Nous avons pris le déjeuner en compagnie de Fabrice, qui a à cœur de présenter des produits locaux ou maison de qualité. C’est amusant de connaître l’histoire de la confiture, l’origine du lait ou une anecdote sur la vendeuse de tomates. On voit qu’il tient à proposer de bons produits et qu’il est sensible à la préservation de l’environnement, ce qui colle forcément à notre philosophie.
Vers 9h, nous avons quitté les lieux. La veille, nous avions repéré un panneau qui indiquait le chemin à suivre pour regagner le GR. Nous n’avions de toute façon pas envisagé de traverser toute la ville pour rejoindre l’itinéraire où nous l’avions laissé, mais ce panneau nous a évité des recherches pour trouver un passage judicieux. Après une première ascension sur une petite route, nous avons atteint une tour dominée par une statue de la Vierge Marie qui surplombe la ville. Le point de vue y était superbe et nous nous sommes arrêtés pour quelques photos. Non loin de là, nous avons repéré les premières balises du chemin “officiel” et avons pu le suivre sans dans une seconde montée plus raide dans les bois. Un panneau donnait les distances jusqu’aux prochains villages et nous avons réalisé que nous avions très mal calculé notre étape. D’après nos estimations, nous avions 18 kilomètres à parcourir et nous étions partis “tôt” pour éviter les fortes chaleurs. Le panneau voyait ce chiffre à la baisse de 8 kilomètres. Cela signifiait qu’en marchant normalement et sans pause, nous pouvions arriver à destination 2h30 plus tard… Soit, nous avons alors envisagé des pauses et adopté un rythme pépère !
Au sommet de la colline se trouvait un belvédère offrant une belle vue sur la vallée du Rhône et les villes en contrebas. Nous avons quitté là la forêt de pins pour cheminer sur les crêtes, dans des champs de céréales (selon moi du blé, mais je ne connais rien aux céréales alors ça pouvait aussi être de l’épeautre ou des Frosties, qu’en sais-je ?). De nombreux abricotiers ajoutaient un peu de relief, de temps en temps un bosquet avec chênes et châtaigniers offraient de l’ombre, quelques vignes avaient aussi pris de l’altitude. Les paysages rappelaient la Toscane, en moins structuré néanmoins. C’était très beau malgré tout et bien différent des derniers jours.
Nous avons fait une première pause dans ce qui ressemblait parfaitement à un abribus, sauf que nous ne voyions pas l’utilité d’un arrêt de bus à cet endroit. Aucun horaire, pas de marquage au sol, pas même un piquet, mais une ou deux maisons quelques centaines de mètres plus loin. Sans doute que le petit garçon de la maison de gauche prend le bus scolaire et attend là bien sagement tous les matins pendant des heures tout seul dans son grand abribus, le temps que le chauffeur se souvienne de lui : “Ah oui ! Y a encore le p’tit Rémi à aller chercher là-haut !” et qu’il se sente soulagé qu’il n’y ait pas d’horaire, sinon il serait en retard à l’arrêt. Une fois même il est passé devant sans remarquer le tout petit Rémi dans ce si grand et beau abribus, et le bambin a agité ses bras frêles en vain en courant derrière le bus jusqu’au bout de la butte. Mais bon, le pauvre petit Rémi ne doit même pas oser rentrer dans l’abri en réalité, car il est infesté de nids de frelons et d’araignées gigantesques. Il doit espérer, devant son bel abri pour lui tout seul, les cheveux balayés par le vent et en hiver le nez rougi par le froid, que le chauffeur ne l’ait pas encore oublié ce matin, et il reste là debout par peur des frelons et de ne pas être vu…
Pour notre part, nous avons assisté avec intérêt à la construction du nid par Maman Frelon. Pour tout dire, nous étions surtout très étonnés et fiers d’avoir identifié le nid et de voir nos suppositions confirmées avec l’arrivée de Frelonne. Pascal a également repéré un insecte très amusant sur le banc à côté de lui, une sorte de dinosaure blanc minuscule qui semblait porter une carapace. Je voulais le prendre en photo pour ensuite tenter de trouver de quoi il s’agissait, mais au moment où je me suis approchée j’ai réalisé que Pascal l’avait écrasé malencontreusement avec son sac… Nous ne saurons donc jamais ce que c’était…
Après toutes ces péripéties fort palpitantes, nous avons repris la route. Au bout d’un moment, le balisage est devenu bizarre. Nous avons eu quelques doutes dans un petit bois, suivant à la lettre les indications du livre quand les balises étaient absentes. Tout concordait : sentier de terre qui descend à droite après 80m sur la route, virage à gauche, etc. Malgré tout, une fois arrivés à un croisement, la balise rouge et blanche nous disait de tourner à droite et cela n’avait aucun sens. Il y avait également un petit plan avec les différents chemins de randonnée qui passaient là, mais ça ne correspondait pas du tout avec le plan dans notre guide. Si nous étions réellement à cet endroit-là, nous avions miraculeusement fait un bond d’un ou deux kilomètres sur un sentier parallèle en contrebas. Nous avons lu et relu les indications, remontant mentalement le chemin jusqu’au dernier point où nous étions certains d’être juste, et nous arrivions toujours à la conclusion qu’il fallait prendre à gauche. Quelques centaines de mètres plus loin dans cette direction se situait un hameau, aussi avons-nous décidé de nous fier à notre instinct et de nous y rendre. Une femme passait par là et s’est arrêtée pour discuter car elle possède aussi un berger australien. J’en ai profité pour lui demander si nous étions bien dans le village que nous croyions et elle a répondu par l’affirmative. Grand soulagement, car nous aurions cru être devenus fous si ça n’avait pas été le cas !
Nous avons poursuivi et le balisage est soudainement réapparu, tout content de nous avoir joué ce mauvais tour. Peu après le village, nous avons croisé un couple de marcheurs bien équipés. Ils nous ont interpellés avec un “Ah ! Enfin des randonneurs qui font le GR, n’est-ce pas ?” Nous avons discuté quelques instants, puisqu’il s’agit des premiers marcheurs que nous croisons depuis Monsieur Aller-Retour. Ils sont partis il y a quelques jours de Privas où ils habitent et vont jusqu’à Saint-Etienne. Ils ont dormi la nuit dernière là où nous sommes ce soir et nous ont dit que c’était vraiment super, ce qui nous a réjouis. Ils nous ont également indiqué qu’il y avait plein de cerisiers sur le chemin et que nous allions nous régaler, tandis que nous les mettions en garde contre les longues montées et descentes dans la caillasse avant Saint-Etienne.
Effectivement, il y avait des cerisiers çà et là le long du chemin et nous avons mangé avec plaisir quelques fruits. Nous avons marché ensuite sur une petite route, la quittant pour des sentiers par moments, et c’était à la fois très joli et agréable. Le seul point négatif de la journée était le vent, qui a soufflé sans interruption et parfois avec beaucoup de force, toujours de face bien sûr.
Nous avons dîné assis sur nos sacs, comme d’habitude, puis avons parcouru les derniers kilomètres jusqu’à notre destination. C’était encore tôt, à peine 14h, mais nous trouvions bête d’attendre pour attendre alors qu’il n’y avait rien de plus à voir ou faire. Après le village de Plats, un chemin conduisait jusqu’à la Ferme de Simondon. Il s’agit d’un petit lotissement de quelques maisons ravissantes en pierres grises perdu au milieu de nulle part, avec une vue à couper le souffle sur les crêtes alentours et le massif du Vercors. Les granges ont été converties en chambres d’hôtes, les corps de ferme en gîtes. Un camping accueille les Hollandais et un pré en contrebas quelques moutons.
Nous avons été reçus par Bruno et Catherine, qui s’étonnaient de nous voir arriver si tôt. Nous leur avons expliqué nos erreurs de calculs et ils n’ont pas fait mine d’être agacés. Bruno nous a menés à notre chambre, qui est juste sublime. Elle est spacieuse, bien agencée et décorée avec énormément de goût. On voit que les détails ont été soignés et on s’y sent aussitôt bien. Bruno nous a demandé si nous avions quelque chose pour souper, comme le restaurant ne prend que sur réservation et n’était peut-être pas ouvert. Nous avons dit que nous pouvions sans doute trouver quelque chose dans leur petite épicerie et il nous a alors proposé de nous cuisiner quelque chose.
Après la douche, nous avons profité de la piscine un moment, mangé une glace et lu. Catherine nous a ensuite amené le souper, qui dépassait toutes nos attentes : une immense salade mêlée “comme à la maison”, faite visiblement avec amour, avec du melon, du pain et des cerises. Pas de chichis, juste du frais et du bon. Nous nous sommes régalés et Pascal a affirmé qu’il ne mangerait cet été plus que des salades, matin, midi et soir.
Après le souper, nous avons joué un moment au ping-pong dans une immense grange réaménagée en salle de jeux, avant de rejoindre notre chambre pour la nuit.
Côté santé, mon genou va bien mieux ! J’ai pris un anti-inflammatoire hier et avant-hier et ça semble avoir suffi à donner le tour. Pascal va bien et les pattes de Logan ont l’air en bon état aussi. Tout va donc pour le mieux !