Sur les crêtes

Il a plu cette nuit, ce qui a radicalement fait chuter les températures. Cela n’était pas pour déplaire à Logan, qui pour la première fois s’est montrée plus que motivée et joueuse, comme à son habitude. Bruno nous a apporté le déjeuner peu avant 8h et, comme hier, nous nous sommes régalés. Après un passage au bureau pour régler la nuitée, nous avons repris la route. Il n’était pas encore 9h, et nous nous félicitons pour cet effort !

Nous avons rejoint le GR après avoir parcouru le petit sentier menant à la Ferme de Simondon. Après une première partie sur la route, nous avons pénétré dans une forêt et avons suivi un chemin qui montait jusqu’au village de Saint-Romain-de-Lerps. Il s’agit d’un petit village de quelques maisons, et pourtant c’est la plus grande agglomération que nous verrons jusqu’à notre arrivée à Beauchastel demain soir. Il s’agit également du seul lieu où nous pouvions nous ravitailler. Pascal est ainsi allé faire quelques commissions dans la petite épicerie tandis que je l’attendais avec Logan.

Décor romantique

A partir de là, nous avons opté pour une variante du GR, qui parcourt les crêtes plutôt que faire des allers-retours entre la plaine et les sommets, pour atteindre au bord du Rhône des villes insignifiantes. Ce choix a également été motivé par l’absence d’hébergements sur le tracé officiel, qui nous aurait contraints à faire une étape très longue. Nous avons donc marché toute la journée sur les crêtes des collines, montant et descendant sans cesse, sans toutefois que cela ne soit aussi rude que lors des premiers jours. Le chemin alternait entre petites routes de bitume et pistes de terre, passant régulièrement dans la forêt pour rejaillir au milieu de champs d’où la vue était magnifique. Grâce à ces beaux paysages et aux sentiers très agréables, nous avons beaucoup apprécié cette journée de marche. Toutefois, à part lister les plantes et insectes observés sur le chemin, je ne saurais trop que raconter d’autre. Nous n’avons en effet croisé qu’un fermier peu après Saint-Romain-de-Lerps, qui a plaisanté au sujet de ses poules, un homme avec un appareil photos qui nous a dit bonjour, deux cyclistes qui ne nous ont pas dit bonjour, et un petit chevreuil qui nous a observés quelques secondes avant de détaler. C’est tout. Nous n’avons pas chuté, nous n’avons pas assisté à des phénomènes surnaturels, nous avons juste marché 6h dans un paysage digne des tableaux romantiques un peu gnangnan où tout est trop parfait pour ne savoir qu’en dire.

Après toutes ces péripéties, nous avons quitté le GR pour rejoindre notre hébergement grand luxe du soir. Il s’agit d’une chambre d’hôtes de charme, excusez du peu. Un magnifique hameau, sans doute une ancienne ferme convertie en gîtes et chambres d’hôtes, avec une piscine à débordement, perdu au milieu de la nature. La femme qui nous a reçus nous a dit qu’elle nous avait surclassés pour que le chien ait plus de place, ce qui nous a semblé extraordinaire après tous les refus pour ce même chien. La différence de traitement provient sans doute du fait que deux chiens habitent ici. L’un d’eux est immédiatement devenu ami avec Logan, et s’est couché devant la porte de notre chambre à peine après que nous nous y sommes installés. Alors que nous étions dans la salle-de-bains, nous avons entendu un raffut dans la chambre : le chien avait ouvert la porte et s’amusait gaiement avec Logan à l’intérieur… Nous avons dû verrouiller la porte et cela nous faisait mal au cœur de le voir couché dehors. Nous avons laissé Logan jouer avec un moment, mais nous ne voulons pas non plus qu’elle court pendant 3h alors qu’elle a déjà marché toute la journée et que nous repartons demain. L’autre chien a essayé de l’attirer en amenant tous ses jouets devant la porte, mais nous nous sommes montrés cruels et intransigeants…

Comme souper, nous avons mangé les maigres provisions qui nous restaient, veillant à en garder un minimum pour demain midi puisque nous ne verrons pas le moindre magasin en route. Nous allons voir s’il est possible d’emporter un petit casse-croûte au déjeuner, mais nous avons préféré assurer le coup si cela n’est pas le cas.

Incertitude pour la suite

Nous avons perdu près d’une heure à essayer de planifier la suite des étapes. Les hébergements se font très rares et peu acceptent les chiens. Pour demain soir, c’est en ordre, mais ensuite nous arriverons à Le Pouzin, une mégapole de renommée internationale qui comporte tout de même quelques hôtels. Hélas, tous sont complets sauf un, qui ne veut pas des chiens ! Le dernier hôtel appelé nous a indiqué qu’il y avait une compétition d’escalade, d’où la fréquentation anormalement élevée. Le camping le plus proche se trouvant plusieurs kilomètres plus loin, nous avons décidé de nous rendre à Le Pouzin et d’y prendre un bus pour Valence. Nous passerons alors le dimanche dans cette ville et verrons l’évolution de la météo pour la suite, car pour l’instant les prévisions sont très mauvaises. Nous n’avons pas spécialement envie de marcher sous la pluie pour un si petit voyage, alors il est possible que nous cessions là notre périple. Nous verrons !