Reprise en douceur

Une petite étape aujourd’hui, puisqu’à nouveau l’emplacement des hébergements nous forçait à choisir entre 19 ou 33 kilomètres. Mais en prenant l’option longue, nous aurions été forcés de choisir demain entre 15 et 39 kilomètres… Nous avons donc opté pour 19 aujourd’hui et 29 demain. Nous n’avions donc pas besoin de nous lever très tôt et étions les derniers à quitter le gîte à 8h30. Nous avons ramené la clé sans traîner pour ne pas qu’ils réalisent que nous n’avions pas payé assez, puis nous avons acheté des croissants et avons déjeuné tout en traversant le centre-ville. Nous l’avons quitté en passant sous les remparts et avons marché dans la partie plus récente de Lucca puis des villages voisins toute la journée. Pour tout dire, nous n’avons marché qu’un kilomètre sur un petit sentier de gravier peu avant Altopascio, le reste n’étant que des petites routes, des routes moyennes ou des routes plus grandes dans des agglomérations. Heureusement qu’il n’y avait que 19 kilomètres !

Chez les Etrusques

Parvenus à Capannori, nous avons vu qu’il y avait un petit musée qui tamponnait les crédenciales. Nous nous y sommes rendus et y avons croisé les deux Belges plus âgés qui étaient au même gîte que nous les deux dernières nuits. Ils faisaient une visite guidée du musée et nous ont avoué que c’était uniquement car la femme à l’accueil leur avait dit que jamais personne ne s’arrêtait. Quand cette même dame nous a demandé si nous voulions aussi suivre la visite guidée gratuite, nous n’avons pas osé refuser… Elle était toute heureuse que je parle italien et anglais, me demandant alors de traduire ses explications aux Flamands car son anglais n’était pas assez bon pour parler de préhistoire et d’art étrusque. C’est clair que c’est quelque chose que je maîtrise forcément mieux que quelqu’un qui bosse dans un musée d’histoire et d’archéologie ! Tous les soirs je regarde des reportages sur la BBC qui traitent des conquêtes romaines, des outils en silex et des urnes funéraires étrusques ! Je me suis donc retrouvée à traduire toute la visite et je m’en suis plutôt bien sortie, même si je crains que certains termes techniques aient été un peu écorchés. Il ne m’est arrivé qu’une seule fois de répéter en italien ce que la dame venait de dire mais je crois que les autres n’ont même pas remarqué car ils n’écoutaient plus trop. J’ai l’impression par contre que certaines parties ne nécessitaient pas forcément de traduction, comme lorsque nous nous trouvions devant une amphore romaine et que les explications se résumaient à : “C’est une amphore romaine”. Mais la guide me regardait avec joie et insistance, attendant que je traduise, alors je traduisais et les Belges opinaient du chef en disant “ah” parce qu’il n’y avait pas grand chose d’autre à ajouter… Du coup, la visite a duré long et quand la guide nous a proposé de visiter l’étage supérieur dédié à un explorateur, nous avons gentiment décliné son offre en signalant que nous devions encore marcher un peu.

C’était plutôt amusant et intéressant, même si ce ne sont pas du tout les genres de musées qui nous passionnent. Les petits morceaux de vases en céramique, aussi émaillés soient-ils, je m’en fiche un peu… Pareil pour les outils préhistoriques en dents de loups ou les pois chiches séchés retrouvés dans le bol d’un Romain mort à table il y a 1830 ans… Mais bon, la dame semblait tellement fière de nous présenter ses trésors que cela nous a amusés et nous avons même retenu quelques informations drôles ou intéressantes. Et puis nous n’avions que 19 kilomètres à parcourir, donc ce n’était pas un problème.

Ces fameux trottoirs

Nous avons pu constater durant le reste de la journée que les Italiens sont vraiment des manches pour faire des trottoirs. En règle générale, ils se simplifient la vie et n'en font simplement pas. Et puis peut-être qu’à force de devoir enterrer un gamin et un pèlerin par jour, ils se disent qu’ils peuvent faire un effort. Alors ils ajoutent un trottoir mais seulement sur un côté de la chaussée et ils changent de côté chaque cent mètres pour ne pas faire de jaloux. Donc il faut sans cesse traverser la route pour rester sur le trottoir. Et puis les Italiens n’ont pas encore compris non plus le concept du passage piéton. Des fois il y a des feux et le bouton pour signaler qu’on veut traverser. Mais on a beau appuyer, ça ne devient jamais vert… En gros ça revient au même que quand il n’y a pas de feux : personne ne s’arrête jamais pour laisser traverser les piétons. Du coup, après un moment on se dit qu’on va forcer un peu le passage et on commence gentiment à traverser. Ce n’est pas ça non plus qui fait s’arrêter les automobilistes. Au contraire, ils accélèrent pour vite passer avant nous, ou alors ils font des monstres écarts en klaxonnant. Une fois sain et sauf sur le trottoir qui continue en-face, on réalise qu’il faut quand même marcher sur la route parce qu’il y a des buissons et des arbres qui empêchent de marcher là. Ou alors c’est un trottoir sauvage, avec du gravier par terre et des mauvaises herbes et des déchets, irrégulier au possible pour être sûr qu’on va se tordre une cheville. Et puis de toute façon après cent mètres il faut retraverser la route parce qu’il n’y a plus de trottoir sous ces buissons et que ça continue en-face… Du coup on risque de nouveau sa vie et on arrive en-face et on remonte sur le trottoir haut de 20 centimètres. Et puis on fait les montagnes russes parce que le trottoir s’arrête devant chaque porte pour que les voitures puissent accéder aux maisons. On descend du trottoir, on remonte sur le trottoir, on descend du trottoir, on remonte… Chaque cinq mètres. C’est chiant. Et quand on retraverse une nouvelle fois la route et qu’on est soulagés de voir que de ce côté-là le trottoir est moins haut, on comprend vite qu’on va devoir marcher sur la route parce que toutes les voitures se sont du coup parquées dessus… Chapeau les gars !

C’est donc avec stupéfaction et plaisir que nous avons découvert le trottoir d’Altopascio, ininterrompu sur plusieurs kilomètres, régulier et envahi d’aucun végétal encombrant. Pas non plus de lampadaires plantés au milieu qui forcent les piétons à descendre sur la chaussée. Une hauteur standard qui ne donne pas l’impression d’avoir monté et descendu des dizaines de marches d’escaliers. Des pavés magnifiques et agréables sous la semelle. La perfection faite trottoir !

Altopascio

Malgré cela, nous avons trouvé les derniers kilomètres un peu longs et étions contents d’arriver au centre du village. Il était 13 heures quand nous avons posé nos sacs au gîte, soit très tôt pour dire que nous étions partis tard et que nous avions visité un musée et fait une longue pause entre temps. Le gîte est bien meilleur que celui de Lucca. Il compte onze lits répartis en trois chambres et est très propre. Marco, avec qui nous avons soupé à Pietrasanta, et Giacomo, un jeune Milanais, étaient arrivés peu avant nous. Ils étaient au même gîte que nous déjà à Lucca et marchent ensemble depuis deux jours. Ils avaient pris possession d’une chambre à deux lits et nous avons pris celle à trois. Il restait donc une chambre de six pour les Belges, arrivés dans l’après-midi. Les derniers arrivants, Jörg et Rosamund, ont pris place avec eux. Il semble que nous allons les croiser jusqu’à Sienne et cela ne nous enchante guère… Ils ne sont certes pas méchants, au contraire, mais nous les croisons tout le temps et ne savons jamais que leur dire…