Dans un canyon

Après un bon déjeuner en compagnie de Stefanie, nous avons décidé de marcher ensemble aujourd’hui. Son chien a eu l’excellente idée d’uriner dans le hall d’entrée de l’hôtel, sur le joli parquet en bois dont la structure est un clin d'œil à l’écurie historique de Lipica. Stefanie a discrètement nettoyé et nous sommes partis en vitesse. Les chiens se sont défoulés durant plusieurs minutes dans les pelouses autour de l’hôtel puis ont parcouru calmement le reste de l’étape. Il semble qu’ils se sont habitués à la chaleur et en souffrent moins que les premiers jours, et qu’ils savent qu’il est préférable de conserver un peu d’énergie car les promenades sont longues.

Nous avons aisément gravi le Mont Kokoš, qui n’a d’intéressant que le nom et sa facilité d’accès. S’il possède peut-être également le record du nombre de tables de pique-nique en son sommet, il n’offre cependant aucune vue sur les alentours puisqu’il est recouvert d’arbres. Nous ne nous y sommes pas attardés et avons entamé la descente dans les bois. Les kilomètres suivants se sont révélés monotones et nous nous sommes égarés quelques fois en raison de l’absence de balisage. Nous avons aperçu la ruine d’une église illustrée dans notre guide et aperçu un poulet dans le morne village de Krvavi Potok, avant d’arpenter un joli sentier aménagé sur une ancienne voie ferroviaire.

La fin de l’étape s’est heureusement avérée plus spectaculaire lorsque nous avons atteint la vallée de la Rosandra, un canyon vertigineux et intimidant. La rivière, aujourd’hui quasiment à sec, s’est frayé un chemin parmi les pierres et a creusé ce vallon avec patience et témérité. Nous l’avons traversée à la frontière italo-slovène, là où se situe un minuscule hameau qui était jusqu’à récemment inaccessible en voiture. Les panneaux précisaient que seules trois personnes y résidaient en 2000 mais ce nombre a peut-être doublé depuis car la plupart des maisons paraissaient entretenues et habitées. Nous avons ensuite repris un peu de hauteur pour avancer à flanc de coteau, dans des pierriers impressionnants et un décor à la fois dramatique et inspirant.

Au moment où le vallon s’élargissait, nous avons poursuivi le long d’un ancien aqueduc romain en briques avec des jolies arches et fort bien conservé. Il était malheureusement aussi à sec, étant donné qu’il n’a pas plu depuis des semaines.

Trieste

A Bagnoli, nous avons fait nos adieux à Stefanie et avons pris un bus pour Trieste où nous dormons ce soir. Le centre-ville, immense, est composé d’édifices tous plus majestueux les uns que les autres. Où que notre regard se pose, il est confronté à une multitude de colonnes, de chapiteaux, de moulures et de fer forgé. Tout est décoré, orné, enjolivé, peint. Un feu d’artifice d’art et de grandeur. Et forcément on retrouve entre ces façades des églises monumentales, des palais, un théâtre romain et un château.

Puisque Trieste représente un important port et se situe au bord de la mer, nous pensions qu’il serait possible de nous baigner et de nous promener le long de l’eau. En réalité, tout le bord de mer est occupé par les bateaux, le chargement et le transport de marchandises et je ne sais quelles autres activités maritimes. Une grande route et des rails suivent la jetée et des bâtiments industriels dans un piteux état la rendent déprimante. Pas de jolie promenade, de palmiers ou de restaurants sur pilotis ici. Il existe malgré tout une plage publique mais un mur y sépare les hommes des femmes… Comme nous n’avions pas spécialement envie d’aller à la plage chacun de notre côté et d’envoyer des signaux de fumée pour communiquer, nous avons à nouveau passé notre tour. Il faudra absolument que nous nous baignions demain à Muggia et nous espérons qu’ils n’ont pas de règlement moyenâgeux qui nous en empêchera !