Double arrivée à Zoug

Cette étape s’est révélée particulière, puisque nous devions retourner à Unterägeri en bus, passer par Zoug et poursuivre jusqu’à Buonas 10 kilomètres plus loin avant de revenir en train à Zoug pour la nuit. L’avantage résidait dans le fait que nous n’avions pas besoin d’emporter nos sacs, mis à part celui de Pascal avec uniquement le pique-nique et la trousse de secours, car on ne sait jamais. Une fois que son sac était bien fermé, Isabelle a relevé que nous devrions être à Zoug vers midi et que nous pouvions ainsi laisser à l’appartement le pique-nique. Effectivement. Nous avons donc déballé les affaires juste empaquetées, remis la nourriture au frigo et emmené un sac avec juste de l’eau et la trousse de secours, car on ne sait toujours pas.

Nous avons pris le bus vers 8h et sommes arrivés vingt minutes plus tard au centre d’Unterägeri. Après un crochet par le bord du lac d’Ägeri, nous avons retrouvé les panneaux de randonnée et entamé l’étape. Nous avons choisi d’ignorer les voies plus directes conduisant à Zoug et de suivre le tracé officiel du chemin panorama alpin, estimant que ce serait plus joli et peu ardu. Nous n’avons pas regretté ce choix : c’était en effet très beau et plutôt simple. Pour ce qui est des péripéties par contre, nous sommes malheureusement contraints d’avouer qu’il faudra attendre. Tout comme pour les anecdotes croustillantes. Ou quelque acte de bravoure, situation cocasse ou rencontre fortuite. Pour faire simple, il ne s’est rien passé. Mais c’était joli.

Zugerberg

Nous avons parcouru des routes de campagne et des chemins forestiers, dans un paysage vallonné doux et verdoyant. La région semble très active pour les sports en plein air, puisqu’en plus des chemins de randonnée nous avons aperçu quantité d’itinéraires pour les cyclistes, le ski de fond, les rollers, les fauteuils roulants, les cavaliers, etc. Il y avait d’ailleurs beaucoup de monde qui profitait du grand air en ce jour férié. La seule qui a retenu notre attention était une dame habillée très chic, qui faisait apparemment de la sylvothérapie puisqu’elle posait sa main contre l’écorce des arbres et restait là quelques minutes, sans doute sensible aux ondes et à la sagesse du bosquet. Elle s’est connectée à un grand arbre à quelques pas de l’endroit où nous faisions une pause et nous avons pensé qu’il devait être vraiment important, peut-être le grand hêtre (ou autre végétal feuillu) sénéchal de la forêt. En effet, c’est le dernier endroit où nous serions venus méditer, à moins de savoir rencontrer la plénitude avec Logan qui ne cessait d’aboyer car elle ne tolère pas bien les inconnus qui méditent, et nous autres qui papotions allègrement à côté. En repartant, je n’ai pas pu m’empêcher de poser ma main contre ce frêne ou eucalyptus sénéchal, mais j’ai juste ressenti de l’écorce sous mes doigts et aucune énergie émanant de la sève ou de palpitation mystérieuse. J’étais un peu déçue, bien sûr.

A Ober Brunegg, nous sommes passés de l’autre côté de la Zugerberg et avons aperçu le lac de Zoug et les villes huppées qui l’entourent. La descente s’est faite au début en douceur dans des champs et des vergers où sont cultivées les célèbres cerises zougoises, puis plus sèchement sur une route couverte de gravier jusqu’à l’église de Sainte Verena. Depuis là, nous avons continué sur une route peu fréquentée jusqu’à la vieille ville de Zoug cise au bord du lac, pleine de charme et de touristes. Nous avons rejoint notre petit appartement peu avant 13 heures et y avons dîné.

Changement de plan

Pascal a fait une sieste tandis qu’Isabelle et moi jouions aux cartes, puis nous avons remis nos chaussures pour terminer l’étape. Dans notre guide, ils proposent de terminer l’étape ici et de marcher ensuite jusqu’à Lucerne, mais il y a alors près de 30 kilomètres. Nous avons préféré en faire une dizaine de plus aujourd’hui pour arriver plus tôt demain et pouvoir profiter un peu de la ville. Nous avions pensé marcher jusqu’à Buonas et ensuite rentrer en transports en commun (bus et train, puisque les bateaux ne circulent pas en raison du coronavirus), mais comme c’est un jour férié il y a moins de correspondances (plusieurs par heure tout de même !). Afin de ne pas devoir attendre, nous avons choisi de faire la fin de l’étape à rebours : aller en train à notre supposée destination et rentrer à pied. En étudiant la carte, nous avons réalisé que nous pouvions aussi aller à Rotkreuz plutôt que Buonas. Cette ville est située juste en dehors du tracé du chemin panorama alpin, mais est mieux desservie. Ce sera ainsi plus simple aussi d’y retourner demain matin pour prendre la route de Lucerne.

Bord du lac

Nous sommes donc allés en train à Rotkreuz et avons entrepris de revenir à pied. Nous avions laissé Logan à l’appartement car elle avait l’air fatiguée, et nous n’avons pas regretté ce choix puisque pendant plus d’une heure nous avons marché sur du goudron en plein soleil. Malgré la crème solaire, nos mollets et nuques sont rapidement devenus très rouges et nous avons pressé le pas pour ne pas cuire. La route traversait d’abord un pôle économique et un immense parcours de golf, puis serpentait dans la campagne. Il y avait des centaines de personnes qui s’y promenaient à pied ou vélo, si bien que nous devions marcher à la queue-leu-leu pour les croiser sans encombre. A Cham, nous avons rejoint les bords du lac, où des foules incroyables se prélassaient sur chaque coin de pelouse et de plage. Visiblement, les mesures en vigueur pour éviter la propagation du coronavirus ne sont pas du tout respectées ici, puisque les gens se regroupaient et ignoraient les distances préconisées.

Nous avons encore marché un ou deux kilomètres sur une route sans voiture en plein soleil, avant de bifurquer dans une réserve naturelle protégée. Cela représentait certes un détour, mais offrait de l’ombre, un cadre pittoresque et du répit puisqu’il était presque désert. De plus, nous avons eu la surprise de tomber sur une plage naturiste tout aussi bondée que les précédentes, ce à quoi nous ne nous étions pas attendus et qui a eu le mérite d’alimenter nos conversations jusqu’à la plage pour chiens un peu plus loin.

Finalement, nous n’avons pas été emballés par ce tronçon, que nous avions imaginé plus sauvage et pittoresque. Pour la majeure partie, nous avons marché loin de l’eau et sur du goudron. Il ne faisait pas trop chaud, mais nous sentions le soleil nous brûler et il y avait tellement de monde que nous avons regretté les collines paisibles de la matinée. Nous espérons que ce sera plus calme demain quand les gens seront au travail et que le terrain sera plus agréable que le bitume.