Il faisait terriblement chaud cette nuit et nous avons très mal dormi. Comme l’immeuble est ancien et protégé, ils ne peuvent pas installer de climatisation et la température monte ainsi rapidement. Logan a de plus décidé de mettre une ambiance disco vers 1h, en se couchant sur l’interrupteur d’une lampe pour la faire clignoter quelques fois avant de l’allumer pour de bon… Comme quoi, le luxe ne fait pas tout !
Nous avons acheté des croissants en quittant l’hôtel et avons cherché un banc pour les manger. Le premier que nous avons trouvé n’était décidément pas le plus laid de la ville, puisqu’il se situait dans l’emblématique pont piéton en bois !
Pour quitter la ville, nous avons traversé une jolie banlieue sur une colline avant de rejoindre une forêt. Le chemin y montait tranquillement jusqu’au Sonnenberg et la gare d’arrivée d’un funiculaire. De là, nous bénéficions d’une belle vue sur le lac des Quatre-Cantons et Kriens en contrebas, le Pilatus et le Rigi, ainsi que les Alpes au loin. Nous y avons fait une petite pause puis avons repris la route, toujours dans la forêt mais ressortant de temps à autre pour traverser quelques champs. Ces sentiers pédestres étaient très agréables, réguliers sous la chaussure mais suffisamment variés pour ne pas rendre la progression monotone. La descente s’est quant à elle révélée originale puisqu’il s’agissait d’escaliers longs de plusieurs centaines de mètres. Une fois en bas, nous avons traversé un ravin impressionnant où chute dans une vertigineuse cascade la petite rivière Ränggbach. Sans doute que ce site serait très touristique s’il était plus facile d’accès, car le spectacle vaut le détour !
Le chemin remontait ensuite tranquillement pour nous mener hors de la forêt, d’où nous avons découvert la vallée large aux pentes douces de la Kleine Emme. Nous sommes descendus à travers champs et avons fait une pause devant une chapelle, avant de poursuivre sur un sentier bucolique le long de la rivière.
Puisque le tracé officiel évite scrupuleusement la plupart des villages, nous avons effectué un détour par Malters afin d’acheter quelques vivres. Quand nous avons retrouvé la rivière, le cadre s’est avéré moins pittoresque qu’auparavant et nous avons marché plus d’un quart d’heure avant de dénicher un joli spot au bord de l’eau où manger.
L’après-midi, nous avons continué entre ombre et soleil le long de cette rivière. Nous l’avons quittée à Werthenstein, où une grande église surplombe la vallée. Il s’agit d’un lieu de pèlerinage depuis 500 ans, quand un orpailleur néerlandais y a vu la lumière. Enfin, plutôt La Lumière. La légende raconte que le monsieur priait pendant la nuit lorsqu’il entendit un chant doux plein de charme venant d’une colline de l’autre côté de la rivière. En se redressant il aperçut un beau rayonnement divin. Il construisit alors une chapelle à l’endroit de La Lumière, sur le promontoire rocheux. Et comme si cela ne suffisait pas, une source miraculeuse, la Gnadenbrünneli, guérit moult manants de par les siècles. Les pèlerins se ruèrent dès lors vers ce lieu et ils étaient plus de 80’000 par an à son apogée, aux 17e et 18e siècles. Evidemment, on y construisit un monastère, on remplaça la petite chapelle par une église plus imposante et on recensa des centaines d’aveugles repartis voyants et de boiteux qui ne boitaient plus. Pour notre part, nous pensons surtout que répéter le nom de cette source et de ce village peut rapidement résoudre des problèmes d’élocution.
Quoi qu’il en soit, nous avons été moins veinards que ce bon vieil orpailleur, puisque c’est la pluie qui nous a accueillis en contrebas du village. Un gros orage a éclaté alors que nous étions à 500 mètres de l’église et nous avons rapidement enfilé nos K-Ways à l’abri d’un arbre. Nous y avons croisé un autre marcheur, parti hier et qui se rend à Monaco. Comme il préférait attendre une accalmie avant de reprendre la route, nous n’avons pas échangé plus longtemps et nous sommes repartis en courant pour nous abriter dans le cloître accolé à l’église.
Quand l’orage s’est estompé, nous avons continué jusqu’à Wolhusen sous une pluie plus fine. Nous n’avons pas pris le temps de visiter les lieux, puisqu’à notre arrivée nous avions à peine quelques minutes pour attraper le train. Celui-ci nous a ramenés à Lucerne, nous permettant de revoir en 23 minutes le chemin parcouru sur toute la journée…
Même si cette dernière heure pluvieuse conclut un peu tristement l’étape et ces dix jours de marche, nous sommes d’un côté soulagés de voir que les prévisions météo étaient exactes et que nous n’avons pas annulé la suite du voyage inutilement. Nous avons de toute façon à cœur de revenir prochainement dans cette bourgade pour poursuivre cette randonnée à travers la Suisse.
La suite au prochain épisode !