Retour à Cruas peu après 8h ce matin, après avoir repris le bus à Montélimar. Pascal avait emmené son sac allégé tandis que je ne portais rien, puisque nous avons pu laisser toutes nos affaires à l’hôtel.
Nous avons traversé le village médiéval à deux pas du nouveau centre. Le GR le contournait pour des raisons incompréhensibles, surtout que ce vieux bourg médiéval est minuscule. Il a été complètement abandonné dans les années 50 et est depuis tombé en ruines. Plus personne n’y réside et la municipalité en a fait l’acquisition pour le consolider et le restaurer. Ce n’est pas gagné, car il est vraiment dans un mauvais état ! Mais il demeure malgré tout pittoresque et promet d’être splendide si un jour il est retapé. Enfin, splendide si on fait abstraction de l’énorme centrale nucléaire sise quelques centaines de mètres en contrebas, le long du Rhône… Nous aurions souhaité dormir dans ce bourg, car la municipalité a aménagé des gîtes dans les premières maisons restaurées à son entrée, mais quand nous avons appelé on nous a dit que pendant la basse saison ils ne louaient qu’à la semaine et que les chiens n’y étaient de toute façon pas admis. Nous trouvons le premier argument un peu étrange, car il nous semble plus facile de louer à la semaine durant la haute saison, et c’est surprenant de refuser les clients et les envoyer dormir et dépenser leur argent dans un autre département…
Au sommet du vieux bourg trône le Château des Moines, en mauvais état lui aussi, mais qui offre une vue imprenable sur les cheminées de la centrale nucléaire. Nous avons rejoint le tracé officiel et avons entamé une longue ascension sur un chemin caillouteux en forêt. Un brouillard assez épais s’est installé et après trois quarts d’heure environ, nous sommes parvenus au sommet. Le chemin continuait ensuite le long des crêtes, toujours dans la forêt. A plusieurs endroits, nous avons repéré des traces de chasseurs : des douilles colorées, du sang… Nous avons cherché un endroit pour faire une petite pause, en vain. Comme tout était humide, nous ne voulions pas nous asseoir par terre et avons continué à avancer. A la sortie du bois, nous avons rejoint une route toute aussi caillouteuse et nous sommes assis quelques minutes sur le sol, mais il faisait trop froid alors nous sommes repartis presque aussitôt.
La route descendait ensuite jusqu’à Meysse. C’est un village pareil à tous ceux que nous traversons dans le coin : certainement charmant à l’origine, mais abandonné depuis quelques décennies et plutôt décrépi et moyennement accueillant aujourd’hui. Il y avait une place au centre, avec un panneau informatif qui mentionnait des toilettes publiques. Impossible de les trouver, alors nous avons demandé des précisions à une dame. Elle ne pensait pas qu’il y en avait au centre et encore moins là où le plan les situait, mais pensait qu’il y en avait peut-être à l’autre bout du village, sans aucune conviction. Puisqu’il n’y avait pas non plus le moindre banc à l’ombre ou un quelconque endroit avenant, nous avons quitté le village et continué à marcher en quête d’un point agréable où pique-niquer.
Nous avons emprunté un raccourci pour Les Videaux en suivant une petite route sans trafic à flanc de colline plutôt qu’un sentier dans la forêt qui nous aurait menés au sommet de la colline, avant de redescendre de l’autre côté. Nous avons mangé au bord de cette route, assis dans l’herbe et à l’ombre de quelques grands arbres.
Depuis Les Videaux, nous avons quitté le GR pour nous rendre à Rochemaure. En gros, le chemin officiel parcourt 11 kilomètres entre Les Videaux et Le Teil, emmenant le randonneur sur des sentiers caillouteux dans la forêt, identiques à celui de ce matin, où il n’y a absolument rien à voir et qui ne présentent même pas l’avantage d’être plats. A mi-chemin, le guide mentionne un pylône. C’est tout. Un pylône. Nous avons alors préféré redescendre jusqu’à Rochemaure, un village médiéval fortifié avec un château plutôt impressionnant, et voir ensuite si nous trouvions un chemin le long du Rhône qui menait à Le Teil. Un chemin bien plus intéressant et 5 kilomètres plus court : nous ignorons pourquoi ce n’est pas le tracé du GR… Peut-être que le pylône est vraiment exceptionnel ?
Le château de Rochemaure a été construite il y a 900 ans sur un dyke volcanique. Ses pierres de basalte noir, son solide donjon et son emplacement le rendent très imposant et il n’est pas étonnant qu’il soit demeuré imprenable durant tous ces siècles. Nous avons atteint son parking, où un panneau indiquait que le château n’est visitable qu’un mois en été, sauf les mardis. C’est assez fou : il faut vraiment être très chanceux ou très persévérant pour visiter cette région ! Soit les gens du coin veulent se préserver des touristes et mettent tout en œuvre pour les tenir éloignés (pas d’hébergement, monuments fermés, seul département sans train…), soit ils sont mauvais…
Nous avons pénétré dans le vieux bourg fortifié, qui était habité et joliment entretenu. Malheureusement, il n’y avait aucun commerce ou atelier, donc ça paraissait un peu mort. Le chemin, joliment nommé "Chemin de Madame", descendait ensuite jusqu’à une belle chapelle gothique, bien sûr fermée (visitable les deux dernières semaines de juillet lors d’une exposition de peintures…) et entourée d’un vieux cimetière complètement délabré. D’anciens remparts étaient visibles le long du chemin qui continuait à descendre abruptement jusqu’au village récent. Nous y avons fait une pause, face à l’église (fermée). Il y avait des toilettes publiques, mais un bref coup-d’œil à l’intérieur m’a fait réaliser que ce n’était pas si urgent et que je pouvais sans problème attendre de me cacher derrière un buisson une fois le village quitté.
Quand nous avions pris le bus hier, nous avions réalisé qu’il n’y avait pas de trottoir sur une grande partie du tronçon et, avec le trafic important, avions jugé qu’il serait trop dangereux de marcher là. Sur Internet, nous avions cru comprendre que le chemin de Saint-Jacques empruntait une petite route parallèle, mais comme la documentation est plus que rare et sommaire, nous n’en étions pas certains. Nous avons cependant décidé de tenter notre chance et si nous ne trouvions pas le fameux sentier, nous savions que nous pourrions prendre un bus à Rochemaure pour Montélimar. Nous nous sommes dit que ce n’était pas dramatique si nous ne parcourions pas ces 5 kilomètres peu palpitants… Nous avons cependant rapidement repéré des coquilles et elles nous ont effectivement menés sur une petite route déserte qui passait devant des taudis et des caravanes. Ensuite, le chemin de terre était plutôt joli, mais il y faisait très chaud car le soleil était juste en face et les arbres de côté ne nous en protégeaient pas. J’avais oublié mon chapeau à l’hôtel et j’avais l’impression de cuire, alors j’ai tenté de faire une sorte de turban ridicule avec le foulard de Pascal, sans grand succès.
Heureusement, il y a eu ensuite pas mal d’ombre alors que nous pensions que nous allions souffrir une heure en plein cagnard. Finalement, nous avons parcouru ce tronçon bien plus rapidement que ce que nous avions imaginé et c’était plutôt agréable, alors nous n’avons nullement regretté le pylône et ses détours ! A l’entrée de Le Teil, nous avons voulu acheter une glace dans un kiosque, puis dans un supermarché, mais le premier n’en vendait pas et le second uniquement par cartons. C’est donc avec une profonde déception que nous avons continué jusqu’au centre du village, atteint après quelques minutes seulement. Nous avons demandé des précisions sur les bus à l’office du tourisme car les horaires n’étaient pas très clairs. J’en ai profité pour demander s’il y avait des glaces dans le coin et la dame m’a répondu par la négative. J’ai ensuite voulu acheter quelques cartes postales et la dame a eu l’air très embarrassée quand je lui ai tendu un billet de 20 euros. Les cartes étaient finalement si bon marché (20 centimes !) que j’avais assez de monnaie, mais c’est quand même surprenant…
Le bus est arrivé peu après et nous avons regagné Montélimar où nous avons immédiatement repéré une gelateria. La foule s’agglutinait devant la porte, alors nous avons décidé de nous joindre à eux et avons dégusté un frozen yogurt absolument merveilleux !
Pour ce qui est du reste de la ville, nous n’en avons pas une très bonne opinion. Nous y étions déjà venus il y a trois ans et n’en avions pas gardé une grande impression. Il y a une quantité de boutiques fermées ou à vendre et l’atmosphère générale semble un peu glauque. Nous sommes ressortis dans la soirée pour chercher un restaurant, mais comme aucun ne nous tentait nous avons mangé une salade à l’hôtel et nous profiterons de manger dehors demain soir à Saint-Montan.