Puisque nous avons fait quatre étapes au lieu des cinq proposées par l’itinéraire officiel, nous avons rejoint plusieurs marcheurs partis lundi de Dielsdorf. Nous avons pu le constater au déjeuner, démasquant aisément les randonneurs à leur look douteux et leur démarche courbaturée. Il n’y avait cependant pas de Tim et Trudi, ce qui nous a forcément un peu chagrinés.
Après avoir traversé le village, nous sommes passés au pied du château d’Alt-Falkenstein avant d’entreprendre la longue montée jusqu’à la Schwengimatt. Nous nous étions préparés à une ascension fatigante, puisqu’il y a environ 500m de dénivelé en moins de 3 kilomètres, mais au final elle s’est révélée plutôt aisée. Il s’agissait d’une route forestière en terre battue avec de nombreux lacets, dont la pente régulière nous permettait de progresser d’un bon pas. Nous avons rattrapé dans cette montée François et François, deux amis soixantenaires aperçus au restaurant de l’hôtel ce matin et qui, si par hasard ils me lisent, ne partageront certainement pas mon analyse sur la douceur de cette montée…
La route a ensuite cédé sa place à un sentier également agréable, avant de se transformer en chemin caillouteux plus raide. Au sommet, nous avons débouché sur une grande bâtisse regroupant une ferme et un restaurant d’alpage à l’exacte altitude de 1000m. Nous avons fait une pause sur un petit banc construit avec des caisses de Coca, d’où nous avons salué deux filles croisées au déjeuner ainsi que Tobias, un promeneur solitaire qui passe ses nuits sous tente.
Après avoir traversé quelques pâturages, nous avons entrepris une nouvelle ascension sur des sentiers irréguliers dans une pinède, puis une descente escarpée jusqu’à d’autres alpages d’où la vue était superbe.
Nous avons dîné dans un restaurant d’alpage, tout comme les deux filles, les deux François et Tobias. Le chemin traversait ensuite un très grand enclos plein de très grandes vaches effrayantes. Par bonheur, nous en sommes ressortis indemnes, bien qu’au moment de rédiger ce texte je réalise qu’un piétinage ou un embrochage l’auraient agréablement pimenté !
Le décor et les points de vue étaient très beaux, même si l’air un peu trouble ne nous permettait pas de deviner les Alpes au loin. Nous avions par contre une vue imprenable sur le Plateau et les villes en contrebas. Peu avant Balmberg, nous avons été surpris par une montée très longue et raide que le guide ne mentionne pas. Nous n’en voyions pas la fin et devions par moments nous hisser en nous agrippant aux touffes d’herbe. Une fois franchi cet obstacle, nous avons fait une pause à Balmberg, dans un accrobranche. Le guide stipulait que depuis cet endroit nous apercevions le point d’arrivée tout proche, ce qui nous a beaucoup inquiétés car nous étions face à une falaise vertigineuse dont le sommet se situait bien au-dessus de nous.
Finalement, nous n’avons pas eu besoin de faire de varappe car une longue route en terre menait paisiblement sur le plateau où trône l’hôtel Weissenstein et la station de télécabines.
En raison des tarifs astronomiques de l’hôtel, nous avions réservé une chambre dans un établissement plus modeste situé au pied de la montagne, dans le village de Langendorf. Comme le train que nous devions prendre a été supprimé, nous avons décidé de profiter de la terrasse de l’hôtel pour y boire un verre tout en admirant le panorama. On devinait alors les Alpes au loin et on pouvait suivre l’Aar jusqu’au lac de Bienne. Nous avons discuté un peu avec un marcheur au sac énorme, Philippe, qui progresse d’environ 35 kilomètres par jour et campe en pleine nature. Il a emporté de la nourriture pour une semaine ainsi que du matériel pour cuisiner, ce qui explique la taille de son bagage.
En partant pour prendre la cabine, nous avons repéré les deux François qui sirotaient une bière. Nous savions qu’ils avaient réservé une chambre dans le même hôtel que nous mais ils ne semblaient pas du tout pressés. Ils n’avaient pas dû bien regarder le détail des transports et n’avaient pas réalisé que s’ils manquaient le prochain train ils devraient marcher 30 minutes jusqu’à un arrêt de bus. Nous les avons prévenus et ils étaient soulagés de nous suivre.
L’hôtel est beaucoup mieux que ce que nous avions imaginé. Il vient d’être restauré et notre chambre est des plus charmantes. Le restaurant de l’hôtel est par ailleurs excellent et nous avons passé une très belle soirée, avant de rentrer regarder la fin du match d’ouverture de l’Euro et la victoire de l’Italie.