Pour ménager notre petite Logan qui a déjà mal aux pattes après deux misérables jours de marche, nous ne pouvions pas accomplir l’étape prévue initialement. Celle-ci devait nous conduire à un ermitage fréquenté par Saint François puis au sommet d’une montagne avant de redescendre de l’autre côté. Même si Logan allait plutôt bien ce matin au réveil, cette étape perdue au milieu des bois n’offrait pas de plan de secours puisqu’une fois quitté l’ermitage il n’y aurait pas eu de route ou de village. Nous avons envisagé de rester un jour de plus à Spoleto, mais bien sûr nous sommes lundi et la plupart des commerces ainsi que les musées sont fermés. Nous avons alors décidé de rejoindre Arrone et d’y dormir deux nuits pour laisser Logan au repos tout en marchant un peu de notre côté. La difficulté résidait dans l’incroyable complexité du réseau de bus de la région, puisque Spoleto dispose de nombreuses lignes qui en partent et reviennent mais qu’Arrone est reliée à la ville de Terni un peu plus au sud. Nous avons finalement trouvé un moyen de rejoindre Arrone en moins d’une heure grâce à deux bus des différentes lignes qui se rejoignent une fois par jour. Nous sommes passés par le village de Ceselli qui était notre destination du jour et avons ensuite parcouru la longue vallée que nous aurions dû arpenter demain. En cours de route, nous avons été surpris par un violent orage et de la grêle. A cet instant, nous étions plutôt soulagés de nous trouver dans un bus et non pas sur un col quelconque à braver les éléments !
Après avoir pris possession de notre gîte, nous avons repris un bus jusqu’à Ceselli pour marcher l’étape initialement prévue demain. La météo prévoyait quelques averses mais nous préférions être au grand air plutôt que de passer l’après-midi à l’intérieur. Il s’agissait de plus d’une étape courte et simple que le guide estimait à 4h45 de marche mais que nous savions pouvoir parcourir en trois heures sans les sacs-à-dos.
Le résumé de l’étape pourrait se réduire à cela : nous avons longé la rivière Nera sur une voie cyclable et nous avons vu deux lièvres.
C’est effectivement plus ou moins tout, mais il me semble intéressant d’ajouter quelques détails. La vallée de la Nera, appelée Valnerina, est très montagneuse et étroite. Il s’agit presque d’une gorge. Par rapport aux collines douces recouvertes d’oliviers que nous voyions hier encore, le changement est radical. Deux hautes tours protègent l’entrée de la vallée depuis des siècles et plusieurs villages médiévaux en pierres grises sont accrochés aux coteaux. Nous en avons contourné ou traversé plusieurs sans nous y arrêter, si ce n’est quelques minutes sur un banc à Precetto. Ils avaient beaucoup de charme mais semblaient quelque peu à l’abandon. De plus, leur couleur plus sombre que les pierres roses ou blanches des derniers jours, qui plus est sous un ciel chargé de nuages, les rendait un peu austères.
La pluie s’est jointe à la fête à plusieurs reprises mais il faisait chaud et ce n’était pas désagréable. Vers 18 heures, nous sommes arrivés à Arrone et avons fait un détour par le supermarché pour réaliser quelques emplettes. Nous sommes ensuite remontés à notre gîte, situé dans les hauteurs du vieux bourg médiéval, à deux pas du château.
Puisque tous les restaurants à proximité sont fermés le lundi, nous avons pique-niqué sous la magnifique pergola de jasmin avec une belle vue sur les toits d’Arrone et les montagnes environnantes.