Rude journée chez Saint Nicolas

Quand le réveil a sonné à 6 heures ce matin, après quatre maigres heures de sommeil, nous avons tous deux émis des grognements qui signifiaient : “va chier le train de 7 heures, on prendra le suivant…” Nous avons même pensé un moment rester encore un jour à la maison, mais avec beaucoup de courage et peu d’entrain nous avons glissé nos petons hors du lit et avons zombité jusqu’à la salle de bains.

Nous avons assisté à un mariage hier et sommes rentrés vers 2 heures du matin. La journée avait été longue, la nuit très courte, et nous peinions à nous motiver à voyager 3 heures en train avant de marcher une vingtaine de kilomètres…

Dans la douleur

Malgré tout, nous avons pris le train et sommes arrivés à Stans vers 11h30, récupérant un peu de sommeil durant le trajet. Pas suffisamment malheureusement, et la première montée après l’église de Stans nous a également fait regretter les canapés et la double ration de dessert ingurgités hier… Nous avancions péniblement et nous demandions comment nous allions parcourir un seul kilomètre de plus. Après une heure et demie de marche, nous avons réalisé que nous avions néanmoins avancé à un bon rythme, ayant même semé un pèlerin autrichien âgé dans une montée. Je vous concède qu’il n’y a pas grand mérite à doubler un vieillard qui fait une pause, mais il était autrichien et tout le monde sait que les Autrichiens ont le mollet affûté.

Nous avons mangé les portions de lasagne emportées vendredi soir sur un petit banc devant une grange. La pause s’était avérée nécessaire, manger nous semblait être la seule chose dont nous étions aptes depuis hier, nous serions bien restés là jusqu’à ce que le vieil autrichien nous ratrappe. Mais nous avons repris la route, peu habitués à avoir parcouru autant peu de chemin avant la pause et nous sentant encore plus lourds et fatigués que lors de notre départ de Stans. Et puis nous avons traversé un ruisseau, quittant par la même occasion le canton de Nidwald pour arriver chez son frangin Obwald, et là tout nous a semblé plus facile. Enfin, c’est ce dont nous avons essayé de nous persuader…

Moins d’une demi-heure après notre pause, nous sommes passés devant un couvert entièrement voué aux pèlerins. Une petite buvette self-service avec des snacks, des boissons fraîches ou chaudes, des glaces, etc. invitait le marcheur à se sustenter, se reposer sur l’une des nombreuses tables et profiter des toilettes. Nous n’avons bien sûr pas décliné l’invitation, aussi polis que nous sommes. Le départ s’est à nouveau révélé rude, puisqu’il fallait une nouvelle fois chauffer les muscles et se convaincre qu’à Obwald tout était plus simple. Cela a finalement été le cas et le reste de l’étape s’est effectivement déroulé plus facilement, presque comme d’habitude.

Paysages et chapelles de Suisse centrale

L’étape d’aujourd’hui était très jolie. Nous avons marché principalement dans des champs, sur des sentiers bien dessinés, passant de temps en temps dans la forêt où l’air frais s’avérait agréable. Nous avons tout d’abord contourné le Stanserhorn, voyant le lac des Quatre Cantons disparaître petit à petit et le Pilatus perdre de sa superbe à mesure que nous avancions. En milieu d’après-midi est apparu le lac de Sarnen au bord duquel nous dormons ce soir, ainsi que le Brienzer Rothorn et les montagnes qui nous rapprochent du Valais. De très nombreuses chapelles jalonnaient le chemin et dans l’une d’elles le promeneur pouvait se servir de crucifix d’au moins 50 centimètres de haut. Dommage que nous ne soyons pas croyants, sinon ils auraient été du plus bel effet sur nos sacs… Une autre chapelle, signalée comme un des plus anciens monuments de Suisse Centrale, possédait un plafond très original où étaient représentés des dizaines de saints et exhibait dans une petite niche un crâne presque entièrement édenté dont nous ignorons l’origine.

Chez Saint Nicolas

Nous avons ensuite traversé le village de Flüeli-Ranft, lieu de naissance de Nicolas de Flüe, le saint patron de la Suisse. Il s’agit logiquement d’un haut lieu de pèlerinage et d’un village très touristique. Beaucoup de jolies petites chapelles blanches conduisent le promeneur jusqu’à l’église tout en haut de Flüeli. Chacune avait un lien avec Nicolas de Flüe et nous avions lu toutes ces informations pendant les pauses, mais nous avons été incapables ensuite de nous souvenir de quelle chapelle contenait le lit en pierre de Nicolas, laquelle était celle où il conseillait les gens, etc. Pour être honnêtes, nous sommes passés assez rapidement car il commençait à nous tarder d’arriver à notre hébergement et nous n’avons même pas reconnu la maison natale de Nicolas devant laquelle nous sommes apparemment passés… Si un jour l’occasion se prête nous reviendrons visiter ce lieu plus attentivement.

Sachseln

Nous sommes ensuite redescendus par la forêt jusqu’à Sachseln où nous devions dormir. Nous avons visité l’église dans laquelle se trouve le tombeau de Saint Nicolas, mais nous n’avons appris cela que bien plus tard et n’avons pas du tout vu la tombe. Une fois au centre du village, nous avons inspecté une carte à un arrêt de bus sans parvenir à trouver la rue de notre hébergement. Pascal a alors regardé l’itinéraire sur son natel, que nous n’aurons avec nous que pendant quelques jours. Il est apparu que la maison se trouve bien deux kilomètres plus loin, dans un tout petit village collé à Sachseln. A ce moment de la journée, nous nous sentions plutôt en forme et marcher une demi-heure de plus au bord du lac n’a pas représenté une corvée. C’était au contraire très joli et cela changeait des paysages que nous avons traversés ces derniers jours.

Nous sommes arrivés vers 18h00 chez un couple qui loge des pèlerins dans son bureau. Un lit de camp et plusieurs matelas permettent d’accueillir jusqu’à trois personnes. Ce n’est pas du grand luxe mais cela nous convient parfaitement. Être hébergés par des gens normaux et pas des établissements professionnels correspond tout à fait à l’esprit de partage et d’accueil que nous recherchons. Ils nous ont même proposé de prendre une tranche de gâteau quand nous partions pour souper au bord du lac.