Promenade sur maars

Logan ne montrait pas une motivation débordante ce matin, même si nous lui avons expliqué que nous allions marcher sur des volcans. Je ne sais pas ce qu’il lui faut !

Nous avons quitté Daun par des rues commerçantes et avons rejoint une petite banlieue quand il a commencé à pleuvoir. Les prévisions météo n’étaient pas très encourageantes mais fort heureusement la pluie n’a pas duré bien longtemps et, bien que le ciel soit resté couvert toute la journée, il n’était pas menaçant.

Nous avons traversé un joli parc où de nombreux promeneurs de chiens déambulaient entre des fontaines, un chemin des planètes et de jolis massifs, pour parvenir au premier des trois maars que nous allions successivement découvrir. Il s’agit de lacs formés dans des cratères de volcans. Certains de ces cratères sont poreux et donc vides, mais d’autres sont suffisamment étanches pour retenir de l’eau. Le troisième des cratères était d’ailleurs mi-poreux mi-étanche et donc rempli à moitié, mais cette information n’est sans doute pas des plus palpitantes. Ni d’ailleurs le fait qu’il est possible de se baigner dans certains maars, tandis que d’autres sont toxiques en raison d’émissions de gaz jaillissant des profondeurs de la terre. Mais puisque nous nous sommes bien renseignés sur les maars, il serait dommage de ne pas étaler notre grand savoir.

La photo de ces trois lacs voisins est utilisée par tous les guides de voyages et offices du tourisme de la région. On y voit trois grands yeux bleus sans paupières (mais non nimbés de flammes) au milieu de champs dorés et de forêts rougeoyantes car ils ont bien sûr pris les photos en automne, ces futés promoteurs ! Pour notre part, le ciel étant couvert, la saison moins automnale et notre altitude plus proche du sol, nous avons vu un petit lac gris à la fois. Une tour au sommet du cratère du premier maar nous permettait de grimper à dix mètres de haut pour obtenir une belle vue sur les champs et la forêt, mais nous y apercevions à peine le lac en contrebas, encore moins les deux autres.

Aux abords du troisième lac, le mi-poreux donc, un petit village plutôt charmant s’étend. Nous avons bu un café dans un hôtel qui vendait également des chocolats au fromage de chèvre. Notre soif d’aventure a toutefois ses limites et nous n’avons pas tenté l’expérience. Après être repartis, nous avons gagné de la hauteur dans les champs et retrouvé le père et sa fille hollandais. Ils feront demain un jour de pause à Manderscheid et nous ne les reverrons donc plus. Le père nous a expliqué qu’il trouvait l’Eifelsteig vraiment difficile et que cela remettait en question ses envies de marches futures. Il avait envisagé d’aller en Autriche mais si cette région est trop pentue pour lui, les Alpes risquent en effet d’être compliquées !

Après quelques kilomètres en forêt, nous avons rejoint un parking au bord d’une route. Deux dames qui étaient au même hôtel que nous hier soir étaient plantées face aux panneaux de randonnée avec leurs deux gros chiens. Elles nous ont dit qu’elles avaient perdu le fil et ne savaient plus où elles étaient et nous ont demandé dans quelle direction se trouvait Manderscheid alors que c’était écrit à moins d’un mètre au-dessus de leurs têtes. Elles souhaitaient prendre un bus pour écourter l’étape car un de leurs chiens est trop vieux pour marcher longtemps, mais elles ne savaient plus dans quelle direction partir. C’est un peu curieux parce qu’elles venaient du même endroit que nous. Elles avaient dès lors déboulé sur le parking depuis un sentier dans la forêt et non depuis le canal à l’autre bout de la place en gravier ; c’est donc vraiment difficile de ne pas savoir d’où on arrive. Sans parler qu’il y avait les panneaux pour les deux directions contenant les noms des villages… Nous leur avons proposé de regarder sur la carte de notre livre où se trouvait le prochain arrêt de bus, à quoi elles ont répondu que ce n’était pas nécessaire car elles avaient la carte sur leur natel. A ce moment-là un bus est passé derrière nous et nous étions à peu près sûrs que c’était celui qu’elles avaient prévu de prendre, mais qui sait depuis combien de temps elles s’énervaient là au lieu de regarder leur GPS… Nous avons continué et, peut-être 200 mètres plus loin, nous avons traversé la grande route à l’endroit où se trouvait l’arrêt de bus. Franchement, elles ne sont pas fortiches !

Nous avons mangé peu après dans un petit vallon marécageux fleuri. Nous trouvions amusant que de gros rochers au loin ressemblent à des buffles et nous débattions sur lequel des deux ressemblait le plus à une vache quand lesdits rochers se sont levés. Ils ont secoué leurs têtes de buffles pleines de cornes et ont commencé à paître. Nous sommes restés cois.

Après dîner, nous avons marché dans la vallée de la Lieser. Pour ne pas rompre avec les dix étapes précédentes, il s’agit évidemment de sentiers et petites routes en forêt. C’était joli et nous avons pu observer de jolis pics épeiches ainsi que d’autres volatiles non identifiés, mais nous étions à nouveau loin de l’eau et cette promenade n’avait rien de particulièrement exceptionnel. Peut-être sommes-nous blasés, mais il me semble qu’il y a des centaines de gorges, vallées et rivières bien plus marquantes que celle-ci.

Peu avant d’arriver à Manderscheid, nous avons aperçu les châteaux qui surgissaient de la forêt. Ils sont en ruines mais conservent de très hauts donjons encore imposants. Nous avons rejoint le village et trouvé notre hébergement, soi-disant une chambre d’hôtes mais dans un ancien home. C’est assez spécial. Une dame un peu évanescente vêtue d’une robe à fleurs nous a accueillis et conduits à notre chambre. Nous sommes passés devant une table où sont offerts des flyers religieux, des feuilles de prières et des bibles que nous avons hésité à ramener à l’église où ils ont sans doute été volés. Depuis le moment où j’ai réservé cet endroit, je dis à Pascal que j’ai des craintes quant à ce village et cet hébergement qui semblent un peu douteux. C’est confirmé.

Nous avons fait un petit tour du village et constaté que la majorité des commerces sont définitivement fermés. Le contraste est étonnant entre les maisons à l’abandon et les jolis jardins fleuris et soignés des autres. Quelques musées semblent aussi avoir mis la clé sous la porte. Nous nous étions résolus à souper au kebab voisin, seul restaurant visiblement ouvert, quand Pascal a découvert un peu par hasard un bar et une trattoria. Nous nous demandons bien ce que feront le père et sa fille pendant toute une journée ici demain !