Grüezi

Nous avons eu l’impression de déjeuner dans un tunnel. La radio grésillait tant par moments que plus aucune note n’était identifiable, coupait ensuite complètement avant de laisser s’échapper un couplet dans une qualité honorable. C’était très désagréable et nous en sommes presque arrivés à regretter les musiques folkloriques allemandes qui ont accompagné bon nombre de nos déjeuners en Allemagne…

Plus légers

Nous avons préparé hier un colis avec toutes les affaires que nous n’utilisons plus ou pas pour les renvoyer à la maison. Des bouquins, ma chevillière, le guide pour le tronçon en Allemagne, etc. Nous avions prévu de renvoyer toutes les affaires que nous n’avions pas sorties du sac en deux semaines, y compris les sacs de couchage, mais en réservant les prochains hébergements hier nous avons trouvé des gîtes qui ne fournissent pas de draps. Enfin nous allons pouvoir utiliser notre matériel ! Nous nous sommes malgré tout séparés d’un peu plus de deux kilos qui ne pèseront pas sur nos articulations dans les étapes à fort dénivelé qui nous attendent.

Après un saut à la Poste pour envoyer le colis, nous avons rejoint le chemin à la gare de Kreuzlingen. Ce n’est pas par chauvinisme que je dis ça, mais le balisage suisse est franchement meilleur que l’allemand ! Un autocollant chaque deux lampadaires, des flèches un peu partout, des panneaux avec les noms des villages et les distances : toute la journée a été une franche rigolade.

Chemin de croix

Nous avons quitté la ville par une forêt sur une colline. Une rivière s’écoulait là, dans laquelle Logan a pu avoir son quart d’heure de folie matinal. L’air était humide en raison des pluies de la nuit mais le sentier était impeccable. La lumière était douce, tamisée par les très hautes branches, créant une ambiance de conte de fée. Nous aurions pu nous trouver dans une forêt magique. Le chemin montait en pente légère, puis devenait un chemin de croix. Je n’aime pas les chemins de croix. C’est toujours trop pentu. A mesure que Jésus tombait, le chemin devenait plus raide. Au moment où on lui ôtait ses vêtements, l’apogée, des volées de marche jusqu’à ce qu’il soit crucifié. Les gens qui mettent en place les chemins de croix ont trouvé une sacrée façon de tenir en haleine le spectateur et le faire arriver autant claqué que Jésus à la dernière station ! Ils auraient pu penser à mettre des pièges pour qu’on trébuche aussi trois fois…

Charmant paysan

Après quelques kilomètres, nous nous sommes posés sur un muret au bord d’un champ pour faire une pause. Le muret appartenait à un parking, nos pieds, Logan et le sac de Pascal étaient dans le champ. Le paysan propriétaire de ce champ a dû calculer son coup, car au moment où nous nous sommes assis il a commencé à labourer son terrain avec une énorme machine. Il a commencé sur le côté, est arrivé à notre hauteur, nous pensions qu’il allait tourner sa machine pour labourer la bande suivante, mais il a préféré retourner son champ en “spirale”. Il a longé le muret dans notre direction, ne freinant pas, ne s’écartant pas. Nous avons juste eu le temps de sauter sur le parking, de faire monter Logan et d’empoigner le sac de Pascal avant que la machine ne plante ses longues lames dans la terre où se trouvaient nos pieds deux secondes plus tôt. Il y a sans doute des façons plus courtoises de demander à de braves marcheurs de ne pas fouler sa terre… Pour la peine, nous avons prolongé un peu notre pause.

Les paysages ne sont pas très différents de ceux des derniers jours, même si la forêt a cédé du terrain à de larges prés verts. Il y a par contre des fontaines un peu partout, avec en prime de l’eau toujours potable. Poubelles et bancs sont aussi plus fréquents. Nous avons traversé quelques petits villages de campagne dans lesquels tout le monde nous saluait joyeusement, changement radical. Et puis bon, la Suisse est un pays mal plat et même si l’étape d’aujourd’hui était tranquille, c’est la plus vallonnée que nous ayons faite jusqu’à maintenant. Saletés de collines !

Pause de midi

Il a commencé à pleuvoir quand nous sommes arrivés à Amlikon. Pas d’abribus, de banc couvert, de couvert, nous avons demandé la permission à un bar de pique-niquer sur sa terrasse abritée si nous buvions un verre. A peine installés, la pluie a redoublé d’intensité et nous avons attendu patiemment que ça se calme pour reprendre la route.

La règle internationale du K-way s’est appliquée ensuite pendant les deux heures qu’il nous restait à marcher : dès que nous enfilions nos imperméables la pluie cessait, pour reprendre de plus belle dès que nous les rangions. Mouillés, trop chaud, mouillés, trop chaud…

Tobel

Nous avons atteint Tobel en milieu d’après-midi. Nous logeons chez une famille qui a une grande ferme et met une chambre à la disposition des pèlerins. C’est très sobre, mais la literie semble de bonne qualité et la douche était parfaite. Nous n’aurions pas pensé trouver des hébergements bon marché pour pèlerins aussi facilement en Suisse alors qu’en Allemagne nous avons été d’hôtel en hôtel pendant deux semaines…