Nous avions dormi à Zurich hier soir afin de pouvoir partir tôt aujourd’hui. C’était raté : nous avons commencé à marcher à 9h45…
Nous avons rallié en train le village de Dielsdorf où commence le chemin national n° 5. Après avoir passé quelques maisons, nous avons entamé une montée douce dans des vignobles jusqu’à Regensberg. Le vieux bourg date du Moyen-Âge, avec de très belles maisons en colombages et un château imposant. Un puits profond de 57m a été creusé au centre de la place au 13e siècle. Il n’est plus utilisé de nos jours mais demeure parfaitement conservé.
Nous avons continué à monter jusqu’à une crête qui offre d’ordinaire de magnifiques points de vue alentour. Avec la brume, nous nous sommes déjà réjouis d’apercevoir la colline d’en face… Dans la montée, nous avons croisé un couple de marcheurs d’un certain âge affublés de sacs-à-dos énormes sur le point d’exploser. Ils parcourent également le chemin n° 5, mais ils avançaient vraiment très lentement alors nous n’avons pas discuté plus longtemps. Ils n’avaient pas le style des randonneurs qui partent en autonomie et campent, alors nous ne comprenons pas ce qu’ils avaient bien pu mettre dans leurs sacs. Nos hypothèses les plus probables : 1) leurs enfants ou 2) ils avaient oublié d’enlever les sortes de bouées qu’ils mettent dans les magasins pour que les sacs exposés ne soient pas tout recroquevillés. Mais puisqu’ils peinaient réellement à avancer dans la montée, leurs sacs devaient être aussi lourds que grands et il semble plus pertinent que c’est l’option 1 qui s’applique. J’espère qu’ils pensent à laisser une poche ouverte pour que les pauvres marmots puissent respirer et apprécier la vue…
Nous avons ensuite pénétré dans une forêt brumeuse, puis nous n’avons absolument pas vu les ruines d’un ancien fort mentionnées dans notre guide. Un chemin très rocailleux (et pourri, aurais-je même ajouté si ce terme n’était pas aussi trivial) parcourait ensuite la crête. Il était étroit et très irrégulier, avec des pans entiers de rochers escarpés rendus très glissants par l’humidité. Pendant environ une heure nous avons progressé avec peine, nous aidant parfois de nos mains et descendant même certains passages sur les fesses pour éviter de glisser. Il convient également de préciser que le nombre impressionnants de limaces de toutes tailles et couleurs m’a encore plus ralentie.
A un croisement, nous avons délaissé l’option indiquée comme très dangereuse qui longeait une falaise et avons préféré la route forestière en pente douce dans la forêt. Dans la descente, deux kilomètres environ avant Baden, nous avons aperçu une belle place de pique-nique où nous avons dîné.
Il faisait un peu froid quand nous sommes repartis. Nous nous sommes néanmoins vite réchauffés en gravissant une longue volée de marches menant au château de Schartenfels, qui abrite aujourd’hui un restaurant de fondues. Depuis là, nous avons descendu plusieurs centaines de marches jusqu’à la Limmat et un vieux pont en bois marquant l’entrée dans la vieille ville de Baden.
Au lieu de monter directement dans les rues, le chemin longe la Limmat sur 500m avant de prendre un ascenseur qui conduit directement au centre. Nous avons souri en voyant les balises au-dessus des boutons de l’ascenseur et pensons qu’il faudrait que les tracés officiels empruntent plus souvent ce genre de raccourcis !
Nous avons mangé une glace alors que le soleil se levait et qu’il faisait aussitôt extrêmement chaud, puis nous avons parcouru quelques rues piétonnes avec des maisons très anciennes. De nombreuses fresques et inscriptions d’époque les ornent, leurs façades sont impeccables et de nombreuses boutiques animent les rues. De nouveaux escaliers nous ont menés jusqu’aux ruines du château surplombant la ville.
Le reste de l’étape s’est déroulé principalement dans la forêt, sur des routes forestières en terre plutôt agréables. Une jolie biche a croisé notre chemin, puis nous avons atteint un belvédère où l’on découvre “le château d’eau de la Suisse”, qui n’est pas du tout un château d’eau mais l’endroit où la Reuss et la Limmat se jettent dans l’Aar. D’après notre guide et la table d’orientation, la vue s’étend d’ordinaire jusqu’à la Forêt Noire, les Vosges et les Alpes. A nouveau, avec l’air lourd et chargé nous étions déjà ravis de voir les différentes rivières et d’apercevoir notre destination du jour.
Après avoir regagné la plaine et ses villages tranquilles et bien entretenus. Nous avons longé et traversé la Reuss déchaînée, si brune qu’on aurait dit l’Amazone, puis nous avons rejoint l’Aar et sommes arrivés dans un village que nous croyions être Windisch. Une fois au centre, nous nous sommes étonnés de sa grande taille et avons remarqué que Brugg n’était plus indiqué sur les panneaux de randonnée. Nous avons alors compris que nous étions à Brugg, étape terminée, alors que nous croyions qu’il nous restait encore une petite demi-heure à marcher. Bonne nouvelle ! Une passante nous a indiqué l’emplacement de notre hôtel, à peine 100 mètres plus loin, idéalement situé au centre.
Nous avons fait une lessive que nous avons fait sécher sur le bord de la fenêtre juste avant qu’un orage se déclare dans la soirée, puis nous avons très bien mangé dans le restaurant italien en bas de l’hôtel.