Nouveau départ de Mortara

Nous avons laissé Logan à l’hôtel ce matin et avons effectué une petite étape pour qu’elle ne reste pas seule trop longtemps. Nous nous attendions à une étape ennuyeuse ; nous n’avons pas été déçus ! Après avoir quitté la ville, nous sommes passés devant un monastère en très mauvais état. Puis, nous sommes entrés dans les fameuses rizières de la plaine du Po. Le ciel était couvert, la brume recouvrait les champs et il faisait frais. Un paysage morne et monotone.

Nous avons très rapidement remarqué que la carte de notre petit guide nous serait plus utile que le balisage du chemin. Sans celle-ci, nous nous serions retrouvés à Gênes. Avec celle-ci, nous nous sommes perdus aussi. A la première intersection, nous avions le choix d’aller à gauche ou à droite puisque le chemin ne continuait pas tout droit. Un simple autocollant indiquait que nous étions bien sur la Via Francigena mais aucune flèche ne venait nous fournir d’indices sur la direction à emprunter ensuite. A ce moment-là, nous ignorions que ce serait le croisement le mieux balisé de l’étape. Le seul ! Nous avons donc avancé pendant environ deux heures en nous repérant tant bien que mal sur notre petit plan et avons finalement décidé de ne pas nous énerver plus longtemps et rejoindre la route. Alors que nous avions quitté la Via Francigena, un autochtone en automobile est parvenu à notre hauteur et nous a indiqué que nous n’étions pas sur le bon chemin. Quand nous lui avons expliqué notre décision de rejoindre la route, il a répondu que c’était sans doute le mieux à faire, car il n’y avait rien à voir dans les rizières si ce n’est des moustiques. Il a précisé que des balises sont régulièrement placées mais qu’elles sont rapidement arrachées quand les paysans travaillent leurs champs avec de gros tracteurs. Peut-être faudrait-il qu’ils trouvent des solutions plus judicieuses que de petits autocollants sur les grains de riz…

Nous avons ainsi rejoint la route à Remondò ou nous avons fait une pause. Cela aussi est agaçant dans les rizières : il n’y a aucun banc, aucun endroit sec où se poser, aucun abri et aucun village avant des dizaines de kilomètres. Parfois, le chemin passe à travers un hameau à moitié, voire complètement abandonné mais les derniers habitants n’ont pas encore compris le potentiel de cette voie de pèlerinage. Il suffirait qu’ils installent un petit banc devant chez eux avec une table, quelques biscuits, un thermos de café et une caissette et absolument tous les pèlerins y feraient une halte, laissant quelques pièces pour le café. Si l’un d’eux me lit, il y a moyen de gagner quelques sous et se faire aimer !

Deux grands hommes se rencontrent

La route était fréquentée et les voitures roulaient très vite. Heureusement, il y avait au moins un mètre sur le côté tout le long et ce n’était ainsi pas trop dangereux. Nous avons parcouru très rapidement environ quatre kilomètres, avançant bien plus vite sur le goudron que dans le sable des champs. Nous avons ensuite rejoint la Via Francigena peu avant Tromello et sommes parvenus au village vers midi. J’ai ressenti une immense émotion alors que nous le traversions : la Via Garibaldi prolongeait la Via Cavour et pour la première fois de ma vie j’avais un pied sur chacune d’elles ! Depuis dix ans environ, je photographie tous les panneaux “Via Cavour” et “Via Garibaldi” que je vois et ma collection est déjà bien étoffée. Il faut dire que ces deux héros de l’unification italienne ont donné leur nom à bon nombre des principales rues de chaque ville et village d’Italie. C’est un peu comme Heidi en Suisse, sauf qu’eux ils ont des rues. Du coup ce n’est pas vraiment comme Heidi en fait… Bref, c’est la première fois que je pouvais photographier en même temps les deux rues et cela m’a procuré un sentiment de plénitude rare.

Mortara again

Nous avons mangé à la gare en attendant le train puis sommes rentrés à Mortara. Logan se porte beaucoup mieux et ne boite plus du tout. Nous la laisserons encore au repos demain par précaution et si tout va bien nous repartirons tous les trois lundi pour aller jusqu’à Pavia. Nous avons profité de l’après-midi pour rattraper le retard accumulé dans la publication des articles et photos sur notre blog, nous sommes reposés et avons mangé des glaces. Le soir, nous avons soupé dans le restaurant de l’hôtel où nous logeons. Ils proposent une cuisine locale et familiale et le restaurant est toujours plein à craquer d’Italiens. Nous avons tous deux pris un plat d’antipasti délicieux puis un risotto aux bolets qui s’est révélé succulent.