Le retour de Logan

Nous avons croisé Rainer alors que nous achetions notre déjeuner dans une boulangerie. Il n’y avait pas beaucoup de choix et nous avons pris des croissants à la confiture d’abricot, spécialité typiquement italienne qui nous rebutait un peu mais s’est avérée très bonne. Nous sommes montés jusqu’à l’église, puis encore une centaine de mètres pour rejoindre un bisse qui longe le coteau, le Rû de la Plaine. Nous avons rattrapé Rainer là et avons marché ensemble pendant une bonne heure. C’est pour le coup certainement le dernier jour que nous le voyons car nous faisons quelques étapes plus courtes que lui avec le retour de Logan. Celle-ci se portait d’ailleurs très bien et il s’est révélé très frustrant de ne pas pouvoir la lâcher pour qu’elle s’ébatte dans le bisse quand celui-ci était visible et accessible.

Nous avons fait une pause à Saint-Vincent et Rainer a poursuivi son chemin. Il ne s’est ensuite pas déroulé grand chose. La promenade était agréable et nous passions non loin de très beaux châteaux qui dominaient la vallée depuis leurs collines. Nous avons marché dans des forêts, les quittant pour traverser des petits villages à moitié abandonnés. Le chemin passait ensuite sur l’ancienne Route des Gaules romaine et nous apercevions par endroits les traces laissées par les chars. Les forêts ont cédé leur place à quelques vignes en terrasse et des arbres fruitiers, notamment un grand nombre de kiwitiers (ça se dit actinidias mais kiwitiers c’est plus logique…), de figuiers et de pêchers.

Alternative en plaine

A Montjovet, nous avons préféré suivre l’ancienne Via Francigena qui longe le fleuve. Le nouveau tracé passe sur les hauteurs. Les distances sont sans doute égales mais comme Logan doit encore éviter les montées et descentes nous avons choisi l’alternative la plus plate. Nous avons donc traversé le fleuve et avons marché sur ses berges puis sur de petites routes parallèles. Nous avons été quelque peu empruntés et surpris à un moment, quand nous avons aperçu à une centaine de mètres une vieille femme qui poussait une poussette. Elle était entourée d’une trentaine de chèvres, guidées par trois chiens. Tout ce petit monde arrivait en face de nous et nous ne savions pas trop comment procéder avec Logan. Celle-ci est toujours intéressée par les autres animaux et nous voulions éviter que les chiens la considèrent comme une menace si nous approchions trop des chèvres. Nous avons fait un grand détour par un champ et les trois chiens se sont rués sur nous. Logan ne faisait pas la fière, la dame ne rappelait pas ses animaux et nous nous sommes rapidement éloignés avec les trois chiens qui nous hurlaient dessus. La rencontre s’est néanmoins plutôt bien déroulée et Logan n’a même pas semblé remarquer les chèvres.

Nous avons mangé assis par terre dans un petit hameau terne. Nous étions adossés contre un muret, à l’ombre de grands arbres. Un abribus se trouvait quelques mètres plus loin avec un banc, mais il était en plexiglas et la température à l’intérieur était décuplée. Notre emplacement nous a paru bien plus confortable même si les automobilistes nous regardaient bizarrement en passant.

Verrès

Il nous restait ensuite une grosse heure de marche sur des petites routes tout à fait inintéressantes. Nous avons finalement traversé à nouveau le fleuve pour entrer dans Verrès où nous avons rapidement trouvé notre auberge de jeunesse. Il doit s’agir d’un ancien bâtiment industriel transformé en hébergement. J’ignore si la transformation est toujours en cours, mais si ce n’est pas le cas elle n’est pas aboutie. Notre chambre est austère et laide, le mobilier est bon marché et la literie épouvantable. Il n’y a que deux douches et deux toilettes pour tout l’étage et elles sont plutôt sales. Aucune porte ne se ferme correctement. Depuis la fenêtre de notre chambre, nous avons une vue imprenable sur une entreprise qui ressemble à une décharge avec un parc à cuvettes de toilette usées.

Nous avons fait un petit tour dans la ville, qui s’est révélée très grise et délabrée. A 17 heures un samedi après-midi, il n’y avait pas un chat et la plupart des commerces étaient fermés. Nous avons mangé une glace, avons acheté du raisin et sommes finalement rentrés.