De retour à la maison

Pas de réveil ce matin : l’étape qui nous attendait était assez courte et nous avions besoin de récupérer un peu de sommeil. Nous n’avons en effet pas beaucoup dormi ces dernières nuits et cela n’est pas idéal après les longues heures de marche. Les muscles ont besoin de se reposer, le corps de se régénérer.

Terre celte

Nous avons rejoint Leukerbad en train puis en bus et avons commencé à marcher vers 10h15. La descente jusqu’à Inden nous a conduits à une pierre celte dans laquelle un demi-cercle a été creusé. Elle a été découverte au 18e siècle déjà et ses morceaux ont été recollés il y a un an. Cette large pierre plate date d’entre 5200 et 2200 avant JC et sa fonction reste inconnue. Je trouve la plage un peu large et le fait qu’on ignore l’utilité de cette pierre creusée ne contribue pas à rendre le site très intéressant. En réalité, nous avons même presque regretté avoir parcouru vingt mètres pour observer ce caillou recollé. Je me demande d’ailleurs comment ils peuvent être certains que c’est une pierre celte et pas romaine ou plus récente, s’ils ont une marge de 3000 ans… Malgré tout, cela reste le premier site, ou plutôt caillou archéologique que nous voyons depuis le début de notre voyage. C’est étonnant qu’en un mois nous n’ayons pas vu la moindre ruine plus vieille que ce brave Jésus.

Mon beau Valais

Après cette rapide visite pas forcément digne d’intérêt, nous avons traversé le petit village d’Inden avant de longer les falaises. Un sentier étroit et déconseillé aux personnes ayant le vertige a été creusé à même la paroi rocheuse. Le vide sur notre gauche était impressionnant, avec parfois une centaine de mètres avant la route en contrebas. La falaise à droite s’effritait un peu et nous espérions qu’aucune secousse ne viendrait perturber cette zone tant que nous étions là. Le chemin était cependant assez large et régulier pour que nous avancions sans crainte et ce décor atypique changeait des alpages traversés depuis que nous sommes en Suisse. C’était pour tout dire très beau.

Nous avons ensuite quitté la falaise et viré de 90° à droite pour nous retrouver sur le flanc Sud de la montagne et enfin progresser parallèlement au Rhône bien plus bas dans sa vallée. Nous nous trouvions enfin dans ce Valais sec et merveilleux dont nous avons l’habitude. Le changement a été radical, soudain, tellement que nous avons été surpris et n’avons presque pas reconnu ces paysages. La sécheresse, les pins tout autour de nous, les insectes qui chantaient. Et cette odeur reconnaissable entre mille. On aurait dit la Provence, la Sardaigne peut-être. Le soleil brillait et aucun nuage n’osait masquer ses rayons. Un léger vent rendait la température agréable.

C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que le climat valaisan est vraiment différent du reste de la Suisse. Après avoir traversé ce beau pays par ses forêts et ses alpages, longé des lacs magnifiques, nous arrivions dans un environnement totalement nouveau et unique. Bien connu malgré tout. Nous arrivions à la maison.

Nous avons rejoint le bisse de Varône après un bon quart d’heure sur une route goudronnée en plein soleil. Il nous a semblé avoir plus transpiré sur ce petit tronçon que lors de toute l’étape d’hier… C’est Pascal qui souhaitait passer par là car il adore ce bisse. Il est effectivement très beau avec ses pins, ses points de vue sur la vallée du Rhône et son cours d’eau taillé dans la pierre. Il était malheureusement à sec sur la première moitié, ce qui demeure compréhensible vu la sécheresse. Nous étions juste tristes de ne pas avoir Logan avec nous. Elle aurait pu courir et jouer dans l’eau comme elle le fait toujours.

De retour à la maison

A la fin du bisse nous avons traversé la Raspille, quittant par là-même les terres germanophones pour revenir en zone francophone. Après un mois à parler allemand, il faudra que nous fassions un effort pour ne plus dire “Grüezi” à tout le monde…

Nous sommes redescendus sur Miège par un chemin escarpé, soulagés de ne pas porter nos sacs Yvon et Curdin. La fin de l’étape nous a ensuite paru interminable. Nous pouvions voir notre maison sans que celle-ci ne se rapproche jamais. Nous étions presque chez nous mais pas encore. Nous avons traversé Miège, puis Veyras, avant de finalement atteindre Sierre. Nous sommes arrivés à la maison main dans la main en nous disant : “tu te rends compte, on a marché depuis l’Allemagne jusqu’à chez nous ?”

La première grosse partie du voyage est ainsi terminée. Il me semble ce soir que nous avons terminé notre voyage, car nous sommes chez nous comme d’habitude et nous venons d’accomplir une étape très symbolique. Mais demain, pour la première fois, nous marcherons sur la Via Francigena et nous nous éloignerons de chez nous. Je me réjouis de repartir et retrouver notre bulle loin du monde.

Contrôle santé

Je ressens une légère douleur dans le genou droit depuis quelques jours et je ne voudrais surtout pas que cela tourne en tendinite. Etirements, glace, renforcement, massages, anti-inflammatoires : je fais tout ce que je peux pour éradiquer cette gêne au plus tôt. Sans Yvon, il est plus épargné dans les descentes et j’ai choisi de marcher avec une petite attelle aujourd’hui pour le soulager encore plus. Je ne l’ai pas du tout senti en marchant et j’espère que ce sera de l’histoire ancienne rapidement.

Pascal va très bien et n’a mal nulle part. Quant à Logan, nous retournons lundi chez le vétérinaire et espérons qu’il nous autorisera à la reprendre avec nous.