Soška pot

Le résumé du jour ne comprendra pas beaucoup de péripéties mais il y aura néanmoins une rivière, quelques gouttes de pluie, plusieurs ponts et une invasion allemande.

Nous sommes retournés à Trenta avec le premier (et avant-dernier) bus en partance de Bovec, laissant Logan se reposer à l’hôtel. Nous avons rejoint les bords de la Soča et l’avons longée toute la journée. Voilà. Je pourrais m’arrêter là, mais ce ne serait pas rendre justice à cette rivière absolument grandiose. Son eau limpide et glaciale qui devient turquoise sur les rochers blancs et ocrés, ses gorges, ses plages de sable fin, ses berges à la végétation luxuriante dans laquelle chantent des milliers d’oiseaux, ses poissons et ses serpents, tout cela mériterait une ode exaltée ou au minimum un petit poème, mais puisque je ne suis pas d’humeur poétesse je me contenterai de retranscrire au mieux nos échanges durant ces quelques heures de marche :

- “C’est beau quand même.
- Oui, mais ça commence être un peu long, non ?
- Ouais… Oh ! Un point de vue, on y va ?
- Du moment qu’on est là, on n’est pas à 10 mètres près…
- Woah ! C’est encore plus joli qu’avant !
- C’est fou !
- Mais regarde cette couleur !
- Elle se la pète un peu la rivière quand même, non ?
- Franchement c’est trop trop beau. Attends je prends une photo.
- On va s’embêter à trier les 2000 photos de la rivière.
- Oui mais c’est trop beau.
- C’est clair. T’as pris la photo avec le caillou là ? Allez on y va.
- Oui parce que j’en ai un peu marre. Pourvu qu’on arrive bientôt.
- Oui c’est un peu long. Eh ! Regarde y a un pont sur la gorge.
- Oh là là ! Mais c’est trop beau !
- T’as vu la couleur ?!”

Je ne sais pas à combien de reprises nous sommes restés éblouis et ébahis devant ce spectacle, mais à chaque fois il nous semblait découvrir un trésor encore plus merveilleux. La rivière timide proche de la source que nous aurions pu sans peine traverser à pied sans nous mouiller les genoux a petit à petit pris de l’ampleur avant de se faufiler à travers des gorges magnifiques profondes de plus de 10 ou 15 mètres. Nous la suivions dans les bois, la traversant parfois sur des passerelles en bois construites aux endroits les plus pittoresques ou spectaculaires. De nombreuses lagunes d’un bleu époustouflant nous faisaient penser aux plages des Caraïbes ou des Seychelles. Nous n’avons pas pu résister à la tentation d’une trempette des pieds, qui s’est avérée très brève en raison de la température de l’eau mais fort agréable, surtout dans la chaleur moite de l’après-midi.

Nous avions pensé marcher moins longtemps puisqu’il s’agissait d’une étape plutôt courte avec peu de dénivelé et que nous ne portions que notre pique-nique, mais en réalité nous peinions à avancer rapidement car le sol en forêt était souvent très irrégulier, avec de nombreuses pierres et racines. Nous ne voulions pas laisser Logan trop longtemps seule à l’hôtel et avons ainsi fait une seule courte pause pour manger durant une légère averse en plus des nombreux arrêts pour s’extasier et prendre des photos. Au bout de quelques heures, nous commencions effectivement à trouver le temps un peu long mais le décor était si incroyable que nous n’osions pas nous en plaindre.

Le seul point qui nous a un peu exaspérés, c’est le fait que nous n’avons croisé que des Allemands tout au long de la journée. Alors que nous faisions l’effort de saluer les gens dans notre meilleur slovène, nous n’obtenions en retour que des “Hallo” ou “Servus”... Les nombreux campings regorgaient également de voitures et de caravanes allemandes. Nous sommes visiblement dans une partie bien trop touristique de la Slovénie pour en découvrir les spécificités profondes et son authenticité.