Au pied du Säntis

Après avoir analysé la carte hier soir, nous avons remarqué que nous avions été un peu trop optimistes lors de l’élaboration du parcours d’aujourd’hui. En effet, nous avions prévu de parcourir 24 kilomètres, ce qui reste faisable, mais en ignorant les quelque 1350m de dénivelé positif et 1550m de descente. Nous en avons discuté un bon moment, puisque ça nous embête forcément de tronquer une étape, mais cela ne nous semblait tout bonnement pas réaliste. Ou alors nous serions arrivés à destination très tard et avec des genoux en compote, ce qui nous embêtait encore plus. Nous aurions sans doute pu découper différemment les étapes, mais cela nous aurait contraints à faire de toutes petites étapes en l’absence d’hébergements sur de nombreux kilomètres. Nous avons donc choisi de parcourir les deux-tiers du trajet comme prévu et d’ensuite prendre un bus pour atteindre le village de Stein. Tant pis pour le dernier col… 

Nous avons pris la route après un copieux déjeuner à l’hôtel. Après quelques centaines de mètres, les balises n’étaient pas très claires et nous avons continué sur la route forestière. Nous avons réalisé par la suite que nous avions quitté l’itinéraire du chemin panorama alpin qui traversait un alpage et rejoignait rapidement les crêtes, mais puisque d’autres panneaux indiquaient notre destination c’était plus ou moins équivalent. Après quelques kilomètres, nous avons aussi atteint le sommet et avons longé les crêtes, d’où nous avions une vue imprenable sur les vallées en contrebas et le Säntis. Nous avons fait une petite pause avant d’entamer la rude ascension jusqu’à Kronberg. A notre grand désarroi, le plus long banc du monde n’était plus là, alors que nous nous réjouissions d’y poser nos séants… Il a été apparemment scindé en petits bancs de taille raisonnable il y a quelques années pour être distribué aux communes appenzelloises. Les bougres !

Depuis le sommet du Kronberg, le panorama était tout simplement époustouflant ! Nous apercevions le lac de Constance et tout le massif de l’Alpstein, en plus des villages alentour qui nous semblaient alors minuscules. Nous avons profité de cette vue durant de longues minutes, avant d’entamer la descente très raide à travers les pâturages. Nous avons ensuite marché au pied du Säntis, dans des paysages fabuleux. Des pissenlits par milliers teintaient les champs de jaune, des rochers apportaient des notes blanches et du relief, les vaches beiges semblaient heureuses et paisibles et les quelques chalets nous donnaient envie de nous y installer pour l’été. Nous avons été surpris du nombre de promeneurs et cyclistes qui avaient également été attirés par ce décor, alors que nous sommes en semaine et hors période de vacances.

Parvenus à la Schwägalp, nous avons décidé de manger à son restaurant plutôt que de pique-niquer. Nous avons alors été frappés de suissitude, commandant des röstis et des macaroni au fromage avec du Rivella… Nous n’avons toutefois pas tardé à reprendre la route, désireux d’attraper le car une heure et demie plus tard.

Le dernier tronçon parcouru s’est révélé très plaisant et parsemé de vaches. Afin de rallier l’arrêt de bus, nous avons marché dans un champ de tourbe qui recrachait de l’eau à chacun de nos pas et nous donnait l’impression de fouler une éponge. Au final, c’était une superbe étape et nous en avons certainement vu les plus belles parties. Nous avons pu prendre notre temps et profiter pleinement des points de vue alors nous ne regrettons pas d’avoir opté pour une fin en bus, même si cela n’est d’ordinaire pas dans nos habitudes…