Des sœurs à Cicéron

Le déjeuner était servi en commun pour tous les pèlerins dans le réfectoire du couvent. Un déjeuner frugal et très italien : pain, biscottes, confiture et gâteaux. Pour nous, seules quelques tartines qui manquaient cruellement de beurre et donc d’intérêt, mais nous ne sommes pas de gros mangeurs et autant voyager léger.

Nous avons entamé l’étape par la traversée de jolis champs en fleurs, ce qui a beaucoup plu à Logan qui courait joyeusement et se roulait dans l’herbe. Après quelques kilomètres, nous avons cependant rejoint un village et longé l’autoroute, découvrant de nombreux sacs poubelles et immondices jetés au bord de la chaussée. Nous avons fait une halte dans une fantastique boulangerie qui proposait des croissants croustillants et un vaste assortiment de pâtisseries toutes plus alléchantes les unes que les autres. Notre volonté de voyager léger s’est subitement dissipée et c’est la panse bien remplie que nous avons repris la route pour Isola del Liri.

Isola del Liri

La ville se nomme ainsi car la rivière Liri se divise autour du château, tombe en deux belles cascades de près de trente mètres et forme une petite île. Nous avons traversé le centre historique et admiré la plus impressionnante de ces chutes d’eau, appréciant ce spectacle très atypique. L’unique aspect fâcheux réside à nouveau dans le nombre de maisons à vendre ou en piteux état. Les immeubles situés aux abords de la rivière semblaient désaffectés et à l’abandon, ce qui contraste tristement avec la beauté de la cascade et du château attenant.

Puisqu’il était encore trop tôt pour dîner, nous avons décidé de ne pas faire de pause au centre-ville. Deux options s’offraient à nous : découvrir un beau monastère ou suivre un tracé plus court de cinq kilomètres sans point d’intérêt particulier. Comme depuis hier Logan traîne un peu la patte, nous avons privilégié la variante plus brève. Nous avons ainsi traversé Isola del Liri vers le sud et fait une pause dans une petite grotte hébergeant un autel et quelques statues religieuses. Nous avons ensuite gagné de la hauteur au milieu d’oliveraies jusqu’à Collecarino, ravissant hameau au sommet d’une colline. De là, la route jusqu’à Arpino parcourt une crête sur quelques kilomètres, offrant des points de vue sublimes sur les vallées, les montagnes lointaines, les nombreuses collines et les villages épars.

Arpino

Logan ne montrait plus la moindre motivation et nous avons dû insister pour qu’elle nous suive. Elle n’est pas blessée, mais les routes goudronnées et le soleil ont eu raison de sa volonté. Malheureusement, les deux dernières étapes ne présentent pas beaucoup de forêt et nous avons réalisé que nous pourrons difficilement terminer ce voyage de manière plaisante pour elle. Une fois arrivés à l’hôtel, nous avons étudié les possibilités et trouvé une solution pour qu’elle ne marche pas la dernière étape. Demain, nous verrons bien jusqu’où elle souhaite aller et nous appellerons un taxi dès qu’elle commencera à rechigner.

Après la douche et la lessive, nous avons mangé une tranche de pizza dans un bar avant de faire un tour dans les ruelles fleuries du vieux bourg. Nous avons croisé les Véronais, Vincent, puis Monica et Valerio, qui arrivaient après avoir courageusement emprunté le long itinéraire. Tous dorment dans le même hôtel que nous, malgré les nombreux hébergements existants.

Arpino, où Cicéron est né avant de jouer dans Gladiator, est une très belle ville, elle aussi d’aspect médiéval et située au sommet d’une colline. L’atmosphère générale y est très agréable et nous n’y avons pas retrouvé cette impression de tristesse et d’abandon. Le ciel s’est assombri peu après notre arrivée et de gros nuages d’orage ont recouvert la ville, diffusant une lumière magnifique sur les toits de tuile. La pluie est tombée alors que nous étions revenus à l’hôtel et avait cessé quand nous sommes ressortis souper.

L’unique restaurant ouvert le lundi se trouvait non loin de notre hôtel et nous y avons logiquement retrouvé les sept autres pèlerins. Les Véronais mangent un peu plus tôt que nous et avaient pratiquement fini quand nous sommes arrivés, mais nous avons à nouveau partagé une table avec nos quatre compères. Nous avons découvert les sagne e fagioli, spécialité locale délicieuse et réconfortante qui consiste en une sorte de soupe à la tomate avec des haricots et des pâtes.