L’étape du jour s’est révélée plutôt monotone et sans péripéties. Le guide précisait d’ailleurs qu’il s’agissait d’un jour propice à la méditation en nature, ce qui revient à dire que c’est une étape ennuyeuse. Nous avons marché en forêt et dans des champs sous une fine bruine, traversant le village d’Olef dans l’espoir d’y trouver un café, en vain. En fin de matinée, un petit établissement était ouvert à l’entrée de Golbach et nous y avons fait une pause avec plaisir. Un couple un peu désabusé nous a accueillis et nous a expliqué qu’ils ne pensaient plus que des promeneurs s’arrêteraient. Tout en commandant un cappuccino et une belle tranche de gâteau maison, nous leur avons annoncé qu’au moins onze marcheurs nous suivaient de près et c’est sans surprise que les sept Hollandais se sont arrêtés juste après nous. Un autre couple d’Allemands en a fait de même et les tenanciers ont alors eu l’air un peu accablés qu’autant de monde commande des cafés en même temps.
Requinqués, nous avons repris la route sans escale jusqu’à l’abbaye de Steinfeld où nous dormons ce soir. Nous avions choisi de réaliser une étape plus courte pour dormir ici, car ça semblait très pittoresque. De nouvelles chambres d’hôtel luxueuses ont été aménagées récemment et nous avons opté pour ce confort plutôt que les cellules de moines plus rudimentaires. Après nous être douchés, avoir fait notre lessive et mangé, nous avons entrepris de visiter les lieux. Et bien ce fut bref. L’abbaye est encore en activité et est dirigée par des Salvatoriens (ordre du Saint Sauveur, j’ignore comment on appelle ces frères en français). Il y a un collège, quelques cafés et une grande église, ainsi qu’un cloître gothique que nous avons failli rater car ce n’était pas indiqué s’il était ouvert au public. La seule curiosité se trouvait au centre de l’église : le tombeau d’un ancien chanoine ayant vécu ici il y a environ 800 ans était couvert de pommes. Ces fruits, déposés par des fidèles, sont en lien avec une légende qui raconte que cet homme aurait tendu une pomme à une statue de Marie qui se serait baissée pour que Jésus l’attrappe. Ne me demandez pas pourquoi le monsieur offrait des pommes aux statues… Honnêtement, si vous voyez quelqu’un en train de faire ça (et qui raconte ensuite que la statue s’est baissée), il n’y a que deux possibilités : soit il est bourré, soit il est sous LSD. Mais dans l’Église catholique, on appelle ça un miracle. Alléluia !
Il y a également un labyrinthe qui nous a fait parcourir très précisément 684 pas supplémentaires et dans lequel nous avons croisé le couple de marcheurs allemands qui n’avait visiblement pas non plus marché assez aujourd’hui. Nous avons ensuite inspecté chaque petite croix et bougie en vente à la boutique, bu un thé sur la terrasse où nous avons voulu étrangler une dame qui téléphonait sur haut-parleur à la table voisine, puis nous sommes revenus à la chambre où nous buvons tranquillement une bière avant d’aller souper.
PS : au souper, nous avons eu droit à une des plus grandes spécialités de la cuisine allemande, fierté de tout un peuple : la currywurst. C’est quand même un indicateur de la qualité de la gastronomie d’un pays quand des bouts de saucisse dans une sauce ketchup sucrée avec un peu de curry en est un monument !