Nous avons quitté l’hôtel et suivi un joli chemin parallèle à une petite route sans aucun trafic jusqu’à une chapelle où nous avons retrouvé les balises de l’Eifelsteig. La montée que nous avions effectuée hier soir nous permettait de commencer la journée plus calmement et de diviser par deux la première ascension prévue aujourd’hui. Nous avons aperçu un écureuil non loin de l’hôtel, ce qui est à signaler car c’est le premier animal sauvage que nous voyions en dix jours de marche en forêt, si on exclut les scarabées, les limaces et les Hollandais !
Nous avons suivi une route forestière avant d’emprunter un sentier un peu plus escarpé jusqu’à un replat où a été construite une haute tour en bois. En grimpant à son sommet, on dispose d’une vue à 360 degrés sur la région. Ce n’est cependant pas des plus époustouflants puisqu’en réalité on voit des arbres, des arbres et encore des arbres. On aperçoit également les reliefs environnants et un bout des falaises de Gerolstein, ainsi que quelques trous rouges dont nous ignorons s’il s’agit de cratères ou d’anciennes carrières. Logan n’a nullement apprécié que nous l’attachions à un banc avant de monter sans elle sur la tour et nous l’entendions pleurer depuis le sommet. Nous n’avons donc pas traîné avant de redescendre et la délivrer de sa tourmente.
Depuis là, nous avons marché dans la forêt et le seul grand événement des deux heures suivantes a été l’observation d’une limace mangeant une banane pendant une courte pause sur un banc.
A Neroth, nous sommes passés par le village dans l’espoir de trouver un café ouvert et d’aller aux toilettes. Il y avait deux hôtels avec restaurant, mais tous deux sont fermés le mardi. Le deuxième avait la porte ouverte et une ardoise dehors avec le menu du jour, aussi avons-nous pensé qu’il était ouvert. Une dame était présente et je lui ai demandé si nous pouvions boire un café, mais elle m’a répondu que c’était le jour de fermeture. Elle a proposé à contrecœur de nous servir une boisson froide si vraiment nous le souhaitions et que nos vies en dépendaient. J’ai répondu par la négative, mais demandé à nouveau si nous pouvions avoir un petit café. Elle a rétorqué d’un air affligé que c’était impossible, puisque la machine à café était éteinte. Ah. Argument imparable !
Nous avons retrouvé le père et sa fille hollandais quelques mètres plus loin, qui faisaient une pause sur un banc devant l’église. En nous voyant, ils ont dit : “C’est vraiment dommage que tout soit fermé !” Je trouve assez incroyable que dans un petit village comme celui-ci les établissements ne s’entendent pas sur leurs jours de fermeture. Et je m’interroge d’autant plus sur le sens du commerce et de l’hospitalité de certaines personnes : nous aurions été quatre à boire un verre à ce moment-là et certainement plus tout au long de la matinée, et la dame était de toute façon présente, mais ça ne lui est pas venu à l’idée d’allumer la machine à café…
Nous avons fait une courte pause devant l’église, face au musée du piège à souris qui était également fermé. Nous sommes toutefois vite repartis pour rejoindre le couvert des arbres, car nous devions tous deux urgemment aller aux toilettes. Nous avons ensuite entamé une rude montée, la première réellement astreignante en dix jours, jusqu’au sommet d’une colline où demeurent les imposantes ruines d’un ancien château.
Depuis là, nous sommes gentiment descendus, toujours dans la forêt. Ne trouvant pas de banc, nous avons décidé de nous asseoir sur le sol tapissé d’aiguilles pour déguster le pique-nique préparé par l’hôtel. Ce n’était pas particulièrement élaboré, mais le fait d’avoir trimballé toute la matinée les sandwichs dans nos sacs les avait rendus moelleux et plutôt bons. Peu après être repartis, nous avons bien sûr découvert deux bancs à l’orée du bois, face à une jolie prairie. Mais bon, pas de regret, nous n’avions aucun moyen de connaître leur existence et si on souhaite toujours voir cent mètres plus loin si le ciel est plus bleu, on ne s’arrête jamais (proverbe chinois de mon cru).
A Neunkirchen, nous avons fait un petit crochet par le centre pour découvrir qu’il n’y avait rien, avant de passer devant un bar fermé le mardi et de rejoindre un nouveau sentier en forêt qui montait au sommet d’une autre colline. Depuis là, nous avons rapidement atteint les premières maisons de Daun. Il s’agit d’une petite ville aux constructions modernes et sans grand charme. L’itinéraire propose de faire un détour par une énième colline avec un point de vue sur la ville, mais nous avons préféré suivre la route sur une centaine de mètres et gagner le centre. En moins de dix minutes, nous étions arrivés à notre hôtel.
En fin d’après-midi, nous avons reçu un message d’Angelika et Stephan. Nous avons décidé de souper ensemble et nous sommes retrouvés dans un restaurant italien. Comme la dernière fois, nous avons passé une très joyeuse soirée. Tous deux sont extrêmement sympathiques et ont beaucoup d’humour. La conversation est fluide, même s’il m’est parfois un peu compliqué de m’exprimer avec précision dans mon allemand quelque peu fantaisiste…