Visite ratée de Pavia

Départ de l’hôtel tôt ce matin pour attraper le bus de 7h23 en direction de Gropello Cairoli. Nous étions un peu en retard et n’avons pas eu le temps d’acheter de quoi déjeuner, arrivant à la gare à 7h20. En regardant les horaires affichés pour connaître la voie, nous avons réalisé qu’il n’y avait pas de train à 7h23 mais que le prochain partait à 7h36. Nous avons rapidement compris que nous avions regardé le tableau des arrivées hier après-midi et non pas des départs… Un petit regret de ne pas avoir pu dormir treize minutes en plus, rapidement effacé par la possibilité soudaine d’acheter à manger. Nous sommes donc ressortis de la gare et avons acheté des croissants à la confiture d’abricot (nous commençons à bien aimer !) et de la focaccia pour midi. C’est au final tout tranquillement, l’estomac plein et même en avance que nous avons rejoint la bonne voie.

Dans les champs

L’étape a débuté dans les champs, le long d’un joli canal. Les agriculteurs ont commencé la récolte de leurs céréales et de plus en plus de champs sont fauchés. Les couleurs demeuraient cependant aussi belles qu’hier et cela a constitué un réel plaisir de marcher dans cet environnement. De très beaux nuages ornaient le ciel, fins et étirés pour certains, comme des troupeaux de moutons pour d’autres. Ils apportaient un peu d’ombre sans toutefois nous faire craindre que la pluie arrive.

Ticino

Après le village de Villanova d’Ardenghi, nous avons rejoint une route en forêt, puis un petit sentier le long de la rivière Ticino. Celle-ci est merveilleusement belle ! Elle est très large et calme en surface, s’avançant par méandres au milieu de la nature sauvage. Une réserve naturelle l’entoure, si bien que ses rives de galets semblent intactes et qu’une forêt la protège. Le sentier que nous empruntions se trouvait sur les hauteurs de la rive droite et nous offrait une vue imprenable sur la rivière et ses centaines d’oiseaux. Nous avons également aperçu un lapin et un gros serpent sur le chemin, tout comme d’innombrables insectes, lézards ou grenouilles. Et puis une limace, juste une.

La promenade s’est révélée très plaisante, sur ce chemin souvent de sable, parfois de gravier. La forêt nous entourait, peu dense et avec des arbres bien différents de chez nous. Il n’y avait personne, mis à part un cycliste pressé qui a failli nous percuter. Aucun village non plus pendant plus de dix kilomètres, juste la nature et nous. Nous nous sommes éloignés une fois de la Via Francigena sans comprendre comment et avons simplement continué à longer la rivière en direction de Pavia jusqu’à retrouver la signalisation rouge et blanche. Pendant ce bref égarement, nous sommes passés devant un petit parc avec des tables et des bancs. L’endroit idéal pour dîner alors que sur la Via Francigena il n’y avait pas eu alors la moindre aire de repos en dehors de deux petites buvettes.

Il nous restait trois kilomètres environ après la pause de midi et nous avons continué le long du Ticino jusqu’au grand pont couvert qui mène à la ville sur l’autre rive. Ce pont a été complètement détruit pendant la Deuxième Guerre mondiale avant d’être reconstruit à l’identique quelques mètres en contrebas. L’emplacement des piliers du premier pont est encore visible dans l’eau, tout comme la première arche de chaque côté de la rivière. Nous devions ensuite trouver l’office du tourisme pour savoir comment nous rendre à l’hôtel, bien en dehors de la ville.

Hébergements rares

Quand nous avons cherché un hébergement hier soir, nous avons réalisé qu’il n’y avait qu’un gîte soi-disant pour pèlerins. Celui-ci ne réserve en réalité aucune chambre pour les marcheurs et était complet sur plusieurs jours quand nous avons téléphoné, alors qu’il n’y a quasi personne sur la Via Francigena à cette période. Il s’agit simplement d’une auberge de jeunesse à mon avis… Il n’y avait rien de bon marché au centre-ville et nous avons finalement trouvé sur Internet une autre auberge de jeunesse en dehors du centre. Une seule chambre double était disponible et nous l’avons réservée. Peu après cela durant la soirée, le responsable de l’auberge m’a appelée pour me signaler qu’il y avait eu un problème et que la chambre n’était pas disponible. En échange, il nous mettait à disposition un petit appartement au même prix. Pour nous c’était bien égal tant que nous avions un endroit où loger.

Les bus de Pavia

Il nous fallait donc trouver cet hôtel et nous avons vite réalisé que trouver l’office du tourisme ne serait pas évident non plus. Les cartes de la ville, pourtant fréquentes, n’indiquaient pas le petit “i” comme cela se fait en général. Je dirais même que c’est la première fois que je vois une carte dans une ville qui ne situe par l’office du tourisme, puisque d’habitude c’est eux qui font ces cartes… Il y avait également des panneaux à l’entrée de chaque rue qui listaient tous les commerces et restaurants qui s’y trouvent mais toujours pas d’indication de l’office du tourisme. Nous avons donc marché jusqu’à une place qui nous semblait centrale et par chance l’office se trouvait là. Un charmant monsieur m’a renseignée sur le bus à prendre et nous nous sommes rendus à l’arrêt qu’il avait entouré sur le plan de la ville, à côté du pont couvert. Une fois arrivés, une petite affiche à l’arrêt précisait que le bus 3 ne passait plus par là depuis une semaine. Nous avons demandé de l’aide à une passante mais elle ne nous a rien appris d’autre que “en effet, le bus 3 ne s’arrête plus là. C’est fâcheux.” Merci. Comme nous ne savions pas du tout où passait ce fameux bus et que nous ne voulions pas retourner à l’office du tourisme quelques centaines de mètres plus loin, nous avons décidé d’aller à une rue qui était mentionnée sur la petite affiche. Nous avons ainsi marché un bon quart d’heure avant de trouver la même affiche sur l’arrêt de bus de ladite rue, signalant que le numéro 3 ne viendrait plus. Nous avons alors été à la gare et avons trouvé la ligne 3. Là, vous vous dites que la suite serait de la rigolade. Sachez que non ! Le monsieur de l’office du tourisme, au final aussi charmant qu’incompétent, m’avait dit qu’il faudrait prendre le bus qui va à Tevere et sortir à cet arrêt terminus. Sauf qu’aucun bus numéro 3 n’a comme destination finale Tevere… J’ai fait le tour de tous les arrêts de la gare pour finalement voir un plan des lignes de bus et connaître la direction que nous devions suivre. Après avoir enfin trouvé le bon arrêt de bus, nous avons réalisé que tous les bus 3 dans ce sens n’allaient pas forcément là. Il y avait beaucoup de bus 3 qui allaient au même endroit que le 7, et un ou deux par-ci, par-là qui éventuellement menaient là où nous devions. Mais pourquoi les 3 comme les 7 n’étaient pas des 7 ? Quand aux horaires, ils sont certainement placés là pour décorer le bord des routes car aucun bus ne semblait arriver au bon moment. Il y avait également un panneau électronique qui précisait dans combien de temps les prochains bus arriveraient, mais les informations étaient pour le moins farfelues. Alors que notre bus n’était plus qu’à deux minutes, il a subitement disparu du panneau et n’est jamais venu. Un bus 7 non indiqué est arrivé à un moment où aucun 7 n’était attendu. Et puis il y avait ensuite deux bus, un 3 comme le 7 et un 7 qui devaient arriver sous peu, puis le nôtre dans 9 minutes. Les minutes des deux premiers avançaient, 3, 2, 1, là, tandis que notre pauvre 3 restait à 9 minutes. Je commençais vraiment à perdre patience quand le bus est arrivé à l’arrêt, alors qu’il était annoncé dans 8 minutes. Nous avons ensuite fait tout le tour de la ville avant de parvenir à notre arrêt et trouver l’hôtel.

Hébergement overbooké

Une fois sur place, le responsable a téléphoné à son collègue pour l’appartement, qui n’était en fait pas disponible. Il nous a fait patienter une bonne demi-heure le temps de trouver une solution …qu’il n’a pas trouvée, et nous a finalement proposé de dormir en dortoirs. C’est une option qui nous embêtait un peu, car nous aurions bien aimé laisser Logan tranquille pendant que nous visitions la ville, ce qui n’est pas possible en cohabitation avec des inconnus. De plus, nous sommes dans des chambres séparées et nous avons pas mal d’affaires en commun. Et puis nous avions réservé une chambre double… Il était presque 17 heures et nous en avions vraiment marre, donc nous avons accepté les lits en dortoirs. Cela faisait presque trois heures que nous étions arrivés à Pavia ! Nous sommes partis tôt ce matin pour découvrir la ville cet après-midi, sans Logan, et voilà qu’en début de soirée nous prenions possession de nos lits… Le bonhomme de l’hôtel nous a également indiqué qu’il n’y avait plus de bus après 21 heures, donc notre souper en ville tombait à l’eau…

Visite éclair

Nous nous sommes vite douchés et sommes retournés au centre avec le bus 4, bien plus direct. La ville est très belle et possède de longues artères piétonnes avec des centaines de magasins et possibilités de restauration. Notre visite s’est toutefois résumée au Corso Cavour, une ou deux autres ruelles, et l’immense Dôme. Celui-ci est en briques à l’extérieur et en marbre blanc à l’intérieur. Je ne m’attendais pas à pénétrer dans une telle merveille ! L’intérieur est immense, immaculé, splendide. La hauteur sous coupole donne le vertige et la luminosité semble irréelle. C’est pur, sobre, élégant. Apaisant. Epoustouflant. J’aimerais bien avoir une maison identique ! Peut-être juste sans les reliques de ce brave San Siro…

Nous avons mangé un frozen joghurt, quelques frites, puis sommes retournés à l’hôtel. Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir pu nous faire une meilleure idée de Pavia mais nous étions un peu fatigués et nous partons tôt demain matin pour une longue étape.