C'est parti !

Nous voici enfin en route !

Notre guide suggérait de prendre le bus pour éviter de marcher les cinq premiers kilomètres. Comme notre première étape hier représentait un jour de repos et de visite, nous étions assez motivés à débuter notre pèlerinage à pied plutôt qu’en bus... Sinon, tant qu’à faire, nous aurions pu prendre un train jusqu’à Rome et ça aurait été plus rapide. Les guides de marche ont cela d’amusant qu’ils déconseillent toujours de marcher en ville. Seule la nature a de la valeur à leurs yeux et tout ce qui est goudronné doit être évité à tout prix. Pascal et moi aimons au contraire bien traverser des villes car cela change un peu des forêts et des champs.

Nous avons choisi d’effectuer une étape assez courte pour commencer. J’ai eu la merveilleuse idée de me déchirer les ligaments de la cheville il y a tout juste un mois et il serait idiot de vouloir forcer. Ma cheville est toujours enfle et douloureuse au toucher, mais par chance elle ne me gêne aucunement lorsque je marche. Je porte par précaution une chevillère, d’une part pour prévenir tout faux mouvement lorsque le terrain est instable, mais surtout pour me rappeler de prendre garde où je pose les pieds. Pour Logan également, nous préférions débuter gentiment et voir comment elle se porte. Il faut dire qu’elle parcourt beaucoup plus de distance que nous en ne cessant jamais de courir.

Après avoir nourri Logan ce matin, nous devions attendre une bonne heure qu’elle digère un peu avant de prendre la route ; son estomac pourrait se retourner si nous ne respectons pas ce délai. Nous en avons profité pour faire nos exercices de gainage (spéciale dédicace à Virginie) et empaqueter nos affaires. Les habitudes reviennent vite et nous retrouvons déjà nos vieux réflexes. Nous avons ensuite quitté l’hôtel alors que notre ami trompettiste débutait ses gammes et nous sommes rendus au centre-ville pour acheter à manger. Pour quitter le centre, nous sommes passés par l’allée dédiée aux Droits de l’Homme. En dépit de son triste passé de haut-lieu nazi avant et pendant la guerre de 39-45, Nuremberg a choisi dans les décennies qui ont suivi de lutter contre le nazisme et toute forme de racisme. Les procès des hauts dirigeants nazis qui s’y sont déroulés témoignent de la volonté de la ville de tourner cette sombre page de son histoire, et l’allée des Droits de l’Homme rappelle à chaque passant l’importance de la liberté et de la tolérance.

Pour rejoindre le chemin de Saint-Jacques au sud de la ville, nous avons dû traverser la gare, puis suivre une longue artère dans la périphérie de Nuremberg. C’est cette section que le guide voulait à tout prix que nous évitions. Certes, ce tronçon n’était pas des plus intéressants, mais les rues se révélaient néanmoins propres et les maisons bien entretenues. Nous avons traversé ces quartiers en une heure environ avant d’apercevoir les premières coquilles sur les lampadaires et poteaux, qui nous guideront jusqu’en Suisse. Une fois sorti de la ville, le chemin longeait le Ludwigskanal, un canal stagnant qui ne doit plus être utilisé de nos jours. La promenade d’une dizaine de kilomètres s’est révélée agréable, sur un sentier en terre plat et ombragé, les écluses aujourd’hui inutiles jalonnant le parcours. De nombreux promeneurs et cyclistes empruntaient également ce chemin, sur une rive ou l’autre. Nous avons croisé des dizaines de chiens avec lesquels Logan a pu jouer. Elle était étonnamment bien plus fatiguée que nous à l’arrivée…

Nous avons pique-niqué sur un banc au bord de ce canal et avons enfin pris conscience que nous étions réellement à nouveau en route. Cela fait du bien, de porter tout ce dont nous avons besoin, d’oublier pour quelques mois le superflu, d’écouter son corps et arrêter le temps.

Arrivés à Kornburg, nous avons rejoint le petit hôtel que nous avions contacté hier. Apparemment, “Favre” est un nom terriblement compliqué pour les Allemands et ils avaient été incapables de noter correctement la réservation. Par chance, une chambre était encore disponible. Nous avons posé nos sacs, pris une douche, lu un moment puis fait des étirements (nouveau clin-d’oeil à notre chère phsyiothérapeute). Même si l’étape d’aujourd’hui était courte et à plat, nous sentons déjà des courbatures poindre. Faibles nous !

L’hôtel possède également un restaurant où nous avons soupé. Si nous avions perdu quelques calories en marchant, nous en avons au moins ingéré le double ce soir… A Nuremberg, nous avions profité de manger de tout sauf de la cuisine locale, anticipant le fait que nous allions être gavés de saucisses les jours suivants. Nous avons bien fait. Saucisses, choucroute, patates, boudin, abats, n’importe quel morceau de viande frit,... J’ai l’impression, deux heures après, de transpirer de l’huile…