Parcours du combattant

31, c’est le nombre de piqûres de moustique recensées ce matin sur mes jambes, mes bras et ma nuque. Si la plupart ne me gênent pas, certaines se sont un peu emballées pendant la nuit et forment de grosses plaques rouges et rigides, comme cela avait été le cas derrière mon mollet il y a une bonne semaine. J’ai une plaque derrière la cuisse qui fait bien 15 centimètres carrés, ce qui me semble un peu disproportionné pour une petite piqûre de moustique…

Premier round

L’hôtel était effectivement plus cher que prévu, mais valait néanmoins son prix. Nous avons déjeuné copieusement et avons repris la route en pantalons et non pas en shorts, car ils annonçaient de la pluie. Nous avons bien fait, car les chemins avaient souffert de l’orage d’hier soir. Les sentiers de terre s’étaient transformés en mares de boue dans lesquelles nous nous enfoncions jusqu’aux chaussettes. Vive nos chaussures basses… Le pied restait parfois ventousé au sol, rendait la progression laborieuse et me faisant craindre d’y laisser une godasse. Le sol était impraticable, les limaces étaient logiquement de sortie pour mon plus grand bonheur et les moustiques se sont rapidement joints à la fête. Des escadrons de moustiques qui terminaient le travail commencé hier par leurs congénères. Nous avons enfilé nos pulls, fermé les cols jusque sous le menton pour leur offrir moins de zones à bouffer, mais ces sales bêtes nous piquaient à travers nos vêtements. Elles s’attaquaient aussi à Logan, qui ne comprenait pas pourquoi nous lui mettions des baffes et nous regardait de son air attristé.

Le sentier était très mal entretenu et passait ensuite dans des hautes herbes détrempées plus grandes que nous, auxquelles se mêlaient bien sûr ronces et orties. Pour résumer : nos pieds restaient englués au sol, il fallait veiller à ne surtout pas écraser une limace sous peine de mourir de dégoût, des ronces s’accrochaient à nos vêtements, les orties nous piquaient les cuisses à travers les pantalons mais également les mains et le visage à découvert, les hautes herbes nous mouillaient et ces connards de moustiques ne nous laissaient aucun répit. Pour tout vous dire, j’ai proféré de nombreuses insultes pendant la traversée de cette jungle…

Bad Waldsee

A Bad Waldsee, Pascal s’est rendu dans une pharmacie pour acheter un spray anti-moustiques à l’efficacité douteuse, pendant que Logan et moi faisions une pause devant l’église fermée. Si les villes nous avaient totalement séduits entre Nuremberg et Nördlingen, ce n’était plus vraiment le cas ensuite, jusqu’à Ulm compris qui nous a laissés assez indifférents. Depuis quelques jours, les villes et villages sont à nouveau soignés et charmants, ce qui rend leur traversée très agréable. Cela donne envie de revenir dans cette région pour des vacances et prendre le temps de bien visiter.

Deuxième round

Après une nouvelle pause à Arisheim sur une jolie aire de pique-nique, nous avons marché encore un moment dans les champs de maïs, par courts instants dans des bois, avant de rechercher un endroit où manger. Comme le sol était humide, nous cherchions de préférence un banc un peu abrité et ne voulions pas manger assis par terre ou sur nos sacs. Nous avons aperçu de loin un banc idéal à l’orée de la forêt et avons décidé de nous y arrêter. Sauf qu’en nous approchant, nous avons remarqué que juste derrière ce banc devaient se trouver les toilettes publiques de tous les villages alentours. L’odeur était nauséabonde, les mouches volaient par dizaines, nous avons passé notre chemin et nous sommes enfoncés dans les bois.

Quelques kilomètres plus loin, nous avons repéré un très joli couvert dans la forêt avec un banc immense. Parfait ! Nous nous sommes approchés, je commençais à enlever mon sac quand j’ai aperçu une guêpe, puis une autre, et encore plein d’autres. J’ai dit à Pascal : “Y a un nid de guêpes, on part !” En me retournant, j’ai remarqué que toutes tournaient autour de Logan qui, apeurée, essayait de les mordre. L’une d’elle a planté son dard dans sa patte arrière et Logan est partie en courant et en criant. Nous l’avons rattrapée dehors alors qu’elle se roulait dans l’herbe, pleurant de douleur et bougeant de façon frénétique. Elle ne cessait de mordiller sa patte arrière avant de retirer sa gueule en criant. Nous l’avons immobilisée. En inspectant sa patte, j’ai réalisé que la guêpe était toujours là, entre les poils. J’ai saisi la pince à tiques et l’ai retirée, avant d’enlever le dard qui était resté planté. Logan ne semblait pas avoir piquée sur le museau ou dans la bouche, heureusement. Nous avons regardé ses autres pattes qui n’avaient rien non plus.

Nous ne savions pas trop que faire et il n’y avait aucun réseau dans cette épaisse forêt. Nous avons alors décidé de continuer à marcher, rapidement, pour être plus proches de la civilisation si tout à coup Logan réagissait mal à la piqûre. Nous étions de plus attaqués par des moustiques de façon ininterrompue depuis une heure et nous réjouissions de quitter cette forêt trop humide.

Logan pleurait par moments et ne cessait de se rouler dans l’herbe et la terre, mais elle avançait malgré tout. Nous avons versé de l’eau froide sur la piqûre après un petit moment et celle-ci n’avait pas du tout enflé. Nous étions alors rassurés mais cela nous brisait le coeur de voir notre petite chienne souffrir. Dès que j’ai eu un peu de réseau, j’ai envoyé un message à ma soeur pour qu’elle se renseigne sur les piqûres de guêpes sur les chiens. Nous n’étions pas particulièrement inquiets mais préférions être informés des complications possibles et des symptômes à observer.

Nous avons marché encore plusieurs kilomètres dans cette forêt interminable, dévorés par les moustiques, progressant dans la boue. A chaque fois que nous trouvions un coin un peu au sec, nous nous arrêtions quelques secondes pour voir si les moustiques nous accordaient un peu de répit, en vain. Nous avons donc marché sans arrêt jusqu’à Köpfingen, à 3,5 kilomètres de notre destination. Là, hors de la forêt, dans ce minuscule village perdu au milieu des champs, nous avons trouvé un banc ravissant à côté d’une fontaine. Pas une seconde d’hésitation, nous avons posé nos sacs au sol puis nos séants sur le banc. Nous nous sommes bien reposés et sommes repartis motivés pour Weingarten, heureux de savoir qu’il nous restait moins d’une heure à marcher.

Weingarten

La basilique de Weingarten est, d’après notre guide, la plus grande église baroque d’Allemagne. Comme nous avions déjà raté la plus belle église de village au monde par simple fainéantise, nous avons choisi de visiter celle-là. Je n’aime d’habitude pas l’art baroque, que je trouve beaucoup trop chargé, mais cette église m’a beaucoup plu. Elle est effectivement très haute et large, avec des volumes impressionnants. Peinte en blanc, avec des fresques très colorées au plafond, elle semble encore plus grande tant elle est lumineuse. L’intérieur reste assez épuré, malgré les grands retables dorés très chargés qui viennent rappeler que c’est quand même une église baroque.

Nous sommes descendus au centre-ville après la visite de la basilique et avons réalisé à cet instant que nous n’avions pas l’adresse de notre hôtel. L’office du tourisme était fermé, je m’apprêtais à demander la direction à une vendeuse de fruits ambulante quand une femme s’est approchée et m’a proposé son aide. Elle nous a menés jusqu’à l’hôtel, qui se trouvait non loin de là où elle se rendait. C’était très sympathique de sa part et elle a même fait un détour pour nous amener là où nous voyions l’hôtel, pour être sûre que nous le trouvions. Quelle charmante femme !

La ville est très belle et nous aurions bien voulu nous y promener un moment, mais nous étions fatigués et avons préféré rester tranquilles à l’hôtel. Voyant qu’il y avait une bouilloire dans la chambre, nous sommes tout de même allés faire quelques commissions. Nous avons acheté ces nouilles asiatiques en pots dans lesquels il suffit d’ajouter de l’eau bouillante, et une petite boîte en plastique chacun. Les chefs étoilés n’ont qu’à bien se tenir, nous allions réinventer la cuisine une fois de plus !

Nous avons soupé les nouilles qui étaient meilleures que ce que nous pensions, puis avons fait cuire dans les boîtes en plastique ce qu’il nous restait de pâtes grâce à l’eau chaude. Mélangées avec le reste de pesto, nous avions préparé notre dîner de demain. C’est la première fois que je cuis des pâtes dans un Tupperware…

Check santé

La piqûre sur ma main droite n’a cessé d’enfler pendant la journée, faisant de plus en plus ressembler celle-ci à un gant en latex dans lequel on souffle. On ne distingue plus vraiment mes phalanges délicates et je peine à serrer le poing car la peau est bien trop tendue. C’est néanmoins une des seules piqûres qui ne me gratte pas et elle me fait une main rigolote, donc je l’aime bien.

D’autres piqûres se sont lâchées pendant la journée, notamment derrière mes jambes. Si ça ne va pas mieux demain matin nous passerons en pharmacie.

Mes pieds vont bien et je n’ai plus de douleurs dans les orteils. J’ai une petite cloque sur le talon gauche qui me gêne un peu mais devrait partir assez vite.

Le bleu que m’avait fait Logan en me frappant avec son tronc d’arbre a enfin disparu. Pas de courbatures, ni de douleurs dans les articulations.

Pascal va bien aussi. Il réagit normalement aux piqûres de moustiques et a été un peu plus épargné que moi. Il a un peu mal sur les tibias mais rien d’inquiétant.

Logan a le museau un peu bosselé à cause des moustiques. La piqûre de guêpe semble déjà oubliée et n’a pas du tout enflé. Sa coupure à la patte est elle aussi complètement guérie.

Nous sommes donc tous les trois plutôt en forme !