Hier soir, nous avons discuté avec Stefanie, une Allemande qui parcourt également l’Alpe Adria Trail avec son chien et que nous avons croisée à l’hôtel. Elle rencontre les mêmes problèmes que nous pour trouver des hébergements et serait restée coincée à Trenta si elle n’avait pas réussi à persuader le chauffeur de bus de les laisser monter. Elle nous avait dit avoir trouvé un tout petit camping très bon marché pour ce soir, tandis que nous avions pour notre part réservé un luxueux chalet dans un autre camping un peu plus loin. Puisque Logan avait de plus mal à un coussinet hier, nous préférions nous engager sur une étape courte aujourd’hui et j’avais contacté le camping en fin de soirée pour savoir s’il leur restait des places. Par chance, j’ai reçu une réponse affirmative ce matin et j’ai pu annuler la réservation dans l’autre camping plus loin et plus cher.
Nous avions dès lors une toute petite étape au programme mais sommes néanmoins partis tôt car le guide mettait en garde sur le peu d’ombre durant la journée. Nous avons été surpris de marcher presque tout le long dans les bois, au frais et à l’abri du soleil…
Peu après Bovec, nous avons atteint une cascade un peu maigrelette en cette période de l’année mais qui se jettait dans un très beau bassin vert émeraude. Nous avons ensuite poursuivi dans les bois jusqu’à retrouver les rives de la Soča, que nous devions suivre jusqu’à destination. La rivière est à cet endroit plus large et profonde qu’avant Bovec mais conserve sa belle couleur turquoise et sa clarté, ce qui en fait un site très prisé des amateurs de kayak ou rafting.
La cascade Boka se situait non loin du chemin et nous l’avons aperçue depuis un pont. Très impressionnante, elle chute sur plus de 130 mètres. Un sentier conduisait à un poste d’observation mais nous avons préféré poursuivre notre route.
Nous avons pique-niqué sur un banc qui offrait une belle vue sur la rivière juste avant qu’une averse nous force à remballer nos affaires en deux et deux quatre et à enfiler nos K-ways. A peine étions-nous repartis que la pluie a cessé. Nous avons retiré nos K-ways et, forcément, les précipitations ont repris de plus belle. Rebelote : nous remettons les K-ways et la pluie s’arrête quelques instants plus tard. Brève hésitation ensuite, les dieux ont-ils fini de nous narguer ? Puisque la chaleur restait très élevée, nous n’avons pas tenu longtemps et, après quelques minutes en cocotte nous avons rangé nos vestes au fond du sac. Heureusement, le temps est resté sec et splendide le reste de la journée.
Nous sommes arrivés au camping vers 13 heures. Il s’agit en effet d’un tout petit camping qui ne propose que le strict nécessaire : des places pour les tentes et caravanes, des sanitaires et un petit bar accolé à la réception. Pas de place de jeux, de piscine, de terrains de pétanque ou de magasin.
Notre chalet trône fièrement sur les hauteurs du camping en compagnie de ses deux copains chalets. Ils surplombent avec majesté les pelouses deux mètres en contrebas et ont chacun une petite terrasse avec un banquinet et une tablinette. A l’intérieur, deux lits à étages et, luxe suprême, une prise électrique et une lumière. Ce n’est pas forcément le lieu où je passerais deux semaines de vacances, mais pour une nuit sur la route cela convient tout à fait. Stefanie est arrivée peu de temps après nous et était très enthousiaste en découvrant sa résidence, soit le chalet voisin.
Le camping se situe précisément là où s’achèvent toutes les excursions en rafting et kayak sur la Soča et où se trouve l’un des seuls slaloms naturels de kayak en Europe. Tout l'après-midi, nous avons ainsi vu défiler des dizaines de personnes en combinaison qui marchaient la tête dans des bateaux en direction de vans et voitures. Cela nous a forcément donné envie de nous baigner aussi. Après trois étapes à longer et enjamber cette rivière, il était grand temps de sortir nos linges et maillots de bains ! Nous avons déniché une belle petite plage de sable fin à deux pas du camping, là où l’eau était suffisamment profonde pour ne pas avoir à se coucher pour se mouiller les genoux. On aurait pu se croire aux Maldives, mais durant la période glaciaire car la température de l’eau n’atteignait pas dix degrés. Armés de courage, nous avons tous deux réussi à plonger plusieurs fois dans l’eau froide en poussant des petits cris aigus. C’était au final très agréable, car aussitôt que nous ressortions la chaleur nous enveloppait et nous souhaitions retourner dans l’eau. Revigorés, propres et heureux de l’expérience, nous avons rejoint notre petit chalet.
Le village de Trnovo se trouve à 300 mètres environ du camping. Nous nous y sommes rendus pour faire quelques emplettes car la propriétaire du camping nous a informés que les magasins seront fermés demain en raison de la fête nationale.
Visiblement, Trnovo n’a pas su profiter comme Bovec des milliers de touristes qui traversent ses rues durant la période estivale. Il s’agit d’un triste hameau à moitié délabré. La croix au sommet du clocher de l’église pend mollement sur le côté et menace de se décrocher, les façades des maisons sont décrépites et de nombreuses habitations sont en ruines ou abandonnées. Au milieu de tout ça, un bar déserté jouxte le minuscule magasin qui, à notre grand désarroi, était fermé. Par chance, nous étions arrivés juste après Stefanie qui a un talent inouï pour obtenir ce qu’elle désire. La serveuse du bar a consenti à ouvrir le magasin et nous avons fait nos courses dans la pénombre. De retour au camping, un couple d’Autrichiens était dépité en voyant nos provisions puisqu’ils étaient revenus bredouilles quelques minutes plus tôt après que la dame avait refusé catégoriquement de leur vendre quoi que ce soit…
Nous avons profité de la fin de journée pour nous reposer, bouquiner sur la terrassinette et faire plus ample connaissance avec Stefanie. Demain, nous quitterons l’Alpe Adria Trail pour entrer en Italie plus tôt que prévu afin de ne plus être embêtés avec Logan.