Sous la pluie

Il pleuvait fort ce matin mais les prévisions météo annonçaient une accalmie en fin de matinée. Nous avons alors choisi de ne pas partir trop tôt, dans l’espoir de marcher une partie de l’étape au sec.

Après un bon déjeuner à l’hôtel, nous avons fait quelques courses au village. Un achat nous a un peu effrayés, puisqu’il semble indiquer que nous sommes devenus des adultes responsables et prévoyants dont nos mères seraient fières : des parapluies ! C’est la première fois que nous en prenons pour marcher (c’est d’ailleurs la première fois que nous en achetons tout court), préférant d’ordinaire nos bons vieux K-Ways. Mais la sagesse a eu raison de notre témérité puérile, puisque nous savons pertinemment que si les K-Ways protègent bien le haut du corps, ils n’empêchent pas l’eau ruisselante de rapidement détremper le haut des pantalons. C’était donc une très bonne acquisition et nous sommes restés plutôt secs.

Nous avons pris le train vers 10h15 pour Aesch, où nous avons entamé l’étape du jour. Nous avons rapidement traversé le village, découvrant avec gêne le pragmatisme cynique des autochtones qui ont construit un home juste en face du cimetière. A la sortie du village, nous avons pénétré dans une forêt et gravi une colline. Les couleurs étaient sublimes, rendues plus lumineuses encore par la pluie. Des feuilles mortes jaunes et rouges tapissaient le sol et les troncs sombres se découpaient tout autour de nous. Après quelques centaines de mètres sur une petite route, nous avons poursuivi sur un sentier plus scabreux et raide. Les belles feuilles mortes au sol recouvraient alors une couche de boue et quelques racines et pierres lisses : une combinaison particulièrement glissante ! Par le plus grand des hasards, nous sommes néanmoins parvenus au sommet sans tomber, nous privant ainsi d’une belle anecdote où nous aurions eu les fesses mouillées et un bras en écharpe pour le reste de l’étape…

Pfeffingen

Une fois parvenus au sommet, nous avons longé la crête de la colline, toujours entourés de ces arbres colorés et magnifiques. A la sortie du bois, nous avons atteint les ruines du château de Pfeffingen. Même s’il n’en reste que certains pans de murs, le site demeure imposant et on imagine sans peine sa grandeur passée. Nous avons traversé les ruines, regrettant cette pluie qui nous empêchait d’y faire une pause. Logan nous a fait une petite frayeur en sautant tout à coup sans raison sur un muret. Heureusement, il était large et elle a eu le temps de freiner sa glissade avant de tomber dans le précipice qui s’ouvrait de l’autre côté… Ça aurait été une anecdote bien moins croustillante à narrer que les fesses couvertes de boue !

Le chemin passait ensuite en alternance par des vignes, des prairies, des bosquets. Avec un ciel plus dégagé, la vue sur les collines alentour devait sans doute être superbe. Malgré tout, nous étions séduits par les couleurs et la diversité des paysages rendait la progression agréable. Le seul inconvénient, c’est que nous n’avons traversé aucun village dans lequel nous aurions pu faire une pause. Tout étant détrempé, nous ne pouvions pas non plus profiter des nombreux bancs le long du parcours. Visiblement, l’accalmie de fin de matinée semblait n’être qu’une mauvaise plaisanterie de ces coquins de météorologues, ou alors les matinées se terminent plus tard que chez nous dans cette région, puisque la pluie ne s’estompait pas.

Nous commencions à ressentir un peu de lassitude quand, vers 12h30, nous avons trouvé une belle aire de pique-nique, qui comprenait entre autres une table et deux bancs abrités de la pluie. Nous y avons fait une halte avec bonheur et y avons dîné. Cela faisait du bien de s’asseoir un moment et de manger, mais il faisait vraiment très froid, en dépit du pull en laine supplémentaire que nous avions enfilé. Nous avons alors repris la route après une petite demi-heure, frigorifiés.

Zwingen

Peu après, la fin de matinée a dû arriver puisque la pluie a cessé. Le ciel est toutefois resté gris jusqu’à la fin de la journée et les températures sont demeurées plutôt fraîches. Après la traversée d’une jolie forêt, nous avons atteint le village de Blauen avant de descendre jusqu’à Zwingen. Si le centre du village est ravissant, avec ses ruelles paisibles et son château transformé en maison de commune, les abords plus modernes nous ont paru un peu lugubres. Nous avons malgré tout décidé d’y faire une brève halte, puisque d’après les panneaux il nous restait encore une heure de marche. N’ayant pas trouvé de banc plus bucolique, c’est sur le quai de la gare que nous nous sommes arrêtés.

Laufen

Le dernier tronçon de l’étape longeait la voie ferrée sur une petite route de gravier. Peut-être avons-nous marché particulièrement vite, mais nous avons atteint Laufen après 25 minutes seulement. Comme nous avions prévu une heure, nous en avons profité pour découvrir le centre-ville au lieu de rejoindre directement la gare. La rue principale date du Moyen-Âge. Fermée de part et d’autre par de belles portes médiévales, elle est superbement entretenue et très vivante, avec des boutiques sur toute sa longueur. 

Assez curieusement, il ne semble pas y avoir d’hébergement dans cette charmante bourgade. Nous avons donc pris le train jusqu’à Delémont, où nous pourrons ainsi dormir deux nuits et laisser les sacs pour l’étape de demain.