Nous aurions souhaité retourner à Spoleto ce matin et marcher jusqu’à Ceselli afin de compléter l’étape non réalisée hier, mais cela s’annonçait très compliqué avec les bus. Nous aurions dû pendre un taxi le matin et il aurait ensuite fallu veiller à ne pas rater le seul bus à Ceselli l’après-midi. Cette étape est annoncée comme l’une des plus belles du parcours et nous aurions adoré découvrir ce surprenant changement de décor une fois le sommet franchi, mais puisque nous sommes déjà de l’autre côté depuis hier l’effet de surprise est perdu. En réalité, nous aurions surtout voulu accomplir cette étape pour ne pas laisser de blanc sur notre belle carte d’Italie mais tant pis, le long trait est désormais coupé.
A la place, nous avons choisi de laisser Logan au repos et de nous rendre aux cascades de Marmore, à mi-chemin de l’étape jusqu’à Piediluco. Ces cascades sont annoncées partout comme l’attraction incontournable de la région et, plutôt que de les apercevoir en vitesse lors d’une étape, nous avons préféré nous y rendre en tant que touristes pour les admirer comme il se doit avant de revenir à pied jusqu’à Arrone.
Il s’agit en réalité d’un vaste parc où plusieurs sentiers ont été aménagés à travers les bois afin d’admirer la chute d’eau sous tous ses angles. L’accès est payant et plutôt cher mais en tant que pèlerins nous étions autorisés à arpenter le domaine gratuitement. La cascade en question n’est pas naturelle. Elle a été créée par les Romains il y a 2300 ans pour assécher les marécages autour de Rieti. Cela a provoqué quelques frictions avec Terni qui était alors régulièrement innondée, on peut les comprendre. De longues négociations et discussions se sont succédé, visiblement sans succès puisqu’il a fallu attendre près de 1600 ans pour que certains papes pensent à construire des canaux afin de résoudre le problème. Enfin, je doute qu’ils les aient creusés eux-mêmes, mais nous comprenons l’idée. La chute d’eau de 165 mètres est aujourd’hui gérée par une centrale hydroélectrique qui l’allume et l’éteint selon ses besoins. Face à l’ampleur de la cascade, je peine à imaginer qu’on puisse simplement fermer un robinet pour qu’elle cesse de couler et ça doit être incroyable de la voir subitement apparaître. Je m’amuse aussi à penser au petit Romain qui s’est dit “oups !” quand il a remarqué que sa déviation était peut-être un peu trop spectaculaire. Dans tous les cas, la renommée de l’attraction n’est pas dûe au hasard et nous étions contents d’en faire le tour.
Après avoir mangé une salade dans un piège à touristes, nous avons entamé la descente et sommes rentrés à Arrone en suivant la piste cyclable le long de la rivière Nera. Nous avons ensuite profité de l’après-midi ensoleillé pour faire une lessive, boire un verre sur la terrasse d’un bar du village et nous détendre.