Nous avons quitté Hillesheim par une zone renaturalisée avec un petit lac algueux, un canal serpentant joyeusement dans la prairie et de nombreux aménagements pour les loisirs en plein air : promenades sensorielles à pieds nus, parcours Vita, aires de jeux, itinéraires pour tous les goûts, etc. Nous avons pu admirer un gros rapace pêcher et même une grue en vol au-dessus de nos têtes ébahies.
Nous avons ensuite traversé deux villages au milieu de la campagne et avons décidé de ne pas faire de détour pour voir une église. Nous l’apercevions bien depuis notre position et elle semblait effectivement grande, rouge et gothique, mais pas suffisamment impressionnante pour nous faire marcher une petite heure de plus.
Nous avons plutôt suivi une longue route forestière qui montait paisiblement jusqu’à une belle aire de repos. Au moment d’entamer l’ascension, nous nous sommes fait la réflexion que ce serait tranquille si nous suivions la route, puisque celles-ci sont généralement bien moins raides et escarpées que les sentiers de randonnée. C’était le cas et nous sommes parvenus au sommet sans effort. Nous y avons retrouvé le père et sa fille hollandais que nous croisons depuis plusieurs jours déjà. Ils nous ont accueillis avec une remarque comme “Ah ! C’était une rude montée !” Nous avons répondu par un sourire gêné… Une autre dame hollandaise est arrivée peu après. Elle semblait avoir envie de parler, mais nous ne souhaitions pas nous attarder trop longtemps. Quand j’ai senti que le père et sa fille allaient se remettre en route, je me suis levée et ai demandé à Pascal s’il était prêt à repartir. En deux et deux quatre, nous avons enfilé nos sacs et avons filé à travers bois, laissant les Hollandais entre eux pour une longue conversation assurément palpitante.
Au village suivant, nous avons dû rater une balise car nous nous sommes retrouvés par erreur devant le terrain de foot. Nous avons observé notre petite carte et réalisé qu’il s’agissait en réalité d’un raccourci. Nous rations le patelin et sa chapelle mais nous nous en remettrions. En nous retournant peu après, nous avons aperçu les Hollandais qui empruntaient la même voie que nous et nous avons pensé que le marquage était peut-être mauvais si tous les quatre nous avions fait faux.
La colline que nous avons gravie ensuite était perforée de grottes formées à la suite d’éruptions volcaniques. L’une d’elles est apparemment longue de plus de 40 mètres mais nous ne nous y sommes pas aventurés. Au sommet, nous avions une vue à 360 degrés sur les collines et villages alentour. Nous sommes redescendus et avons poursuivi à travers la campagne. C’était intéressant car les cultures variaient d’un champ à l’autre : pois, moutarde, maïs, blé, etc.
Nous avons fait une pause au bord d’un petit lac de rétention pour dîner, puis avons marché six minutes tout au plus jusqu’à un hôtel 4* supérieur. Nous avons décidé d’y boire un café mais sommes restés sur une table entre le parking et l’entrée de l’hôtel, estimant que nos vêtements élimés et nos chaussures crottées n’étaient pas des plus adaptées au chic de l’établissement et ses salons aux moquettes épaisses. Le réceptionniste nous a très volontiers servi des cappuccinos et nous étions reposés et requinqués au moment d’entamer la fin de l’étape.
Nous étions en réalité déjà plus ou moins arrivés à destination, mais l’Eifelsteig propose d’accomplir cinq kilomètres sur les hauteurs de Gerolstein avant de rejoindre le centre. Des falaises font en effet face à la ville, avec quelques protubérances rocheuses que les habitants ont pompeusement surnommées Dolomites. Tout comme nous trouvions surprenante la comparaison avec la Toscane il y a deux jours, nous estimons que c’est un peu exagéré de comparer ces falaises, certes photogéniques, aux Dolomites.
Nous avons fait le tour d’une dent de pierre isolée haute de plusieurs mètres avant de continuer au pied d’une longue falaise et de revenir par son sommet. De là-haut, nous voyions toute la ville de Gerolstein, qui semblait moderne mais pas belle du tout. Nous avons poursuivi dans la forêt jusqu’à atteindre une large grotte où des traces d’hommes de Néanderthal ont été retrouvées. Le père et sa fille étaient sur le point de partir quand nous sommes arrivés et ils semblaient blasés de parcourir toute cette distance supplémentaire pour voir “juste un trou très sombre”. Pour le coup je trouve que le détour en valait la peine. Ce n’est pas tous les jours qu’on marche dans les Dolomites, encore moins en Allemagne, et personnellement je ne vais pas tous les week-ends dans des grottes occupées depuis la préhistoire. Et puis en observant la carte ils auraient pu remarquer que nous allions tourner en rond et partir directement au centre-ville.
Nous avons continué dans une très jolie forêt et quelques pâturages avant de redescendre jusqu’à la ville. L’itinéraire a été modifié en raison de travaux et nous sommes ainsi revenus jusqu’à la gare. Depuis là, nous avons rejoint le centre en quête de notre hôtel. Nous avions complètement oublié de regarder sur internet où il se situait, ne connaissant que son nom et son adresse. Sans trop comprendre comment, nous avons traversé un centre commercial lugubre où tout était fermé avant de débarquer sur une petite place avec des terrasses. Nous avons demandé à des gens où se trouvait l’hôtel et l’un d’eux a pu nous renseigner : “Vous allez en haut, vous continuez un bout jusqu’au carrefour. Là, vous montez et vous continuez à monter jusqu’à l’école. Depuis là, c’est en-haut un moment, ça monte encore un peu, et ensuite à gauche, juste avant la forêt.” Autant dire que ça semblait à la fois très loin et très haut ! Nous avons suivi ses indications et rapidement nous avons quitté le centre pour traverser des zones résidentielles. Nous nous sommes demandé si nous aurions intérêt à visiter le centre-ville avant d’aller à l’hôtel, mais tous deux avions envie de poser nos sacs et nous changer. Et puis je n’avais pas le souvenir d’avoir réservé un hôtel à Rome, ça ne pouvait plus être bien loin. Le problème, c’est que plus nous avancions, plus nous nous disions qu’il faudrait rebrousser chemin et plus ça nous embêtait de le faire car ça commençait à faire loin. Nous avons donc décidé d’aller à l’hôtel et de ne pas revenir en ville même si nous n’avions au final quasiment rien vu de Gerolstein. Restait le problème du souper, mais nous avons convenu de commander des pizzas si jamais il n’y avait pas de restaurant. Après avoir dépassé une école, j’ai demandé à une dame la direction de l’hôtel et elle nous a expliqué que nous nous en approchions. Nous y sommes finalement parvenus et avons été soulagés d’y découvrir un restaurant. A la réception, une affiche proposait également des pique-nique à emporter et nous en avons commandé deux pour demain. Problèmes résolus !
Nous étions un peu déçus de n’avoir pas visité la ville mais elle n’avait heureusement pas l’air incroyable. Nous avons tout de même bien profité de la fin de la journée et avons admiré un joli coucher de soleil au-dessus de l’hôtel (il cachait les falaises). Au souper, nous avons pris une salade de concombres en entrée, souhaitant un peu de légumes et de fraîcheur. Les portions étaient immenses : il y avait au moins six-cents concombres en tranches par assiette ! Quand avec mon plat j’ai vu qu’il y avait une petite salade à côté et qu’ils y avaient remis des concombres, j’ai failli pleurer…