone sur lequel elles avaient mis un réveil qui a sonné pendant plusieurs minutes… C’est hallucinant de ne pas prendre en considération les autres personnes qui dorment encore dans la même pièce !

Nous avons malgré tout et contre toute attente extrêmement bien dormi. La paille était moelleuse et il faisait bon chaud. Je pense que la première fois la paille n’avait pas été changée régulièrement et c’est pourquoi elle était aussi dure par endroits. Cette fois-ci, heureusement, une nuit de rêve !

La gentille fermière nous a amené un très beau déjeuner avec des petits pains maison et du lait frais et nous avons mangé les six sur la table à l’extérieur. Au moment où nous prenions la route, le monsieur un peu concon nous a donné un dernier conseil : “Si jamais vous avez des cloques, les Compeed c’est ce qu’il y a de mieux !” Pascal lui a répondu avec un large sourire que nous avions de bonnes chaussures et ainsi pas de cloques.

Combattants de l’extrême

Nous aurions voulu partir de très bonne heure pour arriver au plus tôt à Stans. Le premier bateau qui mène à Treib ne part cependant qu’à 8h19, donc impossible de prendre la route plus vite. Nous devions rentrer en Valais ce soir car nous assistons à un mariage demain. Pascal est le témoin du marié, donc impossible de faire l’impasse sur cet heureux événement ! Nous avions prévu de rentrer en début de soirée, mais des amis ont perdu un proche et nous voulions à tout prix nous rendre à la veillée, du moment que nous rentrions. Il nous fallait donc hâter le pas pour prendre le train le plus tôt possible.

Sur le bateau, nous avons retrouvé Ramiza, la pèlerine autrichienne rapidement croisée hier, ainsi que Francesco, l’Allemand que nous avions vu peu avant Constance. Nous avons discuté dix minutes, le temps de la traversée, puis nous les avons semés en à peine une centaine de mètres. Le chemin commençait par une montée assez relevée dans des alpages puis dans la forêt, en contrebas de falaises. C’est un peu frustrant de faire presque mille mètres de dénivelé lors d’une étape où les points de départ et d’arrivée se trouvent au bord du même lac… Mais cette rive du lac est très escarpée et aucune promenade n’est possible au bord de l’eau sur les premiers kilomètres.

A mesure que nous prenions de la hauteur, la vue entre les arbres était de plus en plus belle. Nous apercevions Brunnen qui s’éloignait gentiment, dominé par les deux grosses mites, ainsi que toutes les montagnes qui semblaient se jeter dans le lac. Malgré la montée que nous avons attaquée à un rythme très soutenu, nous avons beaucoup apprécié ce passage dans la forêt.

Beckenried

La descente sur Beckenried était tout autant pentue et nous avons dû ralentir un peu le pas. Le sol très humide se révélait glissant et irrégulier et nous aurions pu attendre longtemps les secours si nous nous cassions une jambe là ! Nous sommes passés au dessus d’une belle cascade avant de rejoindre le niveau du lac. Nous avons alors marqué une petite pause avant de reprendre la route d’un pas décidé jusqu’à Beckenried.

Une fois arrivés, nous avons directement été dans l’église. L’année passée, nous avons passé une semaine de vacances dans la région et avions vu que des pommes à l’attention des pèlerins étaient déposées sur un banc de l’église. La tradition n’a visiblement pas changé et nous avons mangé une pomme sur le parvis.

J’ai profité du robinet du cimetière pour rincer mes mollets et genoux sur lesquels j’avais mis de la crème chauffante. J’avais ressenti une très légère gêne et m’étais dit que c’était une bonne occasion de tester l’échantillon de pommade. Alors pour chauffer, la crème chauffait ! Beaucoup trop néanmoins, puisque j’avais l’impression que mes jambes brûlaient. J’avais mal tellement ça chauffait, cette impression dérangeante d’être une chipolata sur un barbecue. J’ai rincé tant bien que mal mes jambes dans le cimetière et cela a atténué un peu la sensation de brûlure.

Nous avons calculé le reste de l’étape et avons conclu que nous arriverions à prendre le train de 14h34 en continuant sur ce rythme. Il nous restait encore 11 kilomètres à parcourir, nous ne devions pas traîner.

Le retour des combattants de l’extrême

Jusqu’à Buochs, le chemin était relativement plat et nous avons été bien plus rapides que les panneaux de randonnée. Nous avons fait une nouvelle pause de vingt minutes environ avant de reprendre la route. Le panneau de randonnée que nous avons aperçu ensuite nous signalait que nous raterions le train pour quelques minutes si nous marchions au même rythme qu’eux. Nous avons accéléré jusqu’à avoir une demi-heure d’avance sur le train, puis avons ralenti tout en conservant cette avance.

La fin de l’étape n’était pas des plus intéressantes, nous conduisant sur une colline avant de redescendre sur Stans. Il faisait extrêmement chaud et aucun petit coup de vent n’apportait de sensation de fraîcheur. Nous avions déjà énormément transpiré en raison du rythme soutenu et de la première grosse ascension dans la forêt, et voilà que nous dégoulinions de plus belle à cause de la chaleur écrasante. Une nouvelle fois, nous étions contents que Logan soit au frais chez mes parents car elle aurait souffert de ces températures caniculaires.

Victoire

Nous sommes arrivés à Stans peu après 14 heures et avons pris le temps de visiter l’église avant de rejoindre la gare. En 5h30, nous avions parcouru 23 kilomètres avec 950 mètres de montée et 950 de descente, cela sous un soleil de plomb et avec trois pauses de vingt minutes. Joli joli !

Nous avons pris un train plus tôt pour avoir le temps de nous empiffrer à Lucerne et ensuite prendre la correspondance prévue jusqu’à Berne. J’ignore combien de calories nous avons grillées sur la journée, mais je pense que nous avions de la marge même en nous goinfrant ! Nous sommes également suffisamment tôt pour avoir le temps de passer chez nous, nous doucher, revêtir pour une fois d’autres habits, monter à la veillée funéraire avant d’aller manger les lasagnes chez mes parents et dire coucou à mes coéquipières de basket. Je crois que nous n’avons pas fini de courir aujourd’hui…