Fin

Nous avons retrouvé Stefanie à l’arrêt de bus de Bagnoli pour marcher ensemble cette dernière étape. L’Alpe Adria Trail a modifié son itinéraire l’année passée pour traverser de soi-disant villages, mais en observant la carte il nous semblait qu’il s’agissait de quelques maisons éparses. Nous avons de ce fait décidé de nous fier à l’ancien parcours en faisant une exception pour un château en début d’étape.

A Bagnoli déjà, nous avons peiné à trouver les premières balises du Trail. Tandis que nous cherchions notre chemin, un vieux monsieur qui portait des cailloux s’est arrêté pour discuter. Il m’a expliqué qu’il avait traversé la Slovénie à pied il y a quelques décennies. Il a ensuite ajouté qu’aujourd’hui il n’avait plus la force pour cela mais qu’il parvenait néanmoins encore à venir au pied de la montagne choisir quelques pierres qu’il irait déposer sur la tombe de son fils. Les larmes lui sont montées aux yeux et il s’est aussitôt excusé de m’importuner avec ses histoires. Bien sûr, je lui ai proposé mon aide et présenté quelques mots de réconfort, avant de le laisser poursuivre son triste chemin.

Pour notre part, nous avons entamé une rude ascension sur un chemin pierreux et avons ensuite arpenté la crête jusqu’au château de Socerb. Celui-ci valait le détour, perché sur la falaise avec ses murailles épaisses et son imposant donjon. Malheureusement, il abrite un restaurant qui était encore fermé à cette heure et nous n’avons ainsi pas pu pénétrer dans son enceinte.

Autant l’annoncer tout de suite, le reste de l’étape n’a pas comporté le moindre rebondissement. Nous avons rejoint l’ancien tracé du Trail et marché dans de jolies forêts puis le long d’une rivière en apparence stagnante. Nous avons traversé quelques villages peu intéressants, en avons profité pour demander à une dame de remplir nos gourdes pendant que Logan énervait son chien miteux et avons mangé quelques figues cueillies le long de la route. Nous aurions voulu faire une halte pour nous reposer un peu mais n’avons pas trouvé d’endroit accueillant ou de banc, aussi avons-nous continué à avancer. Les derniers kilomètres se sont révélés d’un ennui total puisque nous avons marché en file indienne sur une route goudronnée. Quel dommage de n’avoir pas trouvé de passage adapté aux marcheurs pour la conclusion d’un itinéraire de grande randonnée !

Muggia

Nous avons fait une courte pause dans un talus jonché de déchets pour boire et retrouver un peu d’énergie et de motivation pour la fin imminente de l’étape et du voyage. A Muggia, nous avons aisément rejoint les jolies ruelles pavées du centre mais n’avons ensuite plus vu la moindre balise. Cela nous a quelque peu soulagés, puisqu’il aurait été incongru de trouver simplement l’arrivée de ce Trail sur lequel nous n’avons cessé de nous perdre depuis bientôt un mois ! Stefanie voyage elle avec un GPS et l’application officielle de l’Alpe Adria Trail lui indiquait que nous étions arrivés alors que nous nous tenions devant une boutique désaffectée… Nous avons arpenté le village jusqu’à trouver l’office du tourisme qui semblait être l’objectif ultime de notre périple. J’y suis entrée et ai indiqué à la dame que nous venions de parcourir le Trail. Elle a daigné lever son regard du livre qu’elle disait et m’a répondu : “Ah et bien c’est fini alors.” Quel entrain !

Peu satisfaits de cette arrivée, nous avons décidé que notre objectif se situerait au bord de l’eau avec une boisson fraîche. Nous avons dès lors repris la route jusqu’à trouver une buvette sympathique à littéralement deux pas de la mer. Voilà. Cette fois nous étions arrivés au bout du voyage.

Nous avons mangé un panini et apprécié des boissons glacées au bord de l’eau, puis Stefanie est partie en quête de son hôtel tandis que nous allions nous baigner. La promenade goudronnée le long des rochers fait office de plage publique à Muggia. Des douches et toilettes sont disponibles et une échelle permet d’accéder à l’eau sans glisser ou se couper sur les rochers. A tour de rôle, puisque l’un de nous devait surveiller Logan et les affaires, nous avons été nager. Quel bonheur ! L’eau était chaude et la baignade des plus agréables ! Nous aurions pu batifoler dans l’eau durant des heures si seulement nous avions pu y aller ensemble. C’était malheureusement impossible alors nous avons décidé de rentrer à Trieste en bateau.

Ce soir, Stefanie nous rejoindra en ville pour que nous mangions ensemble et demain nous prendrons le train pour rentrer. Il y a un chat à la maison qui doit commencer à trouver le temps long…

Epilogue

Ce voyage nous a emmenés dans de très beaux paysages et nous y avons fait de magnifiques rencontres. Si nous n’avons pas été très dépaysés en Autriche, la Slovénie nous a éblouis et nous nous sommes sentis en vacances dans la chaleur italienne. Nous avons appris que nous sommes capables de tracer nos propres itinéraires et cela nous ouvre de nombreuses possibilités pour de prochains voyages. Nous avons croisé des gens touchants et attentionnés, toujours souriants et ouverts. Quant à l’Alpe Adria Trail en particulier, nous regrettons qu’il ait été conçu comme une succession de chemins touristiques locaux plutôt que comme un long itinéraire. C’est compréhensible puisqu’il a été imaginé par des régions ou destinations touristiques mais à l’avenir nous nous tournerons plutôt vers des voies tracées par des associations de randonnée.

Logan a été brave tout au long du voyage et n’a connu que quelques mésaventures. Elle a forcément souffert de la chaleur mais s’est montrée motivée à partir tous les matins alors nous pensons qu’elle a apprécié l’aventure. Quant à nous, nous avons le mollet aussi affûté qu’un Autrichien et un bronzage tout à fait ridicule. Nous sommes heureux d’avoir découvert ces régions et terminé ce voyage puisque nous avions laissé en suspens tous les précédents. Il est temps désormais de porter des habits différents, de ranger Yvon et Curdin à la cave et de reprendre une vie normale. Jusqu’à la prochaine marche !