Nous avons quitté la ville et le chemin numéro 4 pour rapidement rejoindre la campagne par une montée tranquille. Nous avons ensuite suivi une jolie petite route qui descendait doucement en serpentant au milieu des champs. A Dritte Altmatt, nous avons fait une courte pause à la gare, profitant d’un banc au soleil et de toilettes publiques impeccables. D’après notre guide, les terres alentour étaient marécageuses et se teintent de rouge en automne, mais par cette belle journée il nous était impossible de remarquer cette tourbière et nous avions simplement l’impression d’évoluer dans des pâturages.
Le chemin montait ensuite entre champs et forêts jusqu’à St Jost. Au sommet, une buvette d’alpage proposait boissons et gâteaux et nous avons cédé à la tentation sans nous faire prier. Au moment de repartir, nous avons réalisé qu’il y avait des dizaines de personnes autour des places de feu et des jeux pour enfants situés derrière et en amont de la buvette. Sur la route qui menait au parking, nous avons encore croisé des dizaines de familles. Nous ne nous attendions pas à croiser autant de monde, surtout en cette période où il est conseillé d’éviter les rassemblements. Mais visiblement il s’agit du lieu de détente en plein air incontournable de la région, bondé en ce dimanche ensoleillé !
Nous avons atteint un autre sommet par une petite route, avant de pénétrer dans une forêt empruntée tant par les VTT que les marcheurs. En dépit de la largeur de la piste, ce n’était pas du tout optimal. Nous devions sans cesse nous pousser de côté pour laisser passer les vététistes et ceux-ci ne pouvaient pas profiter pleinement de la descente, contraints de slalomer entre les promeneurs. Il serait préférable de proposer deux itinéraires distincts ou de restreindre alternativement l’accès à certaines catégories. Heureusement, tout le monde se montrait toutefois très cordial et respectueux.
Il y avait de nombreux bancs et aires de grillade tout au long du chemin, pour la plupart déjà occupés. Nous avons finalement déniché un banc libre où nous avons mangé. Au cours de la conversation, j’ai soudain eu un blocage. Je parlais de vaches broutant gaiement dans un pré, et ma phrase s’est arrêtée nette au moment de dire : “On voit que les vaches ont… ont… pu ? …patu ? …paît ? Comment diable conjugue-t-on le verbe paître au passé composé ?” S’en est suivi une longue analyse conjugale (avec Isabelle également, elle maîtrise aussi la conjugaison) qui nous a conduits à penser que pu devrait être correct puisque repaître devient repu. Peut-être faudrait-il écrire pû pour distinguer du verbe pouvoir. Mais nous en avons surtout conclu que cette forme n’existe tout bonnement pas et que les vaches ne peuvent pas avoir pû, ce qui ne les empêche heureusement pas d’être ensuite repues. Affreuse et injuste langue française !
Après ces délibérations frustrantes, nous avons repris la route. A une bifurcation, nous avons choisi de faire un détour par une colline pour avoir un beau point de vue sur les lacs en contrebas, avant de suivre une descente assez sèche jusqu’à Unterägeri. Pour laisser passer une voiture, Pascal et Isabelle ont reculé sans prendre garde contre une clôture. J’ai beaucoup ri en les voyant faire un grand bond après avoir reçu une décharge électrique dans les fesses !
Nous n’avons eu à attendre que quelques minutes à Unterägeri avant qu’un bus pour Zoug arrive. Une fois en ville, nous avons trouvé quelques commerces ouverts à la gare et y avons fait des emplettes. Notre petit appartement se situe à cent mètres de la gare. Nous l’avons loué pour deux nuits, ce qui nous permettra de voyager léger demain et de cuisiner. La bonne surprise est qu’il donne gratuitement accès à une buanderie. Nous avons ainsi pu laver les habits que nous portions aujourd’hui et ferons une deuxième lessive demain avec le reste des vêtements, pour terminer notre voyage avec des habits propres.