Etape plus courte aujourd’hui, avec une vingtaine de kilomètres à parcourir. Nous aurions voulu en faire cinq de plus, mais n’avons pas trouvé d’hébergement à Hürben. Au final, ça ne change pas grand chose et c’est même plutôt motivant après la longue journée d’hier.
Nous avons revu Fritz ce matin au déjeuner. Il semblait plus loquace qu’hier et nous a proposé de discuter un moment à sa table alors que nous avions fini de manger. Il s’est énervé hier car, comme nous, il n’a rien compris au balisage et n’a pas arrêté de se perdre. Il n’est d’ailleurs pas monté jusqu’au château en ruines qui menaçait de s’écrouler et nous avons réalisé que nous nous étions inquiétés pour rien. A hauteur de Schweindorf, il a quitté le chemin et s’est rendu à ce village, où il a pris un bus pour Neresheim. Je suis un peu jalouse, parce que nous ne sommes pas passés à Schweindorf et c’est un truc à faire une fois dans sa vie (pour les moins polyglottes d’entre vous, Schweindorf signifie “village des cochons”).
Fritz a déjà suivi plusieurs chemins de Compostelle, et ce depuis plusieurs années. Il a eu une maladie il y a deux ans et c’est la première fois qu’il repart marcher. Il nous a dit avoir encore de la peine à marcher vite et qu’il galérait dans les montées. J’ai hésité à lui demander si comme moi il avait une maladie des articulations, et que c’était pour ça qu’on ne comprenait pas bien ce qu’il disait, mais je ne pense pas qu’il aurait trouvé ça drôle, et en plus je ne sais pas dire articulation en allemand et j’imagine que les articulations comme le genou et l’articulation quand on parle ne se disent pas la même chose et dans ce cas il n’y a juste plus de blague. Donc je n’ai pas posé la question.
Nous avons parlé un peu de l’étape d’aujourd’hui, et il a sorti une carte topographique. Il nous a montré le chemin de Saint-Jacques qui suit l’orée de la forêt, et une petite route de campagne secondaire qui va tout droit au prochain village. Comme lui, nous avons choisi cette voie plus directe et tout autant calme.
Nous ne reverrons probablement plus Fritz, car il marche plus lentement et va faire des étapes plus courtes. Peut-être qu’il nous rejoindra quand nous ferons une halte d’un jour à Ulm, mais ce n’est pas sûr. Nous aurions pu lui demander son nom…
Nous avons suivi la petite route indiquée par Fritz. A un moment, une voiture nous a depassés. Après une centaine de mètres, elle a fait demi-tour et s’est arrêtée à notre hauteur. Le conducteur nous a dit : “Il y a une oie et ses petits au milieu de la route là-bas, vous devriez peut-être rattacher votre chien.” Il a ensuite manoeuvré un moment pour repartir dans l’autre direction. J’ai trouvé cette attention très sympathique !
Effectivement, il y avait une oie un peu plus loin qui finissait de traverser la route, suivie par cinq oisons adorables. Ils se sont enfoncés dans un buisson alors que nous arrivions et Logan n’a heureusement même pas remarqué leur présence.
A Fleinheim, nous avons rejoint le chemin vers l’église avant de nous enfoncer dans une belle forêt, sur un sentier large en gravier tout à fait plaisant.
Le chemin quittait ensuite le joli sentier et s’enfonçait dans les bois, là où la trace n’était pas très marquée. Le sol était couvert de hautes herbes à travers desquelles nous avons dû nous frayer un chemin. A cause de la pluie, les herbes étaient trempées et nous avons rapidement eu les pieds mouillés. Nous n’étions pas très sûrs de nous, car le balisage était à nouveau quasiment inexistant et nous ne savions tout simplement pas si nous étions sur un chemin ou si nous suivions les traces d’une biche…
Après quelques centaines de mètres, nous sommes sortis des bois, visiblement à l’endroit escompté, et nous avons traversé une route. Juste après celle-ci, le chemin repartait dans de hautes herbes avant de retrouver la forêt. Nous avons juré un sacré moment ! Pendant plus d’une centaine de mètres, nous nous sommes retrouvés coincés sur un pseudo-chemin assailli d’orties, de ronces et de chardons. J’allais devant, les bras levés au-dessus de ma tête, pour repérer les ronces au sol et les signaler à Pascal qui tenait Logan. Les orties atteignaient nos épaules, nous piquaient à travers les habits, tandis que les ronces crochaient nos pantalons. Pardonnez mon langage, mais quelle merde !
Heureusement, le reste de la journée s’est avéré moins corsé. Le chemin continuait pendant quelques kilomètres dans une forêt qui sentait très bon le jeune sapin frais (ça, c’est ce à quoi ça nous a fait penser. En réalité, nous faisons partie de ces gens qui parviennent tout juste à différencier les feuillus, les épineux et les mustélidés…). Nous sommes passés à la base de plusieurs éoliennes sur lesquelles Logan a courageusement aboyé. Elles ne se sont pas arrêtées de tourner pour autant et ont continué leur doux vron-vron.
Nous avons ensuite atteint le point le plus haut de la région “Dillingen / Donau”, situé à l’impressionnante hauteur de 610 mètres ! Je ne vous raconte pas l’ascension intense que ça a représenté, puisque nous avions quitté Fleinheim et ses 540 mètres juste quelques kilomètres plus tôt ! Ce que nous n’avons pas compris, c’est que le chemin continuait de monter légèrement après ce point supposé le plus haut… Peut-être que la région se terminait abruptement à cet endroit.
Nous sommes ressortis des bois et avons marché un moment entre champs et prairies. Nous avions prévu de dîner à Staufen, mais peu avant ce village nous avons aperçu le meilleur banc du monde. Il avait l’air tellement confortable que nous avons plutôt fait là notre pause. Franchement, nous avons bien fait et tous les bancs devraient être comme celui-là ! Nous avons d’ailleurs fait une pause de plus d’une heure et demie et serions bien restés encore si nous n’avions pas encore du chemin à faire.
Après avoir traversé le charmant village de Staufen, nous nous sommes retrouvés en pleine campagne. Le chemin passait littéralement au milieu de champs et de prés, et nous n’avons une nouvelle fois pas compris grand chose au balisage. Il y avait apparemment plein de voies différentes qui partaient dans toutes les directions mais terminaient toutes à Giengen. Elles se croisaient, se rejoignaient, se séparaient. Parfois, deux voies différentes avaient la même signalétique, donc nous ne savions pas sur laquelle nous étions. Il n’y avait à nouveau plus vraiment de coquilles, aussi avons-nous suivi un moment le “chemin des bergers”, mais il n’était ensuite plus indiqué alors nous avons suivi d’autres symboles. C’était laborieux et peu intéressant. De plus, ça passait long car nous avions l’impression d’être presque arrivés mais ne voyions jamais le village.
Finalement, nous avons trouvé une issue à ces champs interminables. Sachant que le chemin passait par un complexe sportif, nous avons été dans la direction des projecteurs que nous apercevions au loin. Nous pensions être alors arrivés, mais le village se trouve encore un kilomètre plus loin, en bas d’une colline. Il n’est pas particulièrement beau mais son église aux deux clochers tout à fait différents est amusante.