Sur les traces des Romains

Pour la première fois depuis notre départ d’Aix-la-Chapelle, la météo était au beau fixe toute la journée. Quelques nuages masquaient de temps à autre le soleil pour que Logan ne souffre pas trop, mais à part cela il faisait beau et une température très agréable.

Nous avons déjeuné dans le réfectoire du cloître, appréciant d’excellents petits pains tartinés d’un miel maison savoureux. Nous sommes partis vers 9 heures par un joli sentier qui montait dans la forêt avant d’arriver dans des champs et de redescendre vers le début d’un long aqueduc romain qui amenait ingénieusement de l’eau jusqu’à Cologne entre le Ier et le 5e siècles. Cet ouvrage a été découvert lors de travaux pour la construction d’une ligne de chemin de fer et certains tronçons ont été mis au jour et restaurés.

Nous avons ensuite pénétré une forêt enchantée tapissée d’aïl des ours, dont l’odeur nous enrobait alors que nous grimpions sur un sentier rougeoyant au milieu de milliers de petites fleurs blanches et d’arbres majestueux. Il s’agissait là de la plus grande difficulté de la journée mais le cadre était si envoûtant que nous n’avons même pas songé à transpirer. Parvenus au sommet, nous avons marché dans des alpages fleuris tout aussi magnifiques, encore plus grâce aux jeux de lumière offerts par les quelques nuages masquant ça et là les rayons du soleil.

A Nettersheim, nous avons choisi de faire une halte à l’entrée du village en apercevant une boulangerie-tea room à la terrasse déjà occupée par des dizaines de cyclistes, marcheurs et motards. Nous avons hésité à avancer encore un peu et faire la pause plus loin dans le village, mais par expérience nous savons qu’il est dangereux de laisser passer de telles opportunités. Nous avons bien fait : tout était fermé ensuite et le café ainsi que les petits pains étaient délicieux ! Sans surprise, nous avons vu passer le couple d’Allemands et les sept Hollandais que nous croisons depuis quelques jours. Ces Hollandais sont plutôt marrants, car ils ne marchent pas tout à fait au même rythme. Ils se suivent donc à quelques dizaines de mètres d’intervalle, toujours dans le même ordre. Nous les avons donc numérotés et savons ainsi de qui nous parlons quand nous disons “Numéro 1 arrive” ou “Nous rattrapons Numéros 5 et 6”. Depuis deux jours, nous avons aussi commencé à les appeler comme les sept nains de Blanche-Neige, même s’ils ne sont tous plutôt joyeux et que plusieurs pourraient être professeurs. Mais nous sommes assez d’accord pour Simplet.

Dans le village, nous avons croisé un père et sa fille de Hollande également. Ils ont marché hier jusqu’à Nettersheim et y font aujourd’hui un jour de pause. Nous avons discuté quelques minutes, puis nous avons repris notre route en passant par le Centre du parc naturel de l’Eifel. Pour la première fois depuis le début du voyage, nous nous sommes trompés de route. Parvenus à un carrefour, nous avons été surpris de ne voir aucune balise et nous avons donc rebroussé chemin. Devant le Centre, nous avons alors vu qu’un poteau indicateur avait été couché en raison de travaux en cours. Heureusement, nous n’avions pas parcouru plus de 20 mètres avant de constater l’entourloupe, ce qui prouve à quel point le chemin est bien balisé !

D’autres travaux un peu plus loin nous ont poussés à emprunter la route sur deux kilomètres, ratant ainsi les fours à chaux au bord de la rivière. Nous n’aurons donc sans doute jamais l’occasion d’observer ces vestiges, puisqu’à la première étape déjà nous les avions manqués !

Nous avons par contre aperçu les fondations d’un ancien village romain, puis avons entamé une longue promenade sur une route forestière peu stimulante. Le guide mentionnait un chemin le long de la rivière mais l’eau était trop mince et lointaine pour être visible. Nous avons avancé d’un bon pas jusqu’à une cabane ombragée mais un peu lugubre où nous avons pique-niqué, à cinq kilomètres de notre destination.

Au moment de repartir, nous nous sommes retrouvés dans une longue file de marcheurs. Nous avons semé deux hommes équipés pour la traversée de l’Himalaya, salué une femme aux pantalons rouges, dépassé Grincheux dans une montée et aperçu le couple d’Allemands de loin. Nous avons ensuite rattrapé Prof et Joyeux qui attendaient leurs compères et échangé quelques mots. Ils terminent leur voyage ce soir et rentreront demain aux Pays-Bas.

Peu avant Blankenheim, nous avons découvert les restes d’un ancien canal souterrain qui permettait d’amener de l’eau jusqu’au château par un procédé que nous n’avons pas vraiment compris mais qui était sans doute fort ingénieux. Nous avons finalement atteint ledit château et notre hébergement juste à côté. 

Nous restons deux nuits à Blankenheim dans un petit appartement, car à nouveau nous n’avons pas trouvé à loger ailleurs. Nous avions prévu de profiter de la cuisine pour préparer des pâtes ce soir, mais nous avons ensuite réalisé qu’il n’y avait pas le moindre magasin dans le village. Nous aurions dû revenir avant le canal et marcher 45 minutes aller-retour pour trouver un supermarché. Cela ne nous motivait pas le moins du monde, aussi avons–nous fait le tour des commerces ouverts dans l’espoir de trouver quelque chose pour au moins deux pique-nique, car il n’y aura rien les prochains jours. A la boucherie, nous avons acheté quelques tranches de jambon et une conserve de …choucroute ! Au kiosque, nous avons déniché quelques biscuits salés. Nous tenterons encore demain matin la boulangerie. Nous avons enfin été au restaurant ce soir, car il aurait été ardu de cuisiner quoi que ce soit et nous avons préféré garder nos maigres provisions pour plus tard.