Partis plus ou moins sur un coup de tête hier après-midi, nous avons passé la nuit à Bâle. L’hôtel, idéalement situé juste en face de la gare, présentait le désavantage de se trouver dans le quartier bruyant et mal fréquenté de la gare. Malgré le confort de notre chambre, nous avons passé une nuit épouvantable grâce à un énergumène qui braillait des sons inaudibles et insupportables juste sous nos fenêtres. Le changement horaire nous a au moins offert une heure de sommeil supplémentaire pour compenser ce désagrément.
Ce matin, nous avons fait un tour de la vieille ville, arpentant des rues encore désertes au lever du soleil. Nous avons aperçu les bâtiments emblématiques de Bâle et déambulé avec plaisir dans le centre historique piéton. A la cathédrale, un monsieur tout perdu m’a demandé l’heure. Il a alors constaté que sa montre n’avait pas pris en compte le changement horaire et qu’il était ainsi bien en avance pour la messe de 10 heures. Je lui ai rétorqué avec enthousiasme qu’il pouvait aller boire un café et se promener allègrement en appréciant la fraîcheur matinale (c’était moins détaillé en vrai, car mon allemand n’est pas très fleuri…) mais il a eu l’air de trouver cette alternative peu réjouissante et a préféré continuer à errer avec son air tout perdu en attendant le deuxième 10 heures…
Nous sommes ensuite brièvement repassés à l’hôtel pour boucler nos sacs et rendre la chambre, avant de nous diriger à la gare de l’autre côté de la route. Là, nous avons retrouvé mon amie Elodie, ainsi que son ami Philippe et sa chienne Noisette. Comme Elodie vit à Bâle, je lui avais proposé hier de nous voir et elle a accepté de parcourir quelques kilomètres en notre compagnie. Nous craignions un peu de devoir marcher en ville avec deux chiens en laisse, car si les deux veulent jouer ça peut vite s’avérer pénible, mais Noisette s’est montrée totalement indifférente aux appels insistants de Logan et cela s’est finalement révélé plus simple que prévu.
Nous avons quitté le centre de Bâle en suivant de jolies routes arborées, puis le long d’un canal. C’était très agréable et les couleurs automnales rendaient la promenade tout à fait charmante. Une fois passé le Parc Saint-Jacques, antre du FC Bâle, nous avons pénétré dans un immense parc où trône un dinosaure. Entre les nombreux terrains de foot, les étangs, les chemins pédestres, les aires de jeux pour enfants et les sentiers didactiques, cet espace est un vrai coin de paradis ! Nous avons fait un petit détour pour rejoindre le restaurant au cœur de ce parc, afin d’y boire un café et faire une petite pause.
Le tracé longeait ensuite la rivière Birse jusqu’à la fin de l’étape. Une demi-heure environ après la pause, Elodie et Philippe ont choisi de rebrousser chemin. Nous avons continué le long de cette jolie rivière, bordée d’arbres aux feuilles jaunes et lumineuses. De nombreux promeneurs empruntaient cette voie, nous saluant de plus en plus à mesure que nous nous éloignions de Bâle. Nous avons été agréablement surpris par le nombre de bancs tout au long du parcours et en avons profité pour pique-niquer confortablement, à six kilomètres environ de notre destination.
Le chemin traversait ensuite une réserve naturelle protégée et des panneaux précisaient que les chiens n’y étaient pas admis. Comme nous ne savions pas si des alternatives existaient, nous avons décidé de poursuivre sur cette voie tout en tenant Logan en laisse. La probabilité de croiser un Ranger durant les quinze minutes de traversée de ce parc nous paraissait plutôt faible. D’ailleurs, l’existence même des Swiss Rangers nous était tout à fait inconnue jusqu’à ce qu’un d’eux nous apostrophe dans un dialecte bâlois rocailleux. Nous avons feint d'être un peu idiots, faisant mine de ne pas savoir de quoi il parlait tout en ne comprenant pas vraiment ce qu’il disait. Intérieurement, j’étais surtout en train de me dire “Woooaah ! Un Swiss Ranger !”, imaginant la vie trépidante qu’il devait mener à secourir des marmottes ou pourfendre des braconniers chassant la salamandre, mais je n’en ai rien laissé paraître et j’ai écouté avec attention tout en opinant du chef quand il nous a dit de quitter la réserve par le prochain pont.
Sur l’autre rive de la Birse, Logan ne représentait plus de danger pour certaines choses (c’est la partie que nous n’avons pas saisie) et nous ne risquions plus de nous faire gronder par un Ranger. Les péripéties de cette fin d’étape s’en trouvent ainsi réduites à néant.
Nous avons traversé Dornach sans y prêter trop attention, puisque nous allions y revenir en train pour dormir, n’ayant trouvé aucun hébergement à Aesch. Vers 15h30, nous avons atteint notre destination et avons rejoint la gare, dix secondes avant l’arrivée du train. Timing parfait !
Nous séjournons dans une ancienne abbaye au centre du village, convertie en hôtel-restaurant. Bien qu’elle se trouve à 50 mètres de la gare, elle n’est pas dans le même canton et nous dormons ainsi à Soleure ! Qu’importe le canton, pourvu qu’il n’y ait pas de tenor cette nuit sous nos fenêtres !