Magnifique rencontre

L’étape d’aujourd’hui s’annonçant courte, nous avons profité de nous lever un peu plus tard et avons quitté le gîte vers 8h30. Nous avons acheté d’excellents pains au chocolat dans une boulangerie et avons déjeuné en marchant. Il nous a fallu quelques centaines de mètres pour rejoindre la Via Francigena, puis nous sommes passés sous les voies de chemin de fer et nous sommes retrouvés dans la campagne. Des champs de tomates s’étendaient à perte de vue, pour la plupart déjà récoltés. Nous avons été surpris par le nombre de tomates qui passent à travers les grappins des machines. Beaucoup encore vertes, mais certaines tout à fait mûres demeurent là sur la terre qui n’attend qu’à être retournée. Nous avons pensé que peut-être ces pertes suffisent à semer suffisamment de graines pour la prochaine récolte et servent de plus d’engrais. Mais il y a également des dizaines de tomates le long des routes, principalement dans les virages que les camions empruntent à trop vive allure. Nous en avons ramassé quelques-unes intactes pour notre pique-nique.

Nous avons fait une pause à Chiaravalle della Colomba, un petit village charmant possédant un magnifique monastère. Nous avons visité l’église et le cloître chacun à notre tour, l’un de nous devant toujours demeurer dehors avec le chien. Si l’église nous a paru froide et impersonnelle, le cloître nous a beaucoup plu. Tout en brique, large et très ensoleillé, il inspire le calme et la sérénité. Pour tout dire, je me suis bien vue y vivre !

Massimo et Claudia

Nous avons repris la route dans les champs, sur des petites routes de campagne en goudron. La journée s’annonçait monotone au possible, quand nos regards se sont arrêtés sur des panneaux devant un petit portail. Ils indiquaient plusieurs endroits du monde et les kilomètres qui nous séparaient de là. Alors que nous allions poursuivre, nous avons aperçu les Américains et les Australiens rencontrés hier (à partir de maintenant et pour gagner du temps, je les appelerai les Australicains). Ils étaient attablés dans le jardin et nous ont invités à nous joindre à eux. La maison appartient à Massimo et Claudia, un adorable couple d’enseignants. Comme nous sommes samedi ils ne travaillaient pas. Les pèlerins sont les bienvenus chez eux et voilà qu’ils nous invitaient tous les six à leur table pour un apéro très apprécié. Du jambon cru, du parmesan, des chips, du pain, une bouteille de vin, de l’eau. Simplicité et générosité. Ils étaient enchantés que nous puissions jouer le rôle d’interprètes entre les anglophones et eux et nous avons passé un moment très sympathique. Les quatre autres pèlerins sont ensuite partis après la photo de groupe et, alors que nous nous apprêtions à les suivre, Massimo et Claudia nous ont proposé de rester un peu plus longtemps et dîner avec eux. Cette invitation semblait les réjouir autant que nous, aussi avons-nous accepté sans hésitation. C’est la première fois que nous sommes conviés à manger chez des gens le long du chemin ! Ils étaient de plus tellement gentils que nous étions ravis de pouvoir passer un peu plus de temps en leur compagnie.

Tandis que Massimo préparait les pâtes, Michael, un pèlerin sud-africain, est arrivé à la hauteur de la maison. Il a accepté un verre d’eau et s’est assis quelques minutes, déclinant l’invitation à dîner pour ne pas s’arrêter trop longtemps et perdre son rythme. Nous avons donc mangé des fusilli à la tomate tous les quatre, bavardant de choses et d’autres et rigolant beaucoup. Massimo était très fier de nous expliquer que les pâtes étaient issues d’une production biologique avec le label “Terre libere”. Cette nomination indique que les agriculteurs travaillent des terres qui ont été retirées à la mafia et luttent contre la corruption et le crime organisé. Nous avons également mangé de la salade de tomates, puis des biscuits en dessert. Nous serions bien restés plus longtemps là mais il nous fallait encore parcourir une dizaine de kilomètres jusqu’à Fidenza. Après plus de deux heures en leur compagnie, nous avons repris la route. Il s’agit sincèrement de la plus belle rencontre que nous ayons faite sur la Via Francigena !

Logan

Logan boitait un peu après cette longue pause et nous lui avons mis ses petits chaussons. Cela a semblé beaucoup la soulager, mais elle traînait néanmoins les pattes et ne paraissait pas du tout motivée. Cela nous a fait mal au coeur de la voir peiner durant la dernière heure. Nous marchons essentiellement sur des routes en goudron, de temps en temps sur des chemins de gravier ou de cailloux. C’est toujours très dur et sec et cela lui abime les coussinets. Malgré les soins que nous lui apportons, elle semble souffrir. Parvenus à Fidenza, nous avons pris la décision de ne pas poursuivre l’aventure avec elle. Comme les parents de Pascal sont en vacances en Toscane, nous leur avons demandé s’ils acceptaient de ramener Logan quand ils rentrent en Suisse samedi prochain et ensuite la garder quelques semaines. Ils préfèrent s’occuper d’elle plutôt que nous devions mettre un terme à notre voyage et ont accepté de nous aider. C’est un réel soulagement pour nous de pouvoir compter sur leur aide même si nous sommes très tristes de ne pas pouvoir terminer cette aventure avec Logan…

Fidenza

Nous logeons dans un hôtel à Fidenza car les hébergements pour pèlerins n’acceptent pas les chiens. La chambre est très plaisante et moderne, ce qui nous rend forcément plus heureux que notre dernier hôtel moisi à Piacenza. Les prix des deux chambres sont identiques et il n’y a pas forcément d’équipements supplémentaires dans celui de Fidenza, mais l’ameublement avec un peu de goût et des équipements fonctionnels suffisent à faire une énorme différence !

Nous avons mangé une glace en ville avant de nous rendre vers le dôme, où nous avons croisé les Australicains. Nous leur avons recommandé la gelateria de laquelle nous venions de sortir et ils nous ont répondu que c’est ce qu’ils cherchaient après avoir visité l’église. J’ai répondu que nous avions les mêmes objectifs, mais que pour nous c’était “First things first” et c’est pourquoi nous avions déjà une glace en main. Brad, l’Américain, a simplement répondu “I like your style!” et ils sont partis dans la direction que nous leur indiquions. La façade du dôme est en restauration et est recouverte d’une grande toile sur laquelle est imprimée une photo de cette façade. Cela permet au visiteur de se faire une idée des nombreux bas-reliefs et sculptures et c’est plutôt ingénieux. Nous n’avons fait qu’un bref saut dans l’église car une messe était en cours. Nous n’étions tout d’abord pas sûrs car nous ne voyions pas de prêtre derrière l’autel. Sa voix résonnait des hauts-parleurs et des fidèles étaient installés sur les premiers bancs, mais personne dans le choeur. En nous approchant un peu, nous avons aperçu une sorte de crypte-chapelle sous le choeur d’où la messe était donnée. C’est un peu curieux car il n’y avait pas beaucoup de places assises en bas et du coup tous ceux qui se trouvaient en haut ne voyaient rien…

Nous sommes retournés à l’hôtel et avons mangé le pique-nique que nous avions acheté pour dîner, passant le reste de la soirée tranquillement au chaud plutôt qu’en ville.