Nous avons décidé de scinder cette étape en deux parties et de ne pas aller jusqu’à Tournon-sur-Rhône aujourd’hui, car la distance de 29 kilomètres nous semblait trop conséquente, surtout pour Logan qui supporte mal les températures élevées. Malgré tout, nous voulions prendre la route suffisamment tôt pour éviter les grosses chaleurs, soit vers 7h30. Comme d’habitude, nous sommes partis après 9h, pestant contre notre nullité.
Nous sommes revenus au centre du village de Satillieu pour y faire quelques courses, avant d’entamer une ascension de plusieurs kilomètres, jusqu’à (suspense !) une croix.
Dans la descente qui s’en suivait, nous sommes arrivés devant une grande bâtisse en pierres inoccupée. Deux chemins partaient de là, mais il n’y avait pas la moindre balise. Nous sommes revenus sur nos pas jusqu’au dernier signe nous indiquant que nous étions sur la bonne voie, quelque vingt mètres en amont, et avons observé autour de nous sans voir le moindre indice quant à la prochaine étape. En étudiant le plan, nous pensions être à un endroit mais n’en étions pas convaincus, aussi avons-nous décidé de regarder sur la tablette ce que le GPS en disait. Notre emplacement semblait exact et dans le guide le chemin tournait à droite. Les explications mentionnaient cependant une montée alors que la route de droite descendait. Dans tous les cas, il n’était pas possible que ce soit celle de gauche, alors nous avons suivi notre intuition. Nous avons parcouru plusieurs centaines de mètres sans apercevoir la moindre balise, avant de nous rendre à l’évidence que nous étions bel et bien faux. Le GPS nous a confirmé que nous n’étions pas sur la bonne route, mais nous ne comprenions pas du tout par où nous aurions dû passer. Sans doute y avait-il un petit sentier camouflé avant la bâtisse, mais même en revenant sur nos pas et en regardant scrupuleusement nous ne l’avions pas aperçu… Nous avons donc préféré continuer sur cette route et faire un détour plutôt que revenir en arrière et nous retrouver au même croisement. Pascal a repéré une petite route sur le GPS qui tournait à droite et nous ramènerait plus ou moins au bon endroit. J’avais des doutes, car ladite route semblait finir en cul-de-sac, mais Pascal pensait que nous pourrions sans doute parcourir la petite distance manquante sans problème. (Nous n’avons pas de connexion Internet sur la tablette et utilisions simplement le GPS comme une carte, sans calcul d’itinéraire ni immense précision…) Arrivés devant le croisement, la route de Pascal continuait derrière une barrière dans un champ de blé. Malgré mes réserves, nous avons tenté d’y aller, revenant rapidement sur nos pas en réalisant que ça ne menait nulle part. Nous avons alors opté pour un plus long détour, mais ma foi plus conventionnel et sûr. Après 500m sur cette petite route de campagne, nous avons rejoint une route départementale qui conduit au col que nous devions rejoindre. Deux kilomètres environ plus loin, nous avons retrouvé les balises.
Après une courte pause, nous avons repris la route par une ascension jusqu’à un hameau ravissant. La vue était sublime ! Les paysages montagneux ont cédé la place à des collines douces, les sapins ont été remplacés par des pins et les genêts sont légion.
Pendant un peu plus d’une heure, nous avons marché sur des petites routes ou des sentiers de terre, jusqu’à atteindre Saint-Victor. Là, nous avons décidé de nous arrêter pour dîner. Amis présidents de commune, maires ou syndics (sans doute nombreux à nous lire !), sachez que vous pouvez rendre vos villages des plus parfaits en y incluant des aires de repos pour les marcheurs comme nous. Trois critères doivent être réunis pour que ce soit optimal : un banc à l’ombre, une fontaine et une poubelle. A Saint-Victor, ces trois critères étaient accompagnés de WC publics, d’un bar et de beaucoup de charme, ce qui en fait un village absolument fantastique !
Nous avons malgré tout choisi de le quitter afin de rejoindre notre hébergement du jour, quelque 7 kilomètres plus loin. Cette dernière étape s’est déroulée paisiblement, sur des petites routes de campagne plutôt plates et dans un beau décor, avec de jolies maisons très bien entretenues çà et là. Malgré le goudron, les températures étaient bien plus supportables qu’hier grâce à un ciel couvert. Nous avons passé le village d’Etables où nous n’avions pas trouvé de logement, jusqu’à un domaine époustouflant dégoté sur Internet la veille. Une vieille tour en pierres est entourée de quelques bâtiments magnifiques, au milieu d’immenses prés où paissent des chevaux également splendides. Même nous qui ne connaissons rien aux équidés avons remarqué qu’il s’agissait là de bêtes de compétition, et nous avions raison. Les propriétaires sont hollandais et spécialisés dans le dressage et l’élevage de chevaux depuis un quart de siècle. Ils nous ont conduits jusqu’à notre petit bungalow (malheureusement ce n’est pas le même budget de séjourner dans la tour !), montré la piscine et donné quelques explications. Nous avons profité de la terrasse jusqu’à 22h et l’arrivée des moustiques. La température était parfaite et nous n’avons pas eu besoin d’enfiler un pull. Comme souper, nous avons mélangé ce que nous avions chapardé au déjeuner ce matin (beurre, œufs, chocolat en poudre) et les quelques courses faites plus honnêtement. Cela a abouti à de nouvelles recettes brillantes, dans la lignée du poivrthon et du hot-thon, que nous n’indiquerons pas ici au cas où un jour nous voudrions les publier dans un recueil intitulé “Les recettes des randonneurs : comment mélanger savamment des ingrédients pas trop lourds, compacts et qui voyagent bien dans un sac”.